Navigation Cho-Yaba

 

Cinema
Chroniques

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/cinema.php3:4) in /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/chroniques/films/all_about_lilly_chouchou.php3 on line 10
All About Lily Chou Chou

All About Lily Chou-Chou

Shunji Iwai, 2000/2001

Avec Hayato Ichihara, Shugo Oshinari, Aymi Ito, Yu Aoi, Salyu, Miwako Ichikawa, Izumi Inamori, Takao Osawa.

Shunji Iwai fait partie de ces réalisateurs talentueux qui n'ont pourtant jamais eu les faveurs des écrans français, et ce en dépit d'une filmographie abondante et reconnue. Son cinéma, bien que profondément japonais, n'est pas exempt d'une certaine sensibilité que l'on retrouve dans le cinéma d'auteur européen et français en particulier.

A Hong Kong, pour y réaliser une publicité, Shunji Iwai est marqué par la popularité de la star Faye Wong dont il assiste à un concert. Il y rencontre également Edward Yang et lance le projet Y2K qui a pour but de faire tomber les barrières entre les différents cinémas d'Asie. Le film de Shunji Iwai devait se dérouler à Taipeh et raconter l'histoire d'une star de HK originaire de l'île et celle d'un jeune homme de Taiwan. Mais Shunji Iwai décide de construire une histoire interactive sur internet de laquelle va naître All About Lily Chou-Chou.
Bien qu'ayant déjà évoqué le milieu scolaire (Love Letter, April Story ou Fireworks), Shunji Iwai se montre nettement plus ambitieux avec ce film, se faisant un observateur acerbe de la société japonaise, comme il l'avait déjà été avec Swallowtail Butterfly. Lily Chouchou plonge dans la réalité de l'adolescence au Japon.
C'est en la maquillant presque outrageusement que Iwai fait ressortir avec plus de cruauté encore cette réalité. Sous les plans magnifiques d'une nature tranquille, sous la photographie parfois quasi irréelle, se cache une insoupçonnée violence qui fait soudain irruption dans la dernière partie du film, comme un abcès que l'on crève.
Un dualité qui imprègne la totalité du film. Il y a la surface : des adolescents qui volent à l'étalage et se passionnent pour une pop star, mais cela n'est que la partie émergée de l'iceberg. La réalité, ce sont les brimades, la prostitution, la jalousie, les viols, qui font du collège une jungle sans pitié. Mais tout cela est étouffé par une société japonaise normalisatrice qui préfère le silence meurtrier à la honte sociale. Tout cela est montre crûment par Iwai et la dernière demie heure rend franchement mal à l'aise.
Cette dualité, on la retrouve dans ce qui constitue le fil rouge du film, Lily Chouchou Le film est entrecoupé, parfois lardé même, de messages partagés sur un forum internet dédié à la star. Les protagonistes de ce forum signent leurs messages d'un pseudo et l'on cherche à savoir qui ils sont en réalité. Et très vite, on s'aperçoit du décalage entre le rôle tenu sur le forum, les dires virtuels et la réalité. La musique de Lily Chouchoune constitue pas un monde comme le voudrait ses fans. Comme pour la vraie vie, il a ses traîtres, ses lâches et ses méchants.
Du point de vue de la description d'une société japonaise qui oublie sa jeunesse - le film montre une absence de la figure parentale et notamment du père, Lily Chouchou est le film le plus sensible, le plus parlant et le plus réaliste qu'il m'est été donné de voir. Cependant, la forme n'est pas exempte de lourds défauts. Tout d'abord, Lily Chouchou est beaucoup trop long notamment du fait d'un long passage tourné en vidéo aux couleurs saturées pendant des vacances à Okinawa. Ensuite, le fait de faire apparaître régulièrement des messages à l'écran devient vite lassant d'autant plus que nombre d'entre eux ne font que brasser du vent.

Il reste qu'avec ce film, Shunji Iwai s'affirme comme un des observateurs les plus subtils de la société japonaise, au moins autant que Harada (Bounce KoGals, Kamikaze Taxi), et signe un film inoubliable et cruel.


© Décembre 2001