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All Night Long

ALL NIGHT LONG (Ôru naito rongu)

Katsuya Matsumura a réalisé deux séquelles de All Night Long dont la sortie s'est faite directement en vidéo.

Katsuya Matsumura, 1992

Trois adolescents qui n'ont rien en commun sont les témoins d'un meurtre horrible en pleine rue. Rapprochés par cet événement, ils décident de se retrouver pour une soirée. Dans l'attente de cette soirée, chacun essaie de se trouver une fille pour l'accompagner. Mais, le soir de la soirée, les choses vont tourner totalement différemment que prévu.

Film violent et noir, All Night Long est une version japonaise de films comme Orange Mécanique avec des emprunts à Taxi Driver ou aux films américains faisant l'apologie de l'autodéfense (Charles Bronson et sa série Un Justicier dans la Ville pour les plus célèbres). On y retrouve également un thème cher à Tsukamoto : la bête cachée en chacun de nous.

Après une présentation des trois protagonistes se concluant chacune sur la même phrase prononcée par chacun des adolescents (premier point commun), l'événement dont ils sont témoins les met en contact physiquement. Les trois adolescents que tout sépare (un est sans emploi mais ses parents sont riches et absents, un est un lycéen modèle et l'autre rêve de devenir mécanicien dans l'aéronautique) décident de se revoir lors d'une soirée.

La première partie du film voit donc chacun d'eux s'évertuer à trouver une petite amie pour ne pas arriver seul à la soirée. Si deux d'entre eux ont recours à des astuces sordides pour être accompagnés, l'un deux parvient à se trouver une vraie petite amie. Cette partie est donc très calme et Matsuruma force le trait sur le romantisme pour faire mieux basculer le film dans l'horreur par la suite. Cette partie permet également de mieux présenter les trois adolescents et de comprendre, en partie du moins, les futures motivations et actes de ces derniers. L'un est confronté à son statut de lycéen bûcheur et à la difficulté de s'intégrer aux autres lycéens, un autre passe son temps à glander grâce à la fortune de ses parents absents et le dernier est confronté à l'hypocrisie des employeurs en dépit de son énorme motivation à devenir mécanicien dans l'aviation. C'est donc également une description de divers aspects de la jeunesse japonaise, ses doutes et ses aspirations.

Quelques heures avant la soirée, les choses vont basculer plus ou moins dramatiquement pour chacun d'eux. Le bûcheur vomit sur son accompagnatrice (qu'il a obtenu en échange d'un service) qui le laisse en plan, le fils à papa tombe sur une fille qui sous ses airs de fille facile se venge des hommes et finit par le menotter à une grille et le dernier voit sa petite amie se faire violer et assassiner sous ses yeux. Se trouvant réunis et chacun rempli de haine, il décide d'aller venger le viol de la petite amie de l'aspirant mécanicien, chacun trouvant une raison de l'aider. A ce moment le film bascule dans l'horreur complète. Rendus fous par la haine, aveuglés par l'idée de vengeance, ils vont commettre chacun des actes horribles. De victimes, ils deviennent les pires bourreaux.

On peut reprocher au film son manque de discernement et son caractère ambigüe (peut-on comdamner les actes de vengeance des trois adolescents ? Peut-on justifier la justice individuelle ?). Certainement, mais Matsumura ne fait pas non plus l'apologie de la justice individuelle (du lynchage) comme le prouve le doute instauré quand l'un des adolescents apprend qu'ils se seraient tromper de personnes (qui cependant de sont pas des innocents, ce qui nous ramène au caractère ambigüe).

Ce qui se révèle bien plus inquiétant, c'est le manque de remords total du seul survivant qui est également celui désigné comme le plus faible. Sous la pression des événements, il va se métamorphoser en une bête assoiffée de sang. C'est dans l'image finale que Matsumura se rapproche le plus d'un autre réalisateur japonais : Shinya Tsukamoto. On voit le bûcheur, anonyme au milieu de la foule avec un rictus déformant son visage. Sous les apparences trompeuses se cache un homme transformé, et d'une tout autre nature...

All Night Long est un film qui actualise dans un contexte japonais un film comme Orange Mécanique. Sans faire l'apologie de la vengeance, il conserve un aspect douteux principalement par le refus de condamner explicitement les personnages et par sa volonté d'objectivité (rendre compte des événements). Reste un plongée dans l'horreur très prenante et fort bien amenée par la construction en deux parties du film.

© Novembre 2000