Navigation Cho-Yaba

 

Cinema
Chroniques

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/cinema.php3:4) in /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/chroniques/films/angelguts.php3 on line 10
Angel Guts : Red Dizziness

ANGEL GUTS : RED DIZZINESS (Tenshi No Harawata: Akai Memai)

Takashi Ishii, 1988

avec Mayako Katsuragi, Naoto Takenaka.

Angel Guts : Red Dizziness est le quatrième volet d'une série de pinku eiga, évidemment produit par les studio de la Nikkatsu, et qui avait débuté en 1978. Mais il marque surtout la découverte du réalisateur Takashi Ishii qui réalisera plus tard l'un des polars les plus marquants de ces dernières années, Gonin.

Première réalisation donc de celui qui écrivait en cette même année 1988, le scénario de Evil Dead Trap. Visiblement peu attiré par le genre du pinku eiga, Takashi Ishii réalise avec Angel Guts un film qui préfigure Gonin par sa mise en scène, ses personnages et ses thèmes.

Mauvaise journée pour Muraki (Naoto Takenaka). Viré de son boulot, endetté et menacé de mort par des usuriers, sa femme venant de le quitter ; fuyant les problèmes, il percute une jeune femme, Nami, avec sa voiture. La croyant morte, il la dépose dans son véhicule. Mais Nami est en fait bel et bien vivante, comme il s'en apercevra avant de tenter de la violer. La journée de cette dernière n'est d'ailleurs pas plus heureuse. Après avoir subi une tentative de viol par deux de ses patients (elle est infirmière), elle rentre chez elle pour découvrir son petit ami au lit avec une autre...

En à peine 1h10, Takashi Ishii impose son style et son talent. En suivant ce couple formé par le hasard d'un accident et que le malheur va unir, il délaisse le pinku eiga pour réaliser un film subtil et original. Certainement obligé par le cahier des charges, Takashi Ishii ne peut éviter les scènes érotiques. Mais y répugnant visiblement, il l'évacue en une seule et unique scène de quelques minutes, qui nuit un rien à la psychologie des personnages par son caractère forcé, mais il est aisé de faire abstraction de ce passage pour ne retenir que l'essentiel, c'est-à-dire tout le reste du film.

Muraki est le type même du salaryman au bord du gouffre. N'ayant plus rien à perdre il sombre dans la violence et la fuite en avant. Sa rencontre avec Nami lui fournira un espoir, une raison pour continuer à vivre. Notons que ce salaryman, interprété par Naoto Takenaka (Tokyo Fist, Gemini, Ley Lines), est un personnage qui sera repris à l'identique dans Gonin avec le personnage de Ogiwara, également interprété par Naoto Takenaka ! En cela Angel Guts est clairement un avant-goût de Gonin. Mais les similitudes ne s'arrêtent pas là. On trouve dans Angel Guts de nombreux éléments du style propre à T. Ishii. Lieux désolés à l'abandon, pluie incessante aux moments les plus dramatiques, irruption soudaine de la violence, yakusas et salaryman détraqué, ... Et surtout, un goût prononcé pour les passages oniriques à l'image du spectre de Muraki allant rejoindre Nami et qui évoque la scène superbe de Gonin lorsque Ogiwara rentre chez lui et massacre sa famille.
Takashi Ishii nous dispense également quelques scènes véritablement superbes par leur poésie. Et, chose curieuse par rapport à la courte durée du film, il se permet même de longues scènes silencieuses, constituées de plans fixes s'enchaînant, entrecoupé de lents fondus au noir. Le film n'a alors définitivement plus rien à voir avec le pinku eiga.
Nami est le pendant féminin de Muraki. Jeune fille aspirant à l'amour et à une petite vie tranquille (elle se promet de travailler dur plus tard pour reprendre un nouveau départ), sa rencontre avec Muraki lui laisse entrevoir cette possibilité. Mais la vie en a décidé autrement. Son personnage est plus effacé, et sert plus de faire-valoir à celui de Muraki qu'autre chose. De plus, un pinku eiga entraîne la nécessité d'avoir un personnage féminin. On ressent clairement que ce personnage semble avoir été imposé à Takashi Ishii. On pourra d'ailleurs noter l'absence de tout personnage féminin d'importance dans Gonin.

Film qui coupe les ponts avec le pinku eiga, Angel Guts se rapproche du polar moderne japonais. Un premier film stupéfiant par son originalité, la maîtrise et le talent de Takashi Ishii. Quiconque pense que Gonin est un des meilleurs polars jamais réalisés doit absolument voir cet Angel Guts, Red Dizziness.

images : Asian Cult Cinema

© Juin 2001