Navigation Cho-Yaba

 

Cinema
Chroniques

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/cinema.php3:4) in /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/chroniques/films/aoiharu.php3 on line 10
Aoi Haru

AOI HARU (Blue Spring / Printemps Bleu)

Toshiaki Toyoda, 2001

avec Ryuhei Matsuda, Hirofumi Arai, Sosuke Takaoka, Yusuke Oshiba, Yuta Yamazaki, Onimaru

Fils de l'illustre acteur Yusaku Matsuda, Ryuhei Matsuda avait était remarqué pour son aspect androgyne qui lui avait permis d'interpréter le rôle de Kano dans Gohatto. Ayant quelque peu mûri depuis, il interprète ici un lycéen dans un film de Toshiaki Toyoda, jeune réalisateur dont Aoi Haru est le second long métrage, après Pornostar en 1998.

Kuji est le leader plus ou moins avoué d'une bande de huit lycéens dans un lycée de banlieue japonaise. Dans un climat de violence, de refus d'etudier et de fin de vie lycéenne, les bandes et les individus tentent de s'imposer dans l'enceinte du lycée. Peu à peu, les huit amis prennent des chemins différents et Kujou voit Aoki, son meilleur ami, s'éloigner de lui pour s'enfoncer dans la violence.

Les films japonais sur la jeunesse lycéenne sont nombreux (on citera notamment Shiota avec Moonlight Whispers, qui comme Aoi Haru est tiré d'un manga, et le récent Harmfull Insect) et parviennent pour la plupart à trouver un ton juste là où de nombreux réalisateurs occidentaux échouent voire sombrent dans la farce bien grasse à l'américaine.
Aoi Haru a pourtant toutes les apparences du film pour adolescent un peu mode, mais grâce au talent de réalisateur de X et la qualité de l'interprétation - compte tenu du jeune âge des acteurs, évite les plus gros écueils qui attendent les réalisateurs qui s'expriment sur ce sujet.
Tout d'abord, bien que tiré d'un manga, Aoi Haru s'en extrait avec facilité - comme Moonlight Whispers était déjà parvenu à le faire, ce qui nous permet d'échapper aux scènes excessives plus propres au support papier (rien à voir avec Fudoh, par exemple). Cependant, il ne peut éviter complètement un aspect clip parfois un peu trop appuyé (la chanson-titre récurrente est un morceau rock du groupe japonais Thee Michelle Gun Elephant) avec sa musique à fond et ses images au ralenti. Pourtant, ce côté légèrement convenu et jeune sied parfaitement au film. Il retranscrit avec un réalisme certain l'ambiance et l'état d'esprit chez ces lycéens, entre humour scatologique, extrême violence et folie désespérée.

Le film se déroule entièrement dans l'enceinte du lycée sans que jamais le contexte familiale ou social des lycéens ne soit vraiment dévoilé. Cette impression d'uniformité entre les élèves est renforcée par les uniformes. Dans ce monde clos et restreint, où aucune perspective d'avenir ne semble se dessiner à part celle de devenir yakusa - ce sera le choix d'un des huit amis, les lycéens tentent de s'imposer aux autres, comme pour se trouver une raison de vivre. Ils jouent aux adultes tout en refusant leur monde, haïssent le lycée tout en y restant cloîtré, car c'est le seul lieu où il peuvent véritablement exister sans avoir à prendre de décisions sur leur avenir. L'absence de perspectives d'avenir répond à l'absence de filles - le lycée n'étant pas mixte. Et ce n'est certainement pas un hasard si le seul à avoir une petite amie deviendra le souffre douleur de Aoki.

Si le film cède parfois à une certaine violence graphique, il le fait avec sobriété et sans excès inutiles. L'impression que ces jeunes gens vont droit dans le mur ne s'en trouve que renforcée. Inéluctable, la fin de la vie lycéenne ne peut que s'accomplir dans le sang. On a ainsi le droit à un meurtre particulièrement sanglant, des humiliations physiques, un suicide, ...

En sachant trouver une limite entre film pour adolescent, avec ce que cela implique en terme de céder à la mode, et le film prenant des adolescents pour sujet, Toyoda parvient, grâce à une très bonne maîtrise de son art, à faire de Aoi Haru un film qui retranscrit avec réalisme ce moment particulier que constitue la fin du lycée et révèle Ryuhei Matsuda comme un acteur définitivement à suivre de très près.

© Juillet 2002