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Audition

AUDITION

Takashi Miike, 1999

avec Ryo Ishibashi, Eihi Shiina, Miyuki Matsuda, Renji Ishibashi

Zeni / Brian Addav

Brian Addav : Alors là, je sens que je vais me faire des amis sur ce film là…. Oui Audition était attendu, un summum de l'horreur réaliste, une dernière demi-heure insoutenable, etc.. etc… Bon. Bin pour moi. Le film, d'un point de vue purement cinématographique, est plus que moyen, et surtout facile. Le sujet méritait mieux, et aurait pu amener quelque chose de vraiment sordide. Mais non. Rien de dérangeant, rien de choquant, hormis quelques scènes qui tombent dans le grand guignol. Grosse déception en fait, il me faut bien l'avouer.

Parlons du sujet, un veuf décide de se remarier. Pour cela, un ami lui propose de monter un film dont l'unique but est de monter un casting lui permettant de trouver la femme idéale. Bien sûr il va la trouver, belle, mystérieuse, très mystérieuse. Pendant une bonne heure et plus, nous allons suivre ce bon monsieur tomber amoureux d'une fille dont on (lui et nous) ne sait rien. Où plutôt en qui on peut tout imaginer, tout projeter. On sent bien quelque chose de potentiellement dangereux, voir terrifiant chez elle, Miike, nous en conforte avec quelques indices, mais rien y fait, on se laisse prendre aux fils de sa toile. Et l'horreur survient, ce qu'on savait, indicible, invisible, arrive.

Attention, je dévoile la fin dans les lignes qui suivent, donc zappez le cas échéant ! Evidemment, le pauvre amoureux va se faire prendre au piège la femme araignée, et subir les pires tortures. Là il faut bien avouer que Miike pousse le bouchon visuellement un peu loin. C'est clair que c'est insoutenable mais bon, sérieusement, ça ne suffit pas à en faire LE film qui va vous faire peur pendant des jours et des jours. Bunuel avec son fameux plan de l'œil dans Un Chien Andalou avait mis la barre beaucoup plus haute !

D'où vient le fait, que selon moi, ce film n'est pas bon ? Du rythme déjà, la première partie est trop longue, et l'on n'arrive pas à s'identifier totalement au protagoniste principal. Bien sûr, on comprend ce qu'il ressent, Miike n'est pas un manche, il ne faut pas exagérer, mais on en peut pas s'identifier à lui. Le réalisateur nous donne trop d'indices pour que l'on ne puisse pas comprendre, contrairement au héros, que tout cela ne peut que mal finir. Ensuite la scène finale, celle censée mettre à mal nos émotions, nous faire peur. Oui bon. Ok. J'avoue que le percement d'œil à coup d'aiguille n'a rien de réjouissant, l'amputation non plus. Mais bon, le reproche principal que je fais à Miike est qu'il se contente de filmer une simple scène de film d'angoisse, comme il en existe tant, tout simplement en montrant les dommages physiques. Et là on tombe dans le gore, guignolesque. Résultat non escompté, cela permet aux spectateurs d'avoir un moment de répit et de s'esclaffer à grand coup d'éclats de rires, histoire de reprendre leur respiration. Bien sûr, il y a toujours la dimension réaliste du film, me fait que cela puisse nous arriver un jour, là comme ça, mais si on y réfléchit bien, nombre de film d'horreur (exemple Scream, tient c'est facile), cela aussi peut nous arriver. Donc du coup, ça n'accroche pas.

Non vraiment, si vous voulez de l'horreur réaliste, un seul titre : Seul contre tous, en jetant la télécommande et en demandant à un tiers de vous enfermer dans le salon à double tour, pour vous éviter de vous enfuir.

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Zeni : On ne peut pas dire que je n'avais pas entendu parler de Takashi Miike et surtout de Audition avant d'assister à la projection de ce film. Mais j'avoue que je ne savais absolument pas à quoi m'attendre même si la présence de Ryuu Murakami (Tokyo Decadence et Love & Pop) au scénario, n'augurait que du bon.

Aoyama, veuf depuis sept ans, se décide à tenter de retrouver une nouvelle compagne. A l'aide d'un ami producteur de cinéma, ils imaginent un moyen de sélectionner parmi des prétendantes : faire passer des auditions. L'une d'entre elles, Asami, capte immédiatemment l'attention de Aoyama. Peu à peu une relation amoureuse s'établit entre eux. Mais Aoyama ne connaît rien du passé mystérieux de Asami....

Une femme meurt à l'hôpital, son mari et son fils à son chevet. Générique. Sept ans plus tard, Aoyama est toujours célibataire et son fils connaît ses premiers émois amoureux. Suit une lente descente vers l'horreur la plus pure qui n'intervient que véritablement dans les dernières vingt minutes du film. Avant, Miike distille lentement, par petites touches, les éléments horrifiques. En construisant, dès le début, son film de manière très classique et plate, avec un respect presqu'ironique de certains codes du genre (le chien qui passe et repasse devant la caméra), Miike conditionne le spectateur pour mieux le déconcerter par la suite.

Et pour parfaire le sentiment d'horreur qu'est censé ressentir le spectateur, Miike tente au maximum de réaliser l'identification du spectateur avec Aoyama. Identification qui réussit parfaitement et qui est le point fort du film. De ce fait, l'information dont dispose le spectateur sur Asami notamment est la même que celle dont dispose Aoyama. Parcellaire, incomplète et souvent confuse. Petit à petit, on reconstruit l'histoire d'Asami mais sans que nous soit donné une véritable enquête permettant de prouver la véracité des faits. Tout n'est que suppositions. D'où une dernière partie du film qui peut paraître confuse mais qui retranscrit parfaitement l'état d'esprit de Aoyama. On oscille sans cesse entre le doute, la paranoïa, les faits avérés, les déductions logiques et les suppositions. Jamais, on ne dispose du point de vue d'Asami, la seule qui puisse véritablement justifier de son passé.

Je n'ose pas trop parler plus de ce film de peur de trop en dévoiler ce qui nuierait à son intérêt. Sachez cependant que si pendant une heure et demi, vous ferez tout juste un petit bond de surprise, il vous faudra du cran pour supporter la dernière demi-heure. J'en suis ressorti sur les genoux, à la fois dégoûté et captivé par l'horreur réaliste du film. Un must dans le genre mais certainement pas pour les personnes sensibles ni pour les autres d'ailleurs....

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