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Barber's Sorrow

BARBER'S SORROW

Ryuichi Hiroki, 2002

avec Tomoro Taguchi, Misako Sunouchi, Kaori Hifumi

Ryuichi Hiroki, réalisateur peu connu hors du Japon, a cependant une longue carrière derrière lui (il a réalisé son premier film, Sexual Oppression ! Woman is Revealed, en 1982) et a tout de même réussi à attirer l’attention avec son film I am a SM Writer (2000) ou par sa participation au projet Love Cinema (dont Visitor Q de Takashi Miike fait également partie) avec Tokyo Trash Baby. Son nouveau film, Barber’s Sorrow, comme de nombreux autres films de Ryuichi Hiroki, porte une fois de plus la marque des thèmes fétich(istes) du réalisateur. On y retrouve sa forte attirance pour le SM, bien sûr le fétichisme et d’autres perversités. Il est également, et évidemment, marqué par l’érotisme, par lequel, comme beaucoup d’autres, Ryuichi Hiroki a débuté sa carrière de réalisateur. Barber’s Sorrow reprend donc tous les thèmes chers à ce dernier et on y retrouve Tomoro Taguchi (Bastoni, Tetsuo de Shinya Tsukamoto ou encore Monday de Sabu) qui était déjà l’interprète de plusieurs rôles dans d’autres films de Ryuichi Hiroki aux thèmes très similaires. Ceux qui connaissent ce dernier avaient donc peu de chance d’être très surpris par ce nouveau film. En fait c’est plutôt de déception qu’il faut parler.

Un coiffeur (Tomoro Taguchi) a développé, suite à une expérience de jeunesse, une forte attirance pour les chaussures et les jambes des femmes. Un jour, il rencontre Sakaguchi, une vendeuse de chaussure, et tente de réaliser avec elle ses fantasmes. Mais cette dernière est l’amante d’un yakusa, qui est aussi un client habituel de son salon de coiffure.

Les fantasmes occupent une place de choix dans les films de Ryuichi Hiroki, comme l’avait déjà prouvé I Am a SM Writer avec son écrivain cherchant l’inspiration grâce à des séances de bondage. Barber’s Sorrow reprend ce thème, a priori maîtrisé par Ryuichi Hiroki, mais il souffre malheureusement d’une construction très maladroite qui fait alterner délires et passages plus dramatiques.
L’ensemble apparaît vite extrêmement brouillon en dépit d’un Tomoro Taguchi excellent comme à son habitude, mais un peu perdu dans un film qui passe du drame à la comédie sans crier gare. Ryuichi Hiroki en fait souvent trop sans que l’on sache véritablement quel est son propos. Si les délires/rêveries un peu gore et plutôt drôles ne sont pas vraiment à mettre en cause, on peut douter de l’opportunité des scènes animées, par exemple. Le maintient d’un flou entre réalité et fantasme rend cependant bien l’état d’esprit du coiffeur, incapable de se détacher de son obsession.
Mais surtout, après un démarrage quelque peu laborieux, le film finit par s’emballer pour sombrer dans la farce grotesque qui contraste trop fortement avec la subtilité dont avait su pourtant faire preuve Ryuichi Hiroki auparavant. Ainsi, la liaison dangereuse entre le coiffeur et Sakaguchi est très bien rendue mais les personnages secondaires loufoques viennent un peu gâcher le tableau. Ryuichi Hiroki tente bien de rattraper le tout avec une scène finale qui remet à leur place les fantasmes du coiffeur mais on en est encore à se demander pourquoi il a voulu ajouter cette histoire de complot, rendant un jugement radical sur les femmes nécessairement manipulatrices, qui apparaît tiré par les cheveux.

Difficile de ne pas faire un lien avec le film des frères Coen (The Man Who Wasn't There) dont Barber’s Sorrow se rapproche parfois notamment par les personnalités proches des deux coiffeurs. Mais plutôt que l’humour noir, Ryuichi Hiroki choisit la farce un peu grasse. Alors qu’il aurait pu s’épauler sur le talent d’acteur de Tomoro Taguchi, il semble parfois préférer s’amuser de lui, qui par ailleurs à l’air de prendre un certain plaisir dans un rôle de cabotin. Sans ce dernier acteur, qui mérite bien plus que l’indifférence dans lequel il est cantonné, Barber’s Sorrow n’aurait pas probablement eut été plus digne d’intérêt qu’un pinku SM, comme en a tant fait Ryuichi Hiroki.

© Novembre 2002