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Le Caïd de Yokohama

LE CAÏD DE YOKOHAMA (Nihon boryoku-dan: Kumicho / Japan Organized Crime Boss)

Kinji Fukasaku, 1969

avec Koji Tsuruta, Noboru Ando, Bunta Sugawara, Tomisaburo Wakayama.

Film qui impose véritablement Fukasaku comme Le réalisateur de films de yakusas, Le Caïd de Yokohama surprend tant par son style que par son discours politique, à contre courant des films de yakusas que le Japon avait pu nous offrir jusqu'ici.

Sorti de prison, un yakusa tente de retrouver sa place à Yokohama. Mais une guerre éclate entre les puissants clans de Tokyo et d'Osaka. Yokohama devient le lieu des affrontements entre les deux clans, par clans locaux interposés.

"Le dessous des cartes", sujet : la pègre japonaise. Voilà à quoi ressemble le début de Le Caïd de Yokohama avec sa profusion de cartes explicatives, commentaires en voix off, images arrêtées qui présentent les noms et fonctions des divers protagonistes. D'ailleurs, le début est un peu confus et à tendance à noyé le spectateurs sous les noms des différents clans et les diverses alliances. Mais très vite, l'affrontement devient plus manichéen. Le style Fukasaku est en marche.
Le clan de Yokohama dirigé par le yakusa sorti fraîchement de prison représente le clan respectueux du code d'honneur des Yakusas tandis que celui d'Osaka, et dans une moindre mesure celui de Tokyo, s'affirme comme une puissante organisation qui mêle politique et activité mafieuse.
Le combat est évidemment inégal et voué à l'échec. Désormais, la mafia japonaise ne pourra plus s'en tenir au vieux code d'honneur, qui n'a plus de raison d'être au sein d'une société corrompue dans laquelle les criminels ne sont plus seulement les yakusas. Pour survivre, les yakusas doivent adopter les moeurs des politiques, comme Fukasaku le fait ressortir dans la dernière partie du film avec le discours du chef du clan d'Osaka, on ne peut plus clair - contre le communisme et la démocratie !
Fukasaku montre également avec réalisme le quotidien des yakusas qui oscille entre raids et funérailles. Un quotidien qui ne laisse pas de place à l'amour et où la sauvegarde du clan passe avant tout. Il est évidemment question d'honneur et d'amitié virile. Et jamais personne n'a su faire mieux que les japonais dans ce domaine. Même Hong Kong s'inspirera énormément de ces films et on trouve déjà dans Le Caïd de Yokohama des scènes que l'on retrouvera maintes et maintes fois dans les classiques du polar de HK, vingt ans plus tard !

Le montage et la mise en scène de Fukasaku apportent un dynamisme formidable, en plus des acteurs tous excellents. Les personnages sont certes excessifs, voire caricaturaux comme Wakayama (Baby Cart) qui interprète un yakusa drogué, colérique mais finalement respectueux du code d'honneur, mais cela ne fait que renforcer les tournures dramatiques et héroïques. La scène finale est un véritable morceau de bravoure, un exemple presque didactique de comment finir un film de yakusas (ou de triades).

Véritable chef d'oeuvre du genre, Le Caïd de Yokohama représente une sorte de film-étalon que Fukasaku lui même recopiera, plus ou moins fidèlement, par la suite (Guerre des Gangs à Yokohama), avant que d'autres ne puisent largement dans son cinéma, injustement méconnu et mésestimé.

© Août 2001