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Chicken Rice War

CHICKEN RICE WAR

CheeK, 2000

avec Pierre Png, Lum May Yee, Gary Yuen, Kelvin Ng, Catherine Sng, Teh Su Ching

On ne peut pas vraiment dire que le cinema de Singapour soit vraiment un sujet très trendy auprès des cinéphiles, même parmi les plus curieux du cinéma asiatique. Quasiment inconnue, voire ignorée, par les fans du cinéma de son ombrageuse voisine Hong Kong, il faut bien avouer que la quantité de films produits dans la ville flirte souvent avec le zéro absolu. Pourtant, avec ce second film de Singapour qu'il m'est donné de voir, il y a de quoi éveiller un certain intérêt, déjà bien émoustiller par Eating Air de Kelvin Tong, comédie survoltée et inventive. La comédie semble d'ailleurs le genre unique à Singapour puisque Chicken Rice War en est également une.
Comme pour rappeler l'ancienne appartenance à la Grande Bretagne, le film s'inspire d'un classique de la littérature anglaise, adapté à la sauce chinoise qui rappelle l'humour si fin des comédies hongkongaises. D'ailleurs un des acteurs à une ressemblance troublante avec un certain Stephen Chow, rendu enfin célèbre grâce à son récent Shaolin Soccer.

 

Deux petits restaurants familiaux voisins spécialistes du Chicken Rice se vouent mutuellement une haine tenace. Mais le fils d'une des familles, acteur de théâtre, est amoureux de la fille de la famille ennemie, elle aussi actrice. Ils se retrouvent à interpréter lui Roméo et elle Juliette dans une adaptation moderne et rock du classique de W. Shakespeare.
Soyons franc, le réalisateur, dénommé CheeK ce qui déjà apparaît suspect, ne fait pas vraiment dans l'originalité mais semble plutôt être un petit malin ayant trouvé un filon. Dopé à la culture TV (le coup de j'utilise des techniques à la MTV pour mieux m'en moquer fait ici, comme partout, long feu même si le réalisateur peut prétendre bien connaître le milieu puisqu'il a travaillé pour MTV Asia) dans ce qu'elle a de plus abrutissant et idiot, Chicken Rice War est filmé sur un mode qui vise évidemment un public jeune, qui doit pouvoir reconnaître les multiples clins d'œil à leur propre culture. Autant dire que tout cela ne va pas chercher très loin. Conflits de génération, personnages classiques de ce type de comédie parmi lesquels chacun trouvera son alter ego, humour " old school " qui marie non-sens typiquement chinois et britannique avec parodie pas toujours très subtile même si rarement vulgaire.
Cependant, Chicken Rice War est loin d'être une comédie lourde et ennuyeuse. Si les effets de caméra stylés et soit disant modernes sont particulièrement agaçants, le rythme est mené tambour battant et les plaisanteries fusent, ne laissant guère au spectateur le temps de reprendre son souffle. En cela Chicken Rice War prend le meilleur de la culture télévisuelle. Le scénario n'ayant finalement qu'une importance secondaire, on s'amuse, même si les ressorts comiques sont parfois usés et que le jeu des acteurs laisse souvent fortement à désirer. Néanmoins, la découverte d'une culture qui mélange, avec plus ou moins de bonheur, occident et orient avec un particularisme plus local à une certaine saveur, souvent agréable. Pour ces moments, on pardonne les quelques lourdeurs du scénario et de style du film. D'autant plus que les quelques piques (contre les industriels, la politique, la vénalité, l'administration) qui émaillent le film savent être drôles sans s' appesantir.

Bien que se montrant quelque peu immature, le cinéma de Singapour n'est pas exempt de qualités. Mais la comédie comme moyen d'expression privilégié fait évidemment figure de parent pauvre de la sitcom. Il reste donc au cinéma de Singapour à se détacher de sa sœur télévision pour trouver une voix véritablement artistique et originale. Et ce n'est malheureusement certainement pas demain la veille.

images : http://raintree.mediacorpstudios.com/crw/

© octobre 2002