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Egg

EGG

Yukihiko Tsutsumi, 2002

avec Hye-Young Cho, Inuko inuyama, Megumi Ujiie

Apres 2LDK du projet Duel avec Aragami de Kitamura et Hijiki, un court métrage du projet Jam Films, on en finit plus de découvrir Yukihiko Tsutsumi. Egg, présenté en octobre dernier au Tokyo International Fantastic Film Festival, fait partie des réalisations de ce dernier pour l’année 2002 avec d’autres films qui sortent ce mois-ci tel que Trick, adapté du célèbre TV Drama du même nom dont il est également le réalisateur, ou Pikanchi Life is Hard Dakedo Happy, un film pour adolescents. Et avec une filmographie impressionnante, gageons que Tsutsumi nous réserve encore bien d’autres surprises.
Avec Egg, Tsutsumi pousse au plus loin le concept d’une idée très simple : une femme, Tsukiko, rêve d’un œuf chaque fois qu’elle ferme les yeux. Mais bientôt l’œuf se craquelle…


Egg représente le paradoxe Tsutsumi à son apogée, entre le clip publicitaire mâtiné de cool à la MTV, où travaille encore maintenant Tsutsumi, et film où apparaît un indéniable talent de réalisateur et de scénariste.
Ainsi, avant d’être véritablement l’un des films les plus surprenants de cette année, Egg ressemble tantôt à un épisode des X-Files, avec une l’introduction en georgien notamment, tantôt à une publicité pour eau minérale. Avec en plus son multi-éthnisme de façade (Corée, Japon, Georgie), son esthétique parfois trop référencée (comme le lieu de travail de Tsukiko) fait apparaître Egg très suspect. Mais ce serait sans compter sur l’humour de Tsutsumi et l’incroyable originalité de la suite.
A défaut d’humour noir, qui reste néanmoins quelque peu présent, c’est surtout sur le registre de l’absurde que se place Egg. Entre parodie de Matrix : le métier de Tsukiko consiste, dans un lieu qui évoque le film américain, à cliquer sur des chiffres 2 noyés dans le défilement de 0 et de 1 sur un écran ; de film de monstres : on est cependant plus proche de Ultraman que de Godzilla ; Egg est une comédie à la fois parfois burlesque par son absurdité revendiquée et foncièrement noire par sa violence. Car lorsque Tsukiko commence à devoir affronter ce qui est sorti de l’œuf et qui cherche désormais à sortir d’elle-même par le ventre, dans une version grotesque de Alien, l’humour tant à disparaître pour laisser place à un duel entre Tsukiko et elle-même qui devient extrêmement violent et autodestructeur.
Grâce à son sens du rythme et son second degré, le film parvient à ne se limiter presque uniquement qu’à cet affrontement dans la seconde partie sans jamais lasser, et où pourtant ne figure qu’une seule et unique personne à l’écran. Il faut dire que l’actrice principale, la coréenne Cho Hye-Young, est très impressionnante, et Tsutsumi parvient à tirer d’elle le meilleur, comme il l’avait déjà fait de Eiko Koike dans 2LDK. Non seulement excellent réalisateur et scénariste, Tsutsumi apparaît donc également comme un excellent directeur d’acteurs, parvenant à obtenir le meilleur d’acteurs dont on pourrait douter des réelles capacités.

Il y a peu, Takashi Miike explosait comme un des réalisateurs les plus prometteurs du cinéma japonais avec, lui aussi une déjà longue carrière derrière lui. Espérons que Yukihiko Tsutsumi va bientôt connaître le même sort et profiter lui aussi d’un écho à l’étranger, ce qui serait plus qu'amplement mérité.

© Novembre 2002