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Et là-bas, quelle heure est-il ?

ET LA-BAS, QUELLE HEURE EST-IL ?

Tsai Ming Liang, 2001

avec Lee Kang Sheng, Chen Shiang Chyi, Cecilia Yip, Jean-Pierre Léaud.

Attendu depuis un petit moment, le nouveau Tsai Ming Liang marque un retour vers ses réalisations d'avant The Hole. Un film en demi-teinte, marqué par une stagnation du style et des thèmes abordés.

On sait que le cinéma français reste une des grandes références du cinéma taïwanais, voire du cinéma asiatique d'auteur dans son ensemble. A l'heure où nombre de films asiatiques n'existent que grâce à des capitaux français, Tsai Ming Liang choisit de rendre hommage à un certain cinéma français, celui de Truffaut, en réunissant deux des plus grands noms des cinémas de Taïwan et de France, Lee Kang Sheng et et Jean-Pierre Léaud. Une rencontre aussi virtuelle que les rêves de Hsio Kang, le personnage interprété par Lee Kang Sheng.

Hsiao Kang, justement, est un vendeur de montres dans la rue, à Taipei. Son père vient de décéder et il vit seul avec sa mère. Un jour, une jeune femme en partance pour Paris, lui achète une montre à double horaire. Hsiao Kang n'a alors de cesse que de mettre Taipei à l'heure de Paris. Cependant, sa mère sombre dans la folie, persuadée du retour de l'âme de son mari. La jeune fille, Shiang Chyi (Chen Shiang Chyi), erre désemparée dans un Paris inconnu.

Et là-bas, quelle heure est-il ? est un film à l'ambiance parfois malsaine, où la solitude des êtres constitue le thème central. Solitude du père, visible dans cette poignante scène d'ouverture, celle de la mère endeuillée, du fils rêvant de Paris où de Shiang Chyi, seule à Paris. La solitude n'est pas une question de lieu mais bien une question personnelle. Chacun vit dans son petit monde clos, inaccessible aux autres. Et chaque monde à son temps, son heure qui n'est pas celle de l'environnement. Shiang Chyi vit à Paris à l'heure de Taïwan, Hsiao Kang est à Taipei mais à l'heure de Paris et sa mère vit à l'heure de son mari décédé.
Et cela vire parfois au pathétique. Comme cette scène cruelle où chacun des trois protagonistes recherchent simultanément le contact physique, la chaleur humaine.

La thématique de la solitude n'est pas nouvelle chez Tsai Ming Liang et son acteur fétiche et peu loquace Lee Kang Sheng. La quasi totalité de ses films portent sur ce sujet. On retrouve également le style si particulier du réalisateur taïwanais, fait d'une succession de plans fixes qui exacerbent les sentiments et font ressortir la solitude des personnages. Comme à son habitude, bien qu'ici de manière plus importante, Tsai Ming Liang émaille le film de quelques instants décalés, leurs conférant une dimension comique. Lee Kang Sheng est comme un poisson dans l'eau, dans un rôle taillé sur mesure.
Et justement, le manque d'originalité du film, notamment par rapport à Vive l'Amour, rend le film monotone et un sentiment de déjà-vu plane tout du long. La fin du film est d'ailleurs presque une redite complète de la fin de Vive l'Amour, où l'on se rend compte que Tsai Ming Liang a un talent incontestable pour filmer une femme éplorée dans un parc. Mais on est loin de la force de la scène finale de Vive l'Amour.

Si l'équilibre entre Paris et Taipei est maintenu, Tsai Ming Liang semble trop hésiter à rendre un hommage plus appuyé à Truffaut et à Jean-Pierre Léaud et cette référence prend rapidement un caractère anecdotique, à l'image de l'apparition éclair de Jean-Pierre Léaud.

Au final, Et là-bas, quelle heure est-il ? est un film maîtrisé, et une déclaration d'amour au cinéma français sincère mais avortée, mais fatalement décevant dans le sens où il n'apporte rien de nouveau au cinéma de Tsai Ming Liang.

images : Festival de Cannes 2001

© Juillet 2001