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Eureka

EURÊKA

Shinji Aoyama, N&B, 2000

avec Koji Yakusho, Aoi Miyazaki, Masaru Miyazaki.

Eurêka est le septième long métrage de Shinji Aoyama. Son titre vient du titre d'un album de Jim O'Rourke, une des plus grandes figures actuelles de la scène post-rock.

Eurêka, dont on entend le titre musical sur la fin du film est en quelque sorte du post-cinéma comme peuvent l'être des film comme Licence to Live et Blarren Illusion de Kyoshi Kurosawa ou Le Labyrinthe des Rêves de Sogo Ishii qui a plus d'un point commun avec Eurêka.

Comment résister à la tentation de tuer quand on a soi-même été victime d'une expérience où l'on a été témoin de morts violentes et où l'on a échappé de peu à la mort ? Cette difficile question, c'est celle à laquelle essaie de répondre Aoyama pendant les 3h37 de Eurêka.

On pourrait épiloguer sur la longue durée du film mais très vite on s'aperçoit que Eurêka ne peut être jugé qu'uniquement sur un aspect aussi technique. Car si le cinéma commercial nous a habitué à des durées plus courtes (on atteint des summum de brièveté avec certains films de HK qui ne peuvent cacher très longtemps leur manque de substance), on ne peut être que redevable à certains réalisateurs (asiatiques pour la plupart) qui viennent nous prouver que la durée d'un film n'est qu'une vue de l'esprit et que seul compte le contenu.

Shinji Aoyama est né en 1964 et a été l'assistant de Kyoshi Kurosawa. Il a réalisé des film de série B sur les yakusas et a été remarqué dès son premier film Helpless. Il est également le réalisateur de plusieurs films sortis directement en vidéo.

(Locarno International Film)

Makoto, chauffeur de bus, est le seul survivant avec deux enfants (Naoki et Kozue, frère et soeur) d'une prise d'otage dans son bus. Les enfants, traumatisées s'enferment dans un mutisme complet. Makoto quitte tout pour disparaître. Deux ans plus tard, il est de retour et s'installe avec les enfants livrés à eux-même dont les parents sont partis ou décédés. Il trouve un emploi comme ouvrier sur des chantiers et reprend peu à peu une vie normale. Mais des jeunes femmes sont assassinées et arrive bientôt un cousin des enfants qui s'installe lui aussi dans la maison.

Eurêka est une expérience inoubliable, marquante. D'abord, car c'est ce qui frappe immédiatement, c'est la photographie d'une beauté époustouflante. Tourné entièrement en noir et blanc sépia, chaque image du film est une superbe photographie. Le choix du noir et blanc permet un détachement avec la réalité et conduit le spectateur à un effort d'immersion et de réflexion sans jamais l'engluer dans une lenteur ou la simple contemplation.

Filmographie :

Eureka (2000)

June 12 1998 (1999) (V)

Enbamingu (1999) ... EM

Sheidi gurobu (1999) ... Shady Grove

Tsumetai chi (1997) ... Obsession, An

.Wild Life (1997)

Waga mune ni kyoki ari (1996) (V)

Chinpira (1996) ... Chinpira: Two Punks

Helpless (1996)

Kyokasho ni nai! (1995) (V)

(imdb)

Car si Eurêka est une longue réflexion sur une expérience traumatisante, Aoyama utilise un traitement somme toute relativement classique. C'est-à-dire qu'il ne tombe pas dans les pièges que lui tendent son sujet. Il n'y a qu'à voir le premier quart d'heure qui pourrait être l'épilogue d'un film américain sur une prise d'otage. Jamais Aoyama n'a recours au plan fixe interminable, aux longues séquences vides. La seconde partie de son film est en fait un road movie en bus. Ajoutez à cela la présence d'un mystérieux tueur de jeunes femmes et vous voyez que Aoyama ne cherche absolument pas à rendre son film hermétique, bien au contraire.

Le voyage entrepris par Makoto avec les enfants et leur cousin est un moyen d'exorciser la douloureuse expérience qu'ils ont vécue. En reprenant un bus (lieu du crime) et en démarrant leur voyage sur le parking du drame, c'est vraiment recommencer tout à zéro que désire Makoto sans que l'on sache vraiment, au départ, s'il agit par égoïsme ou pour aider les enfants. Par la durée, la sensibilité de l'approche, Aoyama nous immerge littéralement dans le drame et c'est en parfaite symbiose avec les personnages que l'on plonge dans le film et qu'on les suit dans leur voyage.

Frère et soeur dans le film comme dans la vie, les deux acteurs jouant les enfants sont stupéfiants. Ajoutons la présence de Koji Yakusho (Cure, Kamikaze Taxi, ...) qui vient parfaire un film grandiose.

Comme je le disais précédemment, Eurêka est finalement plus une expérience qu'un film. S'il vous reste un tant soit peu de curiosité, de capacité à être véritablement pris par un film, alors vous ne pouvez pas rater Eurêka.

© Décembre 2000