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GIPS

GIPS

Akihiko Shiota, 2000

avec Hinako Saeki, Machiko Ono, So Yamanaka, Kanji Tsuda.

Gips, c'est l'histoire de la jeune Kazuko (Machiko Ono) qui fait la connaissance de l'étrange Tamaki (Hinako Saeki, la fille aux cheveux en tortillons de Uzumaki). Tamaki, le pied dans le plâtre, marche avec des béquilles. Kazuko la suit jusque chez elle sans dire un mot. Tamaki lui donne la clef de son appartement situé sous un escalier. C'est alors que commence une attirance, une relation entre ces deux filles. Situé dans un Tokyo froid filmé comme un hôpital, la relation prend plus en plus d'importance. Tamaki domine, et dévoile les règles à suivre. Manipulatrice et perverse, Tamaki utilise une infirmité maquillée - sa jambe n'est pas blessée, pour se venger des hommes. Un jour, Kazuko découvre le corps d'un homme sans vie, là où se trouvait quelques instants plus tôt Tamaki. Voulant découvrir la vérité, Kazuko envoie une lettre de chantage anonyme à Tamaki réclamant une importante somme d'argent. Tamaki demande alors de l'aide à Kazuko pour réunir cet argent...

Présenté au dernier festival de Deauville dans la nouvelle section numérique, Gips de Akihiko Shiota, réalisateur de The Harmful Insect qui sort ce mois ci au Japon, fait parti de cette fameuse série de six films appelée Love Cinema et produit par la société CineRocket. Six films sur le thème de l'amour suivant de jeunes femmes contemporaines et intégralement filmés à la DV. Le reste de la série est constitué de Tokyo Trash Baby de Ryuchi Hiroki, de Amen, Somen and Rugger Men ! de Miura Mitsuhiro, d'Enclosed Pain de Isao Yukisada, de Stake Out de Tetsuo Shinohara et du Visitor Q de Takashi Miike. Autant dire qu'à part Visitor Q, il est très difficile de trouver les films précités en Europe. Dès qu'il passe dans un festival, il ne faut en aucun cas les rater. Car ces films en DV sont, selon moi, le début d'une nouvelle manière de voir le cinéma intimiste, celui plus près des acteurs, avec peu de moyen, des lieux communs, une photo quasi similaire à n'importe quels autres DV. A la manière des danois à la base du Dogme, les Japonais sont en train de mettre en place les règles du cinéma en numérique.

Ici, dans Gips, l'ambiance est assez froide, très clinique, le jeu d'acteur est énigmatique, les actrices sont quasi-muettes et au regard étrange. Elles mettent au point un plan pour voler l'argent de japonais pervers comme les héroïnes de Bounce KoGals pouvaient le faire. Et comme ce dernier film, on a le droit à quelques énergumènes dont ici, un salary man japonais qui se jette aux pieds de la jeune Kazuko qui finit par le traîner sur le sol des toilettes où ils se trouvaient. Puis dans un petit moment de folie, Kazuko provoque un accident. Et voilà, les deux filles à l'hôpital couvertes de plâtre. Une petite touche d'humour. Un humour néanmoins pince-sans-rire. Car l'ambiance reste très peu chaleureuse. Une musique plaisante qui ne prend pas trop de place.

Akihiko Shiota dépeint la passion possessive, la jalousie, l'obsession entre ses deux jeunes femmes. Il contribue par l'utilisation de la DV et sa manière d'approcher ce nouvel outil à cette nouvelle façon d'appréhender le cinéma. Tous les repères étaient à mettre en place dans l'utilisation particulière de la DV pour faire autre chose que du film à l'apparence amateur. Et il s'en sort très bien. Doué, Akihiko Shiota nous dévoile son talent et sa capacité d'approche de ce nouveau cinéma. Comme pour Miike ou Hiroki, la DV sert à mettre en image un Japon dérangé mais avec cette impression de voir une vidéo de famille par la qualité de l'image et les plans restreints qui nous rendent encore plus proche que nous ne l'étions.

En conclusion, la DV est un formidable outil pour qui arrive à la manier correctement, en connaissant ses limites. Les japonais nous prouvent que l'on peut faire d'excellents films voir même des chefs-d'oeuvre comme l'est le Visitor Q de Takashi Miike. Tout ceci pour dire que cela donne beaucoup d'espoir aux nouveaux cinéastes sans le sou, qui pourront à moindre frais créer des univers aussi particuliers que ceux que nous ont offerts ces talentueux japonais.

4/5

© Tom.D Mars 2002