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The happiness of the Katakuris

THE HAPPINESS OF THE KATAKURIS

Takashi Miike, 2002

avec Sawada Kenji, Matsuzaka Keiko, Takeda Shinji, Nishida Naomi, Miyazaki Tamaki.

zeni | Tom.D

Tom.D

Arrivée à Rotterdam, le dernier jour du "International Film Festival". J'ai eu la chance d'avoir une place pour la séance complète d'un Takashi Miike que j'étais impatient de voir et pour lequel je me suis amusé à traverser la Belgique et la Hollande le jour du mariage du Prince des Pays-Bas. Le festival avait l'air impressionnant pour ce que j'en ai vu. Tous les cinémas réquisitionnés, des décorations dans la ville à l'effigie du tigre, emblème du festival... Une programmation bien remplie. Dans cette programmation se cachaient quatre films de Miike. Visitor Q que l'on connaît déjà grâce à l'Etrange Festival ou au DVD allemand. Suivi de Koroshiya Ichi que Zeni a eu la chance de voir là-bas, loin de l'hexagone. Et Agitator, un film de gangster sur la bravoure et le respect de la tradition. Puis, enfin, le seul que j'ai pu voir à Rotterdam, The Happiness of the Katakuris.

La salle est pleine, en forte majorité féminine, ce qui m'a surpris au premier abord. Les moeurs y sont vraiment différents. Et l'ouverture au cinéma asiatique y est effective depuis longtemps.

Le film commence. On voit une jeune femme commander une soupe dans un restaurant. La jeune dame du bout de sa fourchette sort du fond de sa soupe un petit être bizarre, un ange minuscule. Et le film se transforme tout d'un coup en film d'animation en pâte à modeler. On suit les aventures de ce petit être, qui finit dans la bouche d'un corbeau qui se fait abattre en plein vol d'un coup de bêche lancée par un vieil homme avec son chien. Le film redevient alors un film live, et l'on fait la connaissance de la famille Katakuris. Le grand père et son chien Pochi (le nom habituel de tout chien japonais), la mère attentionnée, le père courageux et responsable de sa famille, la fille qui élève sa fille de 4 ans après s'être fait plaquer par son ami pour une étudiante et le fils introverti et légèrement rebelle. Toute cette famille s'occupe d'une maison d'hôte perdue dans la campagne. Un soir de tempête, la famille regarde une émission de télé où un présentateur essaie de retirer tant bien que mal un insecte qui a élu domicile dans sa narine. Quelqu'un est à la porte. Celui-ci, assez bizarre, prend une chambre pour la nuit. Le lendemain matin, la famille découvre le corps du voyageur inerte sur le sol de sa chambre. Il s'est suicidé. Et voici venu l'heure de la comédie musicale, la première chanson arrivant au moment de la découverte du corps. Shinji Takeda saute dans tous les sens, la mère est désespèrée, le père ne sait plus quoi faire... La famille décide pour la bonne continuité de leur affaire de famille - leur maison d'hôte, d'enterrer le corps dans les bois alentours pour éviter de perdre de la clientèle si l'on venait à apprendre qu'il y a eu un mort dans cette maison. Le ton est donné, c'est de l'humour noir avec d'excellents moments de comédie musicale hilarante.

Un peu plus loin dans le film, on fait la connaissance de Richard, mythomane qui fait croire à la naïve Shiyuke, fille des Katakuris, qu'il fait partie de l'US navy et qu'il est le neveu de la Reine Mère. Bien sûr sa rencontre se fait en chanson qui aboutit à un monument de kitsch avec des fleurs qui tournent autour des deux amoureux. Une autre scène nous montre les parents en train de chanter à la manière d'un karaoké, le tout justement filmé comme un clip pour karaoké avec la bande de texte en bas de l'écran pour l'accompagnement. Délirant... et il y a énormément de scènes de ce genre complètement inattendues. Comme lorsque les Katakuris vont apprendre qu'une route va traverser les bois aux alentours de leurs maisons. Ils vont alors s'empresser de déterrer les corps des quelques personnes mortes mystérieusement chez eux. Et nous voilà, de nouveaux dans une petite chanson où la petite fille de 4 ans entourée de sa famille danse au milieu des morts devenus zombies pour l'occasion de cette chanson.
En fait, je pourrais en parler des heures et des heures tellement ce film est rempli d'idées plus folles les unes que les autres.

Takashi Miike a réussi là un grand film, une merveilleuse comédie qui traite de la famille et de son unité pour contrer les moments difficiles - ce que l'on retrouvait déjà dans Visitor Q. Kenichi Endo y fait notamment une apparition toujours aussi excellente. Tous les acteurs y sont en fait excellents, comme d'habitude dans les films de Miike.
Je vais m'arrêter là, je crois déjà avoir trop dévoilé d'éléments de ce film qui j'espère fera les beaux jours des festivals en France. Une petite merveille. Je ne regrette pas, en aucun cas, d'avoir fait 500 km aller-retour pour voir ce film. Mon premier Miike au cinéma. Inoubliable. Merci encore, Monsieur Miike.

zeni

Remake sous forme de comédie musicale du succès coréen The Quiet Family, The Happiness of Katakuris parvient à gangner le pari d'être plus drôle que l'original tout en lui faisant honneur.
Le seul mot qui me vient à l'esprit après la vision de The Happiness of the Katakuris est indescriptible. Et il ne s'agit pas là d'une pirouette de critique paresseux.

La famille Katakuris - un grand-père expert au lancer de bâton, un père débordé, une mère qui ne l'est pas moins, une fille-mère au coeur d'artichaut, un fils rebelle, une petite-fille et un chien, gèrent une maison d'hôtes. Un soir de tempête, un homme vient prendre une chambre. Mais le lendemain matin, les Katakuris le retrouvent mort dans la chambre. Ils décident d'enterrer le corps dans les bois alentours. Mais le scénario se répète un peu plus tard avec un couple...

Il serait en fait plus simple, mais pas nécessairement plus clair, de décrire Katakuris comme un melting pot réussi de genres divers et variés. La comédie musicale est le genre prédominant, et enrobe le tout, mais c'est loin d'être le seul. On y retrouve aussi bien de l'animation de pâte à modeler que de l'horreur, du suspense, de la comédie, du romantisme, et j'en oublie. Pour donner une vague idée, on citera pèle-mêle Thriller (le clip de Michael Jackson), La Petite Maison dans la Prairie et L'Etrange Noël de M. Jack. Mais on reste encore loin de ce qu'est vraiment Katakuris.
Pour les connaisseurs de Takashi Miike, le lien avec Visitor Q se fait spontanément. On y retrouve une histoire centrée autour d'une famille ayant quelques difficultés et qui par l'intermédiaire d'événements macabres va se ressouder. Katakuris est une sorte de version familiale (tout public) de Visitor Q. Ici, pas d'excès gore ou de sexe, juste une comédie passablement allumée mais accessible à tous et surtout très drôle. Les scènes qui pourraient se révéler les plus choquantes sont réalisées en pâte à modeler - en même temps qu'elles permettent d'éviter la mise en oeuvre d'effets spéciaux coûteux et ajoutent une bonne dose d'onirisme et de poésie.... La seule scène d'ouverture ferait un parfait court métrage. Les acteurs sont parfaits et on remarquera le présence de Shinji Takeda (Tokyo Eyes, Hotoke) en jeune homme rebelle ainsi que celle, plus surprenante de Tetsuro Tamba.

Si je dois avouer une aversion toute particulière pour les comédies musicales, je dois également avouer que Takashi Miike parvient presque à me réconcilier avec le genre. Par son humour, la qualité de la mise en scène et sa manière de toujours nous surprendre, il réalise la une comédie musicale autant iconoclaste que finalement très fidèle aux codes du genre. Cette façon d'appréhender un genre n'est certes pas nouvelle, Takashi Miike étant un habitué de cette technique consistant à pousser les limites d'un genre tout en y restant paradoxalement très respectueux, mais c'est avec un bonheur sans cesse renouvelé que l'on apprécie les films de Miike.

Et dire que ce n'est que son troisième film en cette année 2002 alors que nous ne sommes qu'en février.

 

images : http://www.katakurike.com

et http://office.filmfestivalrotterdam.com/

4/5

© Tom.D Février 2002

© Février 2002