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Village of the Financially Damned

JAPAN ECONOMICAL COLLAPSE : VILLAGE OF THE FINANCIALLY DAMNED

Takashi Miike, 2002

avec Sho Aikawa, Yu Tokui, Shiro Sano.

Pour ceux qui parviennent encore à suivre Takashi Miike, voici donc son dernier opus avant que dans deux semaines un nouveau film ne vienne le remplacer ! Adapté d'un manga de Yuji Aoki (célèbre pour son Naniwa Financiers, un manga acclamé par la critique notamment pour son approche des questions d'argent au Japon), Village of the Financially Damned représente assez bien le paradoxe Miike. Film à la fois bâclé et incroyablement mature, sérieux - voire grave, et à l'humour trash bien appuyé en même temps. Une chose est sure, il s'agit d'une nouvelle réussite du plus prolifique des réalisateurs japonais contemporains.

Si classification on peut faire des films de Miike, Village of the Financially Damned serait plutôt à ranger du côté de Guys from Paradise et Bird People of China. Sans atteindre, ni chercher à atteindre, la poésie de ce dernier, Village of the Financially Damned prend le risque de s'attaquer à un sujet tabou au Japon : les sans-abris et leur cause, les déroutes économiques et les faillites d'entreprise.

Umemoto (Yu Tokui), marié et père de deux enfants, dirige une petite imprimerie dont le client principal est une chaîne de supermarchés pour laquelle il imprime des publicités. Le jour où la chaîne fait faillite, son entreprise suit. Préférant mourir, il décide de se suicider. En plein préparatifs, il est témoin d'une confrontation entre des jeunes voyous et des sans-abris. Après avoir amener un des sans-abris blessé à l'hôpital, il est accueilli dans leur petit village et reçoit l'aide du "maire" (Sho Aikawa) et d'un écrivain déchu. Ces derniers décident de monter une arnaque boursière pour gagner une énorme somme d'argent...

Les aficionados de Miike risquent d'être quelque peu déçus par ce film, surtout ceux qui ont particulièrement apprécié les débordements gore du récent Ichi the Killer. Même si Village of the Financially Damned porte indéniablement la marque de Miike avec un humour trash toujours présent, le propos se fait ici plus sérieux et profond. On est plus proche de Visitor Q sans la provocation. Ce n'est pas pour autant que le sujet, délicat à traiter, écrase le film, principalement grâce à une réalisation très simple - parfois même un peu bâclée, et en s'appuyant sur la performance de Yu Tokui qui campe un personnage dépressif avec un talent incroyable, lui offrant crédibilité et profondeur. D'autre part, ce parti-pris de la simplicité permet d'offrir une forme de réalisme sans forcer sur le misérabilisme, qui plombe bien d'autres films. Un peu comme Western de Manuel Poirier offrait une déclinaison optimiste sur un sujet ne prêtant pas nécessairement à rire, Miike décrispe le spectateur par l'humour omniprésent et surtout par le personnage étonnant du "maire", interprété par un Sho Aikawa troublion et cabotin, comme toujours, avec une surprenante coupe afro... En dépit de cela Miike évite de tourner son sujet en ridicule et décrit une situation dramatique avec un regard souriant, mais jamais moqueur, et sans effets de manche. Peut-être aurait-on néanmoins apprécié une prise de position plus engagée de la part Miike, qui reste dans un registre extrêmement descriptif sans chercher à creuser un peu plus son sujet.

Toujours aussi surprenant, Miike nous offre encore une fois un film dans un registre inattendu. On y retrouve cependant quelques thèmes familiers du réalisateur, notamment celui de la famille reconstruite dans l'adversité (déjà présent dans The Happiness of Katakuris et Visitor Q pour ne citer qu'eux). Mais ce thème reste ici très secondaire.

http://www.daiei.tokuma.com/togenkyo/

© Septembre 2002