Navigation Cho-Yaba

 

Cinema
Chroniques

Warning: Cannot modify header information - headers already sent by (output started at /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/cinema.php3:4) in /mnt/116/sdb/a/4/zeni/acz/chroniques/films/koroshiya.php3 on line 10
Koroshiya 1

KOROSHIYA ICHI (殺し屋1 / Ichi the Killer)

Takashi Miike, 2001

avec Tadanobu Asano, Nao Omori, Shinya Tsukamoto, Paulyn Sun (Alien Sun), Hiroyuki Tanaka (Sabu).

Après Visitor Q, et à la vue de la filmographie impressionante et éclectique de Takashi Miike, on pouvait légitimement se demander ce que donnerait son nouveau film.
Reprenant l'idée de Fudoh qui était une adaptation d'un manga violent, Miike adapte un manga de Hideo Yamamoto, Koroshiya Ichi. Et cette fois encore, le réalisateur ne se fixe aucune limite pour ce qui est certainement son film le plus violent, le plus provocateur mais aussi le plus hilarant à ce jour.

Lorsque le chef d'un gang de yakusas disparaît mystérieusement, son lieutenant Kahikara (Tadanobu Asano) se lance à sa recherche, utilisant les pires méthodes pour faire parler ses victimes. Cependant, Ichi (ichi signifie 1 en japonais), jeune homme frustré et timide, se prend pour un justicier et atteint l'orgasme à la vue de ses propres massacres.

Si Fudoh réussissait déjà le pari de rendre à l'écran l'univers très particulier de certains mangas hyper violents, Koroshiya Ichi le surpasse encore. Miike semble avoir décidé d'aller le plus loin possible dans la provocation et la violence. Koroshiya Ichi est donc un film définitivement Bis, au sens le plus noble que peut prendre ce qualificatif. Il nous ramène aux pionniers tels que Hershell Gordon Lewis, le premier a avoir fait du gore une fin en soit, un moyen comme un autre de prendre son pied, de divertir. Il y a la même logique dans ce film de Miike. Aucun message, rien à y chercher, juste prendre du plaisir à voir autant de violence et d'humour, pour autant que vous souscriviez au sens très particulier de l'humour à la Miike. On trouvera certes de nombreux réfractaires à cette violence provocatrice et dénuée de tout sens autre que hédoniste. Mais de même que certains apprécient la science-fiction, laissons aux autres le droit et la liberté d'apprécier le gore et la violence gratuite au cinéma.

Pour décrire Koroshiya Ichi, il me faudrait bien plus que l'espace réduit qu'offre une chronique et je m'en voudrait de plus de gâcher le plaisir qu'il y a à découvrir ce film. Disons que cette sorte d'affrontement fou de tueurs qui le sont encore plus, atteint souvent les sommets gores d'un Brain Dead, et mélange allègrement un improbable Ultraman dépeceur de victimes humaines avec un film de yakusas sadiques. Koroshiya Ichi est une sorte de Shark Skin Man & Peach Hip Girl encore plus sanglant et surtout beaucoup plus hilarant. Le principal point commun est dans la galerie de portraits qui défilent dans les deux films. On y retrouve notamment Tadanobu Asano en tueur sadique - il suspend un yakusa (pauvre Susume Terajima dans un rôle une fois de plus éclair) à des crochets avant, entre autre, de lui verser de l'huile de friture bouillante sur le corps, qui recherche le plaisir dans le masochisme - il offre le bout de sa langue pour racheter une faute avant de décrocher son portable dans la foulée, et possède la particularité d'avoir les joues tranchées, lui offrant ainsi la possibilité d'exhaler la fumée de cigarette par les joues, entre autres joyeusetés. A côté de lui, les autres personnages pourtant passablement allumés feraient presque pâle figure. Il y a notamment des tueurs jumeaux complètement barrés ou Jiji (Shinya Tsukamoto) qui réserve une surprise de taille.

A propos de Shinya Tsukamoto, on retrouve dans ce Koroshiya Ichi une bonne partie de l'atmosphère des films de ce dernier, notamment Tokyo Fist. Les personnages, Kahikara en premier lieu, apprécie les coups de poing en plein visage, les piercings et plusieurs victimes féminines subissent des traitements d'une rare violence et cruauté. C'est également dans la réalisation que des points communs apparaissent. Des plans de bâtiments évoquent ceux de Tokyo Fist tout comme lorsque Miike joue un peu sur les effets visuels et que l'on se rapproche de Tetsuo. Mais ce qui distingue le plus ce Hazard City trash des films du même acabit (bien que j'ai du mal à en trouver qui soient aussi excessifs), c'est son humour déjanté. On rit au moins autant que l'on est dégoûté par certaines scènes. Et les plus de deux heures que durent le film passent comme une lettre à la poste. Comme à son accoutumée, Takashi Miike réserve une fin plutôt étrange et de toute façon surprenante. On peut également y retrouver certaines particularités du cinéma de Miike : un attrait pour un Japon multiculturel, des personnages excessifs et typés, des scènes surprenantes et des yakusas partout.

Notons qu'en plus de s'entourer d'une belle brochette d'acteurs, Miike a apporté un soin tout particulier à la musique puisque celle-ci est signée Karera Musication, c'est-à-dire Seichi Yamamoto, Yoshimi P-we, ATR, HIRAH et Yamataka EYE !

On peut s'attendre à des réactions outrées (au Japon, le film est interdit au moins de 18 ans) mais pour ceux qui savent apprécier l'univers de Miike, ce film est un véritable chef-d'oeuvre du cinéma d'exploitation.

images : http://www.koroshiya-1.com/

http://www.yamapro.com/

© Décembre 2001