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Love/Juice

LOVE/JUICE

Kaze Shindo, 2000

Avec Mika Okuno, Chika Fujimura, Toshiya Nagasawa, Hidetoshi Nishijima., Okuno Mika.

A peine âgée de 23 ans lorsqu'elle réalise Love/Juice, Kaze Shindo (dont le grand-père n'est autre que l'illustre Kaneto Shindo) est une réalisatrice à suivre de très prés. Si son film est loin d'être parfait, il montre une sensibilité et un talent précoce.

Kyoko et Chinatsu sont deux jeunes femmes liées par une forte amitié et vivant sous le même toit, partageant le même lit. Cependant, si Kyoko apprécie les hommes, ce n'est pas le cas de Chinatsu, lesbienne avouée, qui est en fait amoureuse de Kyoko.

Ce film court, 78 minutes, a tout pour faire un petit film séduisant pour jeunes midinettes se questionnant sur leur sexualité, en même temps qu'un drama de haut niveau et qu'un film promis à un bel avenir dans les festivals.
Par sa proximité, sexuelle et d'âge, avec les personnages de son film, Kaze Shindo aborde de façon à la fois sensible et réaliste un sujet a priori peu évident. Le ton reste léger, à la maniere du Like Grain of Sand de Ryosuke Hashiguchi, et les relations entre Kyoko et Chinatsu sont autant crédibles qu'interprétées avec justesse et sans effets de manches. Mais ce qui fait le charme d'un film comme Love/Juice en pose également les limites.
La légèreté le rend proche d'un soap opera homosexuel - les deux actrices viennent d'ailleurs de la télévision, avec ses moments drôles, touchants et dramatiques et surtout, en dépit de sa durée, a une fâcheuse tendance à tirer en longueur sur la fin, tombant lourdement dans le piège du film japonais auteurisant qui fait du comtemplatif une fin en soit.
Mais le coeur du film, c'est-à-dire la relation entre Kyoko et Chinatsu, font de Love/Juice un film bien souvent passionant. Chinatsu ne cache pas son amour pour Kyoko et subit les jeux parfois cruels de Kyoko qui semble s'amuser de cet amour non réciproque tout en se montrant résolumment hermétique à toute approche de Chinatsu. Car Kyoko est amoureuse d'un vendeur de poissons exotiques peu locace et visiblement peu intéressé, et pourtant, c'est vers lui qu'elle se tourne plutôt que vers Chinatsu qui est, elle, toute disposée à l'aimer. La complexité et l'opacité du sentiment amoureux sont rendus avec une justesse incroyable même si Kaze Shindo use d'effets parfois un peu gros - comme la métaphore d'un couple de poissons rouges achetés par Chinatsu à Kyoko. Chinatsu se montre extrêmement jalouse dès que Kyoko est avec un homme tandis que pour sa part, elle recherche une satisfaction sexuelle qu'elle n'obtient pas de Kyoko, auprès de nombreuses partenaires. La relation d'amitié est alors pervertie par l'amour portée à Kyoko par Chinatsu. Kyoko tente par son refus obstiné de croire à la vérité de l'amour que lui porte Chinatsu, de préserver une amitié pourtant vouée à l'échec. C'est Chinatsu, certainement plus les pieds sur terre que son amie, qui finira dans une ultime tentative par briser leur amitié.

Si quelques defauts inhérents à de nombreux premiers films sont indéniablement présents dans Love/Juice, Kaze Shindo fait montre d'un talent autant au niveau de l'écriture qu'en tant que réalisatrice. On attend donc avec impatience la suite de sa carrière.

 

 

© Décembre 2001