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Prisoner Maria

PRISONER MARIA

Episode 1 : Joshuu Shokei Jin Maria (1994), de Aki Furushou, avec Naomi Kawashima, Koudai Kiyomizu, Akiyoshi Takashi.

Episode 2 : Joshuu Shokei Jin Maria 2 (1995), de Aki Furushou, avec Kunogi Sugimoto, Teruhiro Kiyomizu, Yumi Shindou.

Episode 3 : Joshuu Shokei Jin Maria, Prisoner Maria : The Movie (1995), de Shuji Kataoka, avec Noriko Aota, Koji Shimizu, Tetsuo Kurata.

Le V-cinéma est un genre majeur au Japon, du moins d'un point de vue strictement quantitatif. Au niveau de la qualité, le jugement est plus sévère tant sont rares les films qui parviennent à representer un intérêt quelconque et à s'extirper des clichés du genre. Il faut dire que ces films sont réalisés à la va-vite, avec un budget minimaliste et des acteurs de seconde voire de troisième zone. Rares sont les véritables bons acteurs qui sortent du lot comme Sho Aikawa ou Riki Takeuchi. Et lorsque l'on s'intéresse au sous-genre des films de Girls with Guns - loin d'être mort puisque cette année deux films de la série Gun Crazy sont parus, on touche bien souvent le fond. Erotisme de pacotille, scénario bâclé et invraisemblable, scènes d'action qui souffrent du faible budget, ...
Pour qu'un film parvienne à s'élever au dessus de la masse, il n'y a donc guère de solutions. Jouer sur la provocation, la violence gratuite, le sexe, le mauvais goût, bref, jouer à fond la carte de la démagogie cinématographique et viser exclusivement le spectateur mâle adulte, le consommateur de vidéo par excellence. Constitué de deux épisodes TV et d'un film, la série des Prisoner Maria est un échantillon représentatif de ce genre très particulier de films de Girls with Guns. Inégale, bâclée, bancale, ratée et ennuyeuse seraient les principaux qualificatifs qui viendraient à l'esprit pour cette série si mon inclination pour le mauvais goût, l'action et les idoru japonaises ne prenait pas le dessus.

 

La série des Prisoner Maria, tout comme bonne série qui se respecte, fonctionne sur un principe simple, decliné de façons plus ou moins différentes au cours de la série. Maria donc, est une prisionnère - la raison n'est pas ici l'important, portant le numéro 206. Elle a un fils et les autorités - le gouvernement, utilisent ses services de tueuse - même si elle n'a a priori aucune raison d'être particulièrement douée pour ce métier, bien au contraire, afin d'éliminer physiquement des personnes - à la maniere de Zero Woman, en échange de la vie sauve pour son fils. Une fois de plus, l'inspiration Nikita n'est pas loin même si Prisoner Maria va plutôt puiser dans le répertoire national avec des films tels que la série des Sasori qui est l'influence la plus notable. Ce genre de grille de scenario extrêmement simple voire simpliste ne permet naturellement pas d'apporter de grandes variations de scénario d'un épisode à l'autre. Les trois films varient donc en fonction de l'actrice principale, du lieu de l'action, de la cible à éliminer et de la quantité de mauvais goût ajoutée.

Synopsis

Le premier épisode voit Maria se retrouver dans une prison thaïlandaise après que son fils est assassiné un policier par accident alors que sa mère se faisait violer... La pauvre Maria n'est pas au bout de ses peines puisqu'elle doit assassiner un parrain de la pègre locale, lui aussi japonais, mais ce doit être un hasard, en un temps limité sinon son fils sera abattu. Elle décide alors de s'inflitrer dans l'entourage de sa cible.

Dans le second épisode, Maria est de retour au Japon et doit s'arranger pour éliminer le fils d'un ambassadeur étranger (du Ogland !?!) dont le hobby, outre les trafics en tous genres, consiste à tirer, sans mauvais jeu de mot, des japonaises comme des lapins à partir de son 4x4...

Enfin, pour conclure, Maria est toujours au Japon et doit affronter la mafia taïwanaise, un tueur psychopathe bénéficiant de protections politiques et un docteur utilisant des procédés de contrôle mental. Tout le monde est plus ou moins uni face à Maria, seule contre tous.

Comme son titre l'indique, Prisoner Maria est évidemment une série évoquant la prison. Sans être des films de prison à proprement parler, les scènes dans l'enceinte même de la prison sont très limitées si ce n'est dans le premier épisode, les divers épisodes utilisent cependant nombre de scènes dont le genre, et plus particulièrement celui des femmes en prison, est coutumier. Crêpage de chignons, érotisme avec les fameuses scènes de douches ou des gardiennes lesbiennes qui profitent de leur autorité pour assouvir leur pulsions sexuelles et,enfin, idée de la transformation psychologique à la Nami devenant Sasori, sont des idées typiquement utilisées à divers degrés dans la série. C'est le second épisode qui se montre le plus complaisant au niveau érotique même si le premier épisode reste celui qui est le plus classiquement un film de prison.
Néanmoins, un trait commun aux trois films est la façon dont le personnage se transforme en prison. De la jeune fille innocente et faible au début du film, elle se transforme invariablement en tueuse impitoyable sur la fin. Cela est d'autant plus curieux et invraisemblable que les autorités font justement appel à elle pour ses talents, qui ne semblent pas si évidents au début du film. Maria partage la destinée dramatique voire tragique de nombreuses héroïnes du genre qui essaient désespérément d'aspirer à une vie tranquille mais qui sont toujours rattrapées par la fatalité. Tout comme dans Commando, seul un moyen de pression suffisamment convaincant permet à Maria de reprendre du service.

Curieusement, l'érotisme n'est finalement que très peu présent dans la série. Seul le second épisode se détache des deux autres, mais l'érotisme n'est le seul point sur lequel cet épisode affirme sa différence. Scènes lesbiennes en prison, sauteries du caïd et parfois les aventures amoureuses de Maria elle-même sont les principaux prétextes à quelques scènes dénudées. Le second épisode, toujours le même, est donc celui qui appuie le plus sur la pédale du sexe avec même une scène à l'imagerie SM lorsque Maria est séquestrée et violée par un caïd forcément pervers et sadique. Le dernier épisode offre quant à lui quelques scènes de déclinaison classique du couple sexe/sang avec la présence d'un tueur psychopathe particulièrement obsédé et violent.

Si l'érotisme présent dans la série ne présente guère d'intérêt - les pinku modernes sont nettement plus passionnants sur ce sujet, Prisoner Maria met plus l'accent sur les gunfights et diverses formes de violence. Et une fois de plus, le deuxième épisode est celui qui se montre, et de loin, le plus excessif. Voire totalement abject lorsque le méchant - visiblement un américain, s'amuse à chasser des japonaises au fusil à partir de son véhicule tous-terrains. Tirant sur l'une d'entre elle en pleine tête, il s'écrit "Shit, I hit her in the head", déçu de ne plus pouvoir se livrer à quelques tortures et autres plaisirs sexuels, ce à quoi n'échappe pas une autre victime qui est abattu d'un coup de fusil tiré dans le vagin après avoir été violée. Bon goût, quand tu nous tiens ! Une scène qui aurait sa place dans un film de Catégorie III de HK, sans nul doute ! Avec de plus une bonne dose de racisme latent, ce second épisode est donc le plus dérangeant de la série, ce qui fait également son plus grand intérêt - à prendre au dixième degré bien évidemment.
Outre une tendance à verser parfois dans le gore - les deux derniers épisodes surtout, l'essence même de la violence des Prisoner Maria se situe dans les scènes d'action, des gunfights pour la plupart bien que Maria apprécie tout particulièrement utiliser son énorme couteau - on ne peut pas ne pas penser à la symbolique phallique, qui fait passer celui de Rambo pour un Opinel de boy-scout. Elle se sert de son arme blanche pour dessiner quelques sourires sur la gorge de ses ennemis, provoquant bien sûr des geysers de sang, comme il se doit dans un film japonais. Scène récurrente, la fin des épisodes montre systématiquement Maria dans sa tenue noire moulante, couteau au clair après avoir trucidé nombre d'adversaires et prête à affronter, selon un principe progressif exploité par les jeux vidéos, le grand méchant.

Afin d'ajouter à l'impact des scènes de violence ou même érotiques, les films de la série ne sont pas exempts de romantisme cheap et de scènes bien mielleuses. Évidemment, la menace qui pèse sur le fils de Maria - que l'on voit toujours dans un jardin d'enfants, est la principale raison pour offrir des scènes horriblement ennuyeuses mais supposées provoquer quelques larmes chez le spectateur émotif. En fait, ces scènes toutes similaires, Maria n'étant autorisée qu'à regarder son fils de loin sans pouvoir l'approcher ni lui parler ni même être vue de ce dernier, sont parmi les plus exécrables de la série tant elles ne montrent aucune originalité. Le scénario se double même parfois d'une histoire amoureuse - épisode 3, offrant une profondeur dramatique assez appréciable à la manière du second épisode des Gun Crazy.

Le V-cinéma, une institution au Japon, n'a certainement pas dit son dernier mot en dépit de sa qualité générale très moyenne. Prisoner Maria est très représentatif de ce cinéma des années 90 qui n'avait pas tout à fait encore intégré des notions tel que le politiquement correct et laissait encore place à quelques débordements parfois jouissifs. Certes le Japon, tout comme HK, ont toujours été nettement plus laxistes que les occidentaux sur certains points qui peuvent heurter la conscience et la morale des spectateurs occidentaux, mais force est de constater qu'il y a eu un adoucissement des moeurs cinématographiques. Fini les excès des années 70-80 dans le cinéma et ceux des années 90 dans le V-cinéma. Cependant, la disparition de cet état d'esprit finalement très puéril a permis de voir l'émergence de films tout aussi dérangeants mais nettement plus subtils - de Visitor Q de Takashi Miike aux films de Kim Ki-Duk, par exemple, l'esprit de provocation et subversif du V-cinéma continue de souffler...

© Septembre 2002