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Master Q 2001

MASTER Q 2001

Herman Yau, 2001

avec Nicholas Tse, Cecilia Cheung, Alphonso Wong, Master Q, Mr. Potato, Mr. Nobody, Michael Chan, Wayne Lai, Alfred Cheung, Law Koon-Lan, Emily Kwan.

Brian Addav / Zeni


Brian Addav : Master Q, Mr Potato et Mr Nobody sont à la base des personnages de BD stars à Hong-Kong. Créés à l'origine par Alphonso Wong, ils deviennent grâce à notre cher Tsui Hark, les premiers vrais acteurs virtuels de Hong-Kong.
Et oui, j'ai bien dit virtuel. A l'instar du désormais classique Roger Rabbit, (faisant suite à Mary Poppins et Peter et Elliot le Dragon), Tsui Hark a apparemment décidé de nous gratifier d'un film mélangeant personnages réels et personnages animés.
A première vue, l'idée n'a rien de neuf, sauf qu'il s'agit ici de personnages de synthèse, purement informatique. Et autant dire que Tsui Hark, au travers de sa société d'effets spéciaux, et par l'entremise d'Herman Yau (inconnu pour moi, voir la critique de Zeni), mets la barre très haut.
Certes, la qualité du VCD ne nous permet pas d'admirer complètement la qualité des textures, et on pourra toujours dire que Toy Story est largement devant. Quoique. A bien regarder le film, on est bluffé sur de nombreux points. Les personnages sont très bien animés et disposent d'un répertoire d'expressions faciales incroyable. Mais où le film fait fort, c'est sur la confrontation monde réel et personnages virtuels. Là, le travail d'insertion est génial, presque naturel, et c'est ce qui fait la force du film, car il faut bien le dire, l'histoire ne suit pas vraiment….

Donc l'histoire. Ce cher Alphonso Wong décidant de s'octroyer quelques vacances, nos trois personnages de BD se retrouvent donc sans emplois, et livrés à eux même. Très vite, Mr Nobody, le plus lisse des trois personnages, décide d'accompagner le maître en vacances. Ne restent plus à Hong Kong que Master Q, un vieil érudit hyper expert en art martiaux, et son acolyte Mr Potato, antithèse du précèdent.
Très vite, ces derniers se mettent à la recherche d'un emploi, histoire de servir la société.
Et même si la présence de personnages animés ne choque nullement les citadins, force est de constater qu'on ne trouve plus de travail facilement, même si on sait tout sur tout. Et surtout si on est légèrement maladroit, voir pire. Et nos deux compères de déclencher catastrophe sur catastrophe, se retrouvant dans un drôle de sac de nœud. De leur faute, ils rendent un couple d'amoureux complètement amnésique, Mandy et Howard.
Mandy, professeur plus que jolie, se retrouve ainsi à la merci de sa mère, politicarde assez corrompue, qui voit là ainsi un moyen de marier sa fille et de se faire une grosse pub. Howard, flic de son état, devenu amnésique, ne gêne plus du coup le chef de la mafia locale. Mieux, suite à une autre bévue de nos deux compères, ce dernier voit en Howard son successeur, et décide de profiter de son amnésie pour le "former".
Après moult péripétie, tout finira bien, pour tout le monde.
Il aura fallu passer avant par les inéluctables morceaux de bravoures inhérents à ce genre de situation : course poursuite en voiture, affrontement avec les méchants, grand numéro musical et surtout un match de foot d'un niveau incroyable, les joueurs multipliant les talonnades et les feintes (Le ballon serait-il lui aussi animé ? ?).

Au final, un film de famille, divertissant, très formaté, avec un humour et une légèreté peut-être trop HK pour le public occidental. Mais force est de constater que d'un point de vue animation, ce film est à voir !

© Brian Addav Mai 2001

Zeni : De Herman Yau, on se souvient surtout de Ebola Syndrom, film polémique qui en a rebuté plus d'un, ainsi que de Untold Story, film non moins dérangeant par bien des aspects. Satisfait d'avoir assis sa réputation de réalisateur fou furieux, Herman Yau se lança dans la réalisation d'une série mémorable par sa nullité. A savoir les Troublesome Night qui sont déjà au nombre de neuf. Ayant visiblement abandonné le gore pour la comédie, Herman Yau a été l'heureux élu pour la réalisation de Master Q 2001, une production Tsui Hark, qui adapte à l'écran un célèbre comics de Hong Kong (de Alphonso Wong), en mélangeant personnages réels et personnages animés en 3D. Au-délà du véritable défi technique, quand est-il réellement de ce film sorti sur les écran pour Pâques 2001 à Hong Kong et destiné à tous les publics (dans un esprit similaire aux films du nouvel an) ?

Les personnages créés par Alphonso Wong (qui apparaît dans son propre rôle) sont très populaires à Hong Kong mais totalement inconnu au delà des frontières de l'ex-colonie britannique. Les trois personnages principaux sont Master Q, un maître du Kung Fu, de Feng Shui et autres techniques ancestrales ; Mr. Potato, un petit bonhomme glouton, court sur pattes et à la tête énorme et Mr. Nobody, que l'on qualifiera de personnage le plus "normal" tant par son apparence physique que par son comportement. Il faut dire qu'il n'apparaît qu'assez peu dans le film, laissant la part belle au duo Master Q / Mr. Potato, pour ce qui est des personnages animés, et au couple Nicholas Tse / Cecilia Cheung pour les personnages réels.

Master Q 2001 part du cas classique des personnages de bande dessinée qui se retrouvent au chômage. En effet, Alphonso Wong, leur créateur, a décidé de s'offrir une retraite bien méritée. Les trois amis (Master Q, Mr . Potato et Mr. Nobody) se retrouvent donc contraints de trouver un nouvel emploi. Au cours de leurs recherches, Mr. Potato et Master Q provoquent un accident qui fait perdre la mémoire à Mandy (Cecilia Cheung), une institutrice, et à son petit ami Howard/Fred (Nicholas Tse), un policier. Or, Howard/Fred a été désigné, par un prêtre arnaqueur, comme le fils qui apportera le bonheur, et surtout la réussite, à Kam, un mafieux, qui fait tout pour avoir Howard/Fred à ses côtés. De son côté, Mandy, qui est la fille d'une parlementaire du parti "Demonist" est victime de cette dernière qui veut la marier de force et profiter de cette affaire à des fins politiques. Tout ce beau monde va donc se courir les uns après les autres tandis que Mandy et Howard/Fred tentent de retrouver qui ils sont vraiment. Et la présence de la paire d'excités que sont Mr. Potato et Master Q ne va pas arranger les choses…

Venons en tout de suite aux effets spéciaux. Force est de constater qu'ils sont tout simplement impressionnants, surtout pour Hong Kong, qui nous a plus habitué soit à des effets minables (par faute de budget en conséquence), soit à la surenchère (non maîtrise des technologies). Si l'intégration de personnages animés dans un film ne date pas d'hier (Qui Veut la Peau de Roger Rabbit ?), celle de l'animation 3D est plus récente et demande beaucoup plus de compétences. Certainement qu'en se cantonnant à la production, Tsui Hark a évité que Master Q 2001 ne devienne qu'une bouillie informe d'effets numériques (même si on retrouve les tics du réalisateurs à plusieurs reprises).
Car ce qui surprend, c'est bien le relatif sérieux avec lequel ont été conçus et intégrés les personnages numériques. En évitant trop d'effets propres aux dessins animés et donc surréalistes ou irréels (on notera tout de même un clin d'œil assez drôle à Zu), les concepteurs rendent extrêmement convaincants ces personnages virtuels qui n'ont pas à rougir devant leurs confrères en chair et en os. Ils deviennent donc presque (mis à part leur apparence physique) des acteurs à part entière, ce qui est renforcé par le flashback à propos de l'aventure amoureuse ratée de Master Q. Ces personnages sont certes des animations, ils n'en n'ont pas moins des sentiments, au moins aussi forts que ceux éprouvés par les véritables acteurs.
Et techniquement, certaines scènes sont très réussies et fluides, les interactions entre les personnages réels et animés sont très réalistes, comme lors du match de football, par exemple.

Du côté du scénario, c'est principalement sur le rythme qu'à misé Herman Yau. A défaut d'être véritablement très comique, cette comédie est survoltée. Pas un seul temps mort ni de longueurs, il arrive même que l'on décroche parfois devant la vitesse de défilement des sous-titres. Heureusement, l'histoire n'est guère compliquée à suivre et l'on raccroche assez vite. C'est finalement en l'absence des personnages animés que le film est le moins percutant. Nicholas Tse surtout, s'avère plutôt fade et semble un peu largué tout au long du film. Evidemment, on ne peut échapper au passage chanté (tout le monde s'y met, avec chorégraphie en sus), mais tout cela est bien rattrapé par les facéties de Mr. Potato.
Outre le comique très visuel liés à ce dernier et à son compagnon Master Q, le comique du film réside dans une suite (littéralement) de critiques de diverses institutions. Si la critique est plutôt simpliste et pas très caustique, elle n'en est pas moins bel et bien présente. Ainsi sont caricaturés (et, peut-être, retrouve-t-on là l'un des traits du comics original) la police, les médecins, les politiques, les triades, les jeunes, les relations parents/enfants…

En choisissant de ne pas trop en faire, Master Q 2001 se révèle une des réussites de cette année 2001, pour le moment plutôt catastrophique. Il prouve qu'avec un certain sérieux et une bonne maîtrise, Hong Kong peut rivaliser aisément avec le géant américain. Il est évident que le succès ne sera certainement que local (choix des personnages et ton de l'humour) mais si on s'en tient à un jugement purement technique, Master Q 2001 mérite bien plus que les acclamations du public de Hong Kong.

 
© Mai 2001