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Godzilla vs. Mechagodzilla

GODZILLA vs. MECHAGODZILLA

Masaaki Tezuka, 2002

avec Yumiko Shaku, Shin Takuma, Akira Nakao

26ème Godzilla, 4ème Mechagodzilla et second Godzilla pour Masaaki Tezuka qui a déjà réalisé Godzilla vs. Megaguirus en 2000 et a été assistant réalisateur sur le Godzilla vs. Mechagodzilla de 1993. Véritable institution au Japon, il faut cependant reconnaître que les Godzilla de ces dernières années ont été plutôt décevants. Incapables de renouveler vraiment la formule, nombre de réalisateurs n’ont jamais pu atteindre ne serait-ce que la cheville des films de Honda. Présenté au Tokyo International Film Festival, ce nouvel épisode tente bien que mal d’offrir un peu d’originalité. Bourré de bonnes idées, le film manque pourtant d’une véritable volonté de s’affranchir d’un passé très pesant.

1999, Godzilla vient à nouveau visiter le Japon. Les armes qui avaient servi à l’éliminer dans le passé sont soit inutilisables, comme l’arme de 1954 dont le secret a été enterré avec son créateur, soit inefficaces à l’image du Maser Gun. Le gouvernement décide alors de mettre d’énormes moyens scientifiques et financiers dans la construction d’un monstre robot à partir de l’ADN du Godzilla de 1954 dont le squelette a été retrouvé. Similaire au monstre vivant mais doté d’une puissance de feu redoutable et d’ordinateurs fonctionnant grâce à l’ADN de Godzilla, Mechagodzilla doit permettre d’éliminer la menace. A peine le monstre en état de marche, quatre ans après sa mise en construction, que le Godzilla en chair et en os fait à nouveau son apparition.

Ce nouveau film représente bien le dilemme auquel chaque réalisateur et surtout scénariste d’un nouveau Godzilla est confronté. Il doit à la fois injecter un tant soit peu de nouveauté tout en restant respectueux du mythe. D’un côté, Godzilla vs. Mechagodzilla multiplie les référence claires, par des extraits, aux films/monstres passés (Godzilla apparaît donc comme une menace récurrente semblable à un séisme, et en tuer un ne signifie pas l’élimination de la menace) en même temps qu’il tente d’intégrer le monstre à l’époque actuelle. Ainsi, les références à la politique nationale actuelle du Japon sont nombreuses notamment lorsqu’il est question du financement du projet. Malheureusement tous ces efforts d’originalité sont annihilés par un discours infantile, probablement lié au fait que la cible des Godzilla a changé et que les films s’adressent désormais principalement aux enfants. La présence d’une enfant comme un des personnages principaux n’est d’ailleurs pas étrangère à ce fait. Ecrasé par les bons sentiments et les propos écologistes ou pacifistes à deux francs, les aspects les plus intéressants du film sont plus que rares.
L’un d’eux reste sans aucun doute la première confrontation entre les deux monstres. Construit en utilisant l’ADN de Godzilla, le monstre d’acier se retourne contre ses créateurs. L’idée est passionnante mais bien vite enterrée. Les créateurs se contentent d’attendre que les batteries se vident et réparent l’engin dans la foulée…
Embaumée dans son propos infantilisant et mélodramatique, le film oscille entre idées originales et d’autres plus douteuses. L’humour présent par l’intermédiaire d’un acteur/joueur de base-ball dans la vraie vie comme dans le film reste très limité au Japon mais on peut s’amuser de voir le Premier ministre, en dépit de l’ampleur de la menace, hésiter à couper l’électricité dans Tokyo. Le film fait parfois référence à Top Gun mais devient très équivoque lorsqu’un des pilotes joue au kamikaze sur Godzilla.
Et si l’habitude veut que le(s) monstre(s) soit la véritable vedette du film, il se la fait ici voler par l’actrice principale, pilote de Mechagodzilla dans le plus pur style Goldorak. Révélée dans le pourtant très médiocre Princess Blade (Shurayuki Hime), Yumiko Shaku est de loin l’actrice qui s’en tire le mieux. Bien que ne changeant guère de registre, elle est tout à fait parfaite dans ce rôle de femme forte. Femmes qui jouent d’ailleurs un rôle important dans le film, sans être simplement réduites à des rôles de pots de fleurs.
Enfin, il est difficile de parler de Godzilla sans évoquer un tant soit peu les effets spéciaux. Ceux de Godzilla vs. Mechagodzilla sont de bonne qualité quand le besoin s’en fait sentir et savent se faire discrets lors des habituels combats entre monstres. On retrouve un même plaisir inégalé, et sans cesse renouvelé, à voir ces géants se projeter mutuellement dans les airs au beau milieu de Tokyo, traversant les buildings et jouant avec les engins de l’armée comme avec des jouets.

Godzilla vs. Mechagodzilla n’est certainement pas un grand film, même si on se limite à la série elle-même. Pourtant, il est tout à fait possible d’y trouver un certain plaisir, notamment pour les amateurs a priori du genre. On attend cependant encore de voir un jour un véritable réalisateur de talent et un scénariste doué prendre les choses en main. Mais il faudra alors vaincre les réticences de la Toho, certainement plus à l’aise dans une certaine forme de conservatisme. Mais n’est-ce pas après tout préférable ?

© Novembre 2002