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Memento Mori

MEMENTO MORI

Kim Tae-yong & Min Kyu-dong, 1997

avec

Film curieux que ce Memento Mori qui utilise les techniques propres aux films fantastiques pour finalement abordé un sujet n'ayant rien à voir avec ce genre mais surtout, en y évacuant tout élément véritablement fantastique pour ne garder qu'un sujet central : l'homosexualité.

Dans un lycée de filles, une adolescente, Min-ah, découvre un journal intime qui lui dévoile la relation très particulière entre deux lycéennes. Mais peu après une des deux amantes se suicide en se jetant par la fenêtre. Min-ah est bientôt sujette à des hallucinations tandis que l'amie de la suicidée de semble aucunement affectée par les événements tragiques.

Tout au long du film, les deux réalisateurs utilisent des effets propres aux films fantastiques pour créer une ambiance étrange principalement par le décalage entre la forme et le propos qui n'a absolument rien de fantastique. Effets de caméra - flashs, mouvements rapides, techniques pour surprendre le spectateurs qui plus d'une fois, fait un bond de surprise sur son siège, ou phénomènes ressentis comme étranges - portes qui refusent de s'ouvrir, ampoules qui explosent sous l'effet de la foudre, fausse télépathie, effets gore..., tout est mis en place comme pour détourner l'attention sur le coeur du film : l'homosexualité féminine. Homosexualité et surtout histoire d'amitié qui tourne à l'obsession pour l'une d'elle qui voue un véritable culte à son amie.
En prenant pour sujet le passage difficile de l'adolescence dans un lycée de filles, les réalisateurs trouvent là un terrain idéal pour exprimer les doutes, peurs et sentiments ambigus de toute adolescente éprouvant les premiers émois amoureux. Celle qui plus tard se suicidera a même une relation avec un professeur beaucoup plus âgé. L'originalité du film est donc cette façon de retranscrire ces sentiments complexes et mêlés par un traitement fantastique. Un pari esthétique totalement réussi car jamais les réalisateurs ne s'éloignent trop du véritable sujet en accordant une importance de premier plan aux difficultés des amantes à d'une part assumer leur homosexualité - du moins pour l'une d'elles, et surtout de la faire accepter aux autres lycéennes. Elles sont en effet l'objet de quolibets et d'une homophobie latente mais bien réelle s'exprimant par la haine, le rejet ou la jalousie.
En outre, la description du milieu fermé que constitue le lycée non mixte dont on ne sort jamais ou dont on a du mal à sortir comme dans la scène finale où toutes les portes sont closes, provoquant la panique, est une réussite. Entre la vie sentimentale des lycéennes, leurs jeux parfois cruels voire un cynisme né de la jalousie et la lutte pour se faire à la fois accepter et respecter, tout y est décrit avec intelligence et réalisme. On rit souvent des petites préoccupations futiles des jeunes filles : complexe de taille, de grosseur de poitrine, ... La métaphore du lycée comme le passage de l'adolescence duquel il faut bien se résoudre à sortir un jour, imprègne le film toute sa durée avant une spectaculaire scène finale de panique et mouvements de foule.

Memento Mori est censé être la suite d'un film fantastique appelé Whispering Corridors et d'ailleurs Memento Mori n'est que le sous titre du film véritablement titré Whispering Corridors 2. Mais on comprend aisément pourquoi la référence à l'origine fantastique a été gommée tant on s'éloigne de ce genre pour n'en utiliser que certaines astuces et une esthétique nouvelle pour un film très subtil sur l'homosexualité et surtout sur l'adolescence.

http://www.mementomori-lefilm.com/

© Décembre 2000 /Avril 2002