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L'oiseau qui suspend son vol

L'OISEAU QUI SUSPEND SON VOL (The Bird Who Stops in the Air)

Jeon Su-Il, 1999

avec Seol Gyeong-Gu, Kim So-Hee.

Avec ce premier long métrage qui s'interroge sur le couple et l'amour, Jeon Su-il démontre que Taïwan et le Japon n'ont pas le monopole du genre.

Cette obsession du cadre chez certains réalisateurs asiatiques est tout de même une chose curieuse. Déjà fortement présente chez le japonais Suwa (M/Other) ou chez le taïwanais Edward Yang (Yi Yi), on la retrouve ici chez le coréen Jeon Su-il. Un réalisateur coréen issu du court métrage et qui fait une entrée remarquée avec son premier long métrage, L'oiseau qui suspend son vol.

Kim, professeur de cinéma solitaire et célibataire endurci, cherche à réaliser un film sur les oiseaux, thème qui l'obsède depuis son enfance. De son côté, Hong Yee, institutrice, est amoureuse de Kim et désire de celui-ci qu'il prenne enfin une décision sur l'avenir de leur couple.

Si d'un point de vue purement technique, Jeong Su-il se rapproche fortement de Suwa ou d'E. Yang, avec également un goût prononcé pour le plan fixe, c'est finalement plus du taïwanais qu'il est proche par rapport aux thèmes abordés. On pense notamment à Confusion chez Confucius.
En pleine crise sentimentale et au tournant des 40 ans, les personnages de Kim et Hong Yee nagent en pleine confusion. Kim semble poursuivre un but inexistant qui n'est qu'un vague prétexte pour revenir sur son enfance et réaliser un travail sur lui même. Il fuit responsabilités et engagements, se laissant vivre, cherchant en lui les raisons de continuer. Hong Yee, quant à elle, se voit vieillir et est effrayée à l'idée d'être seule. Elle aimerait épouser Kim mais ce dernier se dérobe sans cesse. Par peur, elle n'hésite pas à avoir une relation purement sexuelle avec un jeune homme, donnant lieu à une superbe scène, toute emprunte d'un cruel pathétisme.
La différence entre les générations est l'autre grand thème du film. Plusieurs scènes viennent mettre l'accent sur la rupture, l'absence de communication et une certaine incompréhension réciproque plus qu'un conflit, entre les différentes générations. Une scène dans le métro avec des personnes âgées, la rencontre d'une nuit de Kim avec une jeune fille après un concert dans un bar, Kim et ses élèves, tout semble amener au fait que Kim et Hong Yee sont dans une période charnière, ni jeunes ni vieux. Célibataires, Hong Yee ne supporte plus cette situation tandis que Kim semble vivre avec, sans pour autant y trouver le bonheur. La vue d'un chat agonisant fera prendre conscience à Hong Yee de l'urgence à se trouver un compagnon. Elle poussera Kim à prendre une décision, qui une fois de plus, se dérobera.

Un film amer, parfois cruel et pathétique, qui bénéficie d'une mise en scène qui fait montre d'une grande sobriété et d'une maîtrise indéniable. Peut-être moins ambitieux que Suwa avec M/Other, Jeong Soo-Il fait preuve d'un grand talent et d'une rara subtilité dans son approche du sujet et des personnages, par ailleurs superbement interprétés. Sans sentimentalisme et avec un ton toujours juste.
Un réalisateur à surveiller de très prés.

images : www.asiandb.com

© Juin 2001