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Organ

Kei Fujiwara est plus connue en tant qu'actrice principale de Tetsuo de Shinya Tsukamoto. Elle est née en 1957 est poursuit une carrière sur les planches. Organ est d'ailleurs initialement une pièce de théatre pour sa troupe d'avant garde Organ Vital.

On retrouve Kei Fujiwara en tant qu'actrice dans Organ.

Kei Fujiwara, 1996

Cas plus que rare dans le cinéma japonais et surtout dans ce genre très particulier qu'est le cinéma hyper violent et sanglant, Organ est la réalisation d'une femme, Kei Fujiwara. Elle se montre néanmoins tout aussi barge que ses confrères masculins et fait de Organ un des fleurons du genre.

Par Organ, il faut bien sûr comprendre organe mais également organique. Le film est emprunt tout du long de cette ambiance organique sous diverses formes. Chair mise à nue, chrysalides des papillons du biologiste, végétaux, corps mutilés abandonnés en forêt ou dans une rivière, toutes ces représentations de la matière organique se mélangent sans cesse provoquant d'horribles résultats. Là où Tetsuo (Shinya Tsukamoto) s'intéressait au mélange chair (vie) / matière minérale (mort) à la manière mais dans une moindre mesure de Cronenberg dans Crash ou Vidéodrome, Organ s'intéresse uniquement à la matière vivante mais on est plus souvent proche du pourrissement que de la vie. A moins que la mutation ne soit perçu comme synonyme de vie. Que ce soit la propre mutilation du biologiste sous forme d'un énorme kyst purrulent à ses expériences morbides sur un policier (amputé des bras et des jambes, il est placé dans une serre remplie de végétaux), tout est dégradation, pourriture, fermentation, mutilation, mutation....

Si ce thème organique représente le thème principal du film, celui-ci, dans sa dernière partie, s'oriente plus vers le polar sanglant, violent et complétement barré. On est extrêmement proche de l'univers de Miike dans son Fudoh. Violence gratuite, excés en tous genres, et yakusas non plus simples hors-la-loi se livrant à des activités crminelles "traditionnelles" mais psychopathes fous furieux faisant profit de trafiques d'organes récupérés de manière quelque peu forcée.

Dans cet univers à part personne n'est "normal". Du policier enquêteur traumatisé par ce qu'il a découvert aux yakusas psychopathes en passant par les collègues policiers violeurs, tout n'est que perversion. Tout comme Miike utilisait dans Fudoh un univers de film de yakusa en le pervertissant, Fujiwara utilise de même des icônes caricaturales du Japon en poussant la logique de destruction à l'extrême. Sexualité bizarre (inceste, mutilation, mélange sexe/souffrance), lycéennes massacrées, surveillante "hentai" (freak), bains de sang, vivisection...

Organ est une expérience cinématographique extrême (mais pas vraiment expérimentale comme peut l'être Guinea Pig) qui mélange polar classique (vengeance, enquête policière, yakusas) avec expérimentation cinématographique (thématique de l'organique, scènes oniriques superbes comme cette femme sortant d'un cocon) pour un résultat stupéfiant. Moins ludique que Fudoh, Organ ne se veut pas seulement un polar extrême et choquant, c'est avant tout une tentative de faire du cinéma autrement, sans contraintes et sans limites. Un descente dans ce que l'âme humaine recéle de plus horrible.

Organ prouve définitivement que personne n'arrive à la cheville des réalisateurs japonais quand il s'agit d'aller toujours plus loin. Si parfois les tentatives paraissent vaines et gratuites, c'est grâce à eux que de nouveaux terrains cinématographiques sont défrichés. Organ est une véritable réussite.

 

© Décembre 2000