Brian Addav : Film plus qu'intéressant que ce PepperMint Candy, remarqué à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, et que nous avons la chance de voir au Forum Des Images. Intéressant pour son propos, son fond, et surtout sa forme, déstructurant les formes narratives habituelles. Ce film raconte donc l'histoire de Youngho, où plutôt déraconte, depuis le dénouement jusqu'à l'origine, ou la cause de tout. Nous découvrons donc Youngho, proche de la quarantaine, qui déboule dans une réunion d'amis "on s'était dit rendez-vous dans vingt ans. ". Passablement bourré, on devine qu'il est mal en point. Impression confirmée quand il se laisse écraser par un train… Tout en criant "Je reviens… ". Et débute un retour en arrière, par étape successive, pour remonter à la source du pourquoi. Chaque saut dans le temps étant représenté par une vue depuis l'arrière d'un train, vue passé à l'envers, car nous remontons le temps, comme dit plus haut. La poésie des oiseaux volant à l'envers, des fleurs remontant aux arbres, ajoute une touche remarquable à l'ensemble. Première étape dans ce périple dans le temps, trois jours plus tôt. On y découvre un Youngho ruiné, divorcé, prêt à se suicider, qui se rate, essayant de tuer son associé, le ratant… Mais surtout, retrouvé par le mari de son premier amour. Premier Amour, Yun Su-mi, qui se meurt, et qui tenait à le revoir une dernière fois, et qui sombrera dans le coma avant. On comprend alors que Youngho n'aurait jamais dû la quitter, ce dont il se rend compte, et le pousse ainsi à la première scène. A partir de là, nous remontons le temps avec Youngho, traversant les principales étapes de Youngho dans vie. Sa vie de président de société, avec son couple qui bat de l'aile, sa vie dans la police, ses débuts dans la police, l'armée, et le tout début avec son premier amour. Et tout au long de cette remontée, va se définir le véritable portrait de Youngho. Jeune homme qui a prix le mauvais chemin depuis longtemps. C'est la seule chose dont nous soyons certains dès le début, il s'est trompé, et depuis va de faux en faux, s'enfonçant dans son erreur, semblant impassible au fait qu'il est trompé. Dans ses moments de folies, pris de boisson, lors des interrogatoires musclés, il perd un peu la boule et revient toujours à l'idée de revenir quelque part, de faire demi-tour. Ne nous sont présentés que les conséquences des actes de Youngho. Conséquence majeure dans sa vie, ou petit rien qui la conditionnent quand même. Seules les séquences suivantes (ou précédentes…) apportent les réponses, après coup, sur ces actes. Sauf une. La scène où il refuse l'amour de Yun Su-Mi. Où, définitivement, il renonce au bonheur, fait le mauvais choix... Serait-ce à cause de son accident à l'armée ? Cette nuit, où blessé lors d'une émeute, il abat accidentellement une jeune lycéenne qu'il a prise précédemment pour Yun Su-Mi ? On ne sait. Quand arrive la dernière scène du film, la première. Nous découvrons Youngho et Yun qui se rencontrent pour la première fois, lors d'un pique-nique, au même endroit où 20 ans plus tard, il se donnera la mort. Nous voyons deux jeunes gens, qui se découvrent amoureux, timidement. Puis Youhgo qui se met à l'écart du groupe, s'isole sous ce fameux pont. Et pleure, comme s'il pressentait sa fin future. Et là, nous avons peur de comprendre. Youngho, tout au long de sa vie, s'est toujours mis de lui-même à l'écart des autres, à l'armée, dans la police, dans sa société, sa famille… Délibérément ? Même en amour, il semble avoir refusé de croire au bonheur possible avec Yun Su-Mi. C'est peut-être ce qu'il découvre à la fin (au début). Qu'il est seul responsable de sa déchéance ? Qu'il a pris le mauvais chemin depuis le début, sciemment, volontairement. Et c'est peut-être là le pire…être là le pire… Un dernier mot sur la narration, cette marche inéluctable vers le commencement nous implique d'elle-même dans la grave déchéance de Youngho. Nous rebondissons d'événement en événement, comprenant toujours après coup, avec un temps de retard, les raisons d'agir de Youngho, nous rapprochant de lui de manière forcée… A voir quand il sortira en salle.