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Pistol Opera

Pistol Opera

Seijun Suzuki, 2001

Avec Makiko Esumi, Sayoko Yamaguchi, Hanae Kanh, Masatoshi Nagase, Kirin Kiki, Haruko Kato, Kenji Sawada, Mikijiro Hira.

Après Fukasaku, voici le retour d'un autre grand du cinéma japonais. Seijun Suzuki s'est connaître pour ses films de yakusas ou policiers caractérisés par une stylisation poussée à l'extrême et un esthétisme très particulier qui emprunte à la série B tout comme à la Pop Culture et à Godard, comme on me l'a suggéré. Et comme si le roi s'était fait voler sa couronne, il revient prendre sa revanche et son dû avec un film qui est un opéra baroque de tueurs qui effectuent leur besogne avec style !

L'histoire est celle d'une tueuse à gages (la délicieuse Makiko Esumi, ex-modèle populaire dans son pays) nommée Neko (chat) qui livre bataille à d'autres tueurs et est sous les ordres d'une mystérieuse femme masquée. Neko est également suivie par une jeune fille portant un lampion.

Pistol Opera est un régal pour les yeux. Seijun Suzuki, bien que situant visiblement l'action dans le Tokyo contemporain, se détache de tous repères de temps tout comme de lieu. A la manière d'une représentation théâtrale, les décors ne cessent de changer, devenant souvent de véritables décors en carton-pâte - une théatralisation parfois très similaire à celle de Le Lézard Noir. L'atmosphère générale reste cependant ancrée dans la culture pop des années 60 avec un ton étrange qui rappelle les série britanniques The Avengers ou The Prisonner. Les couleurs vives (jaunes, bleus et rouges à foison), les décors hallucinants (forêt de bambous, décors urbains, campagne) , les méchants typés (un assassin en fauteuil roulant ou un cowboy nippophile amateur de théâtre japonais), les styles vestimentaires ou la gestuelle des personnages, tout est pensé pour le style et uniquement le style. L'éclairage, les effets de caméra, rien échappe à une stylisation extrème, poussée jusqu'à sa propre destruction. Le Bava d'Operazione Paura ou de Diabolik n'aurait pas renié un film comme Pistol Opera.
Mais Suzuki va plutôt puiser dans le cinéma japonais qui très tôt a pris goût pour un ésthétisme baroque comme on peut le trouver dans Female Convict Scorpion.
On peut évidemment reprocher à Suzuki de ne pas avoir évolué depuis Branded to Kill dont Pistol Opera se veut la suite. Peut-être y-a-t-'il du vrai là dedans. Mais c'est réalisé avec un tel style - décidemment le maître mot de cette chronique mais c'est également celui du film, qu'on ne saurait lui en vouloir. Un film certes totalement démodé - et c'est assumé, et pourtant d'une indubitable modernité. Avec Pistol Opera, Suzuki affirme a posteriori la modernité de sa filmographie. On appelle cela un coup de maître.

Miike passe pour un réalisateur complétement barré. On aurait cependant tort d'oublier que la folie est depuis longtemps un élément constitutif du cinéma japonais de série B et d'exploitation. Suzuki en est la preuve.

Note : ce film a été vu en version originale non sous-titrée.

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© Décembre 2001