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Que la barque se brise, ...

QUE LA BARQUE SE BRISE, QUE LA JONQUE S'ENTROUVRE

Rithy Pahn, 2001

Les cinéastes cambodgiens ne sont pas légions à avoir un écho au delà de leurs frontières. Dans ce pays meurtri, seul Rithy Pahn, grâce à sa proximité avec la France, a pu obtenir à la fois une certaine reconnaissance mais également des financements pour ses films. En attendant son documentaire sur les responsables Khmers Rouges qu'il tourne en ce moment même au Cambodge, Rithy Pahn continue son travail de mémoire en s'intéressant cette fois aux communautés cambodgienne et vietnamienne à Paris.

Bopha, une riche immigrée cambodgienne patronne d'un restaurant et accroc au jeux d'argent, rencontre Minh, un immigré vietnamien, chauffeur de taxi la nuit et livreur le jour, également passionné de jeux d'argent. Une relation s'en suit, marquée par les jeux d'argent et les traumatismes respectifs des deux amants.

Entièrement tourné à la caméra numérique, dans des lieux réels et des comédiens visiblement amateurs, Que la barque... est fortement marqué par une volonté de réalisme. Si ce point est extrêmement convaincant et pour lequel Rithy Pahn trouve toujours le ton approprié pour évoquer des sujets douloureux sans jamais tomber dans le larmoyant démonstratif, on reste nettement plus septique quant à l'aspect fiction.

Cette volonté de créer absolument une histoire tombe souvent à l'eau est semble trop souvent artificielle. Elle ne correspond ni au ton général du film, ni à la technique utilisée. Technique qui permet pourtant des moments d'une force incroyable, que ce soit dans la description des conflits de générations ou ce superbe passage qui voit le témoignage d'une grand-mère cambodgienne. Scène d'une puissance émotionnelle inouïe, témoignage sans fard d'une horrible réalité.

Film étrange et décalé par rapport aux productions habituelles, Que la barque... nous rend impatient de découvrir le documentaire à venir de Rithy Pahn.

© Mars 2001