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Rainy Dogs

RAINY DOGS

Takashi Miike, 1997

avec Aikawa Sho, Gao Mingjun, Chen Xianmei, He Jianxian, Li Liqun, Zhang Shi, Tagushi Tomoro

Zeni / Brian Addav

Brian Addav : Premier film présenté dans le cadre de l' " hommage " à Takashi Miike, celui-ci aborde un terme ultra-classique, et comporte des éléments propres à l'univers de Miike, que l'on pourra retrouver dans Fudoh et Audition. Personnages décalés dans leurs univers et société propre, fin à la " on ne s'y attendait pas mais il a quand même osé ! " Seule grosse critique du film, son titre français, sachant que le titre anglais " Rainy Dogs " colle beaucoup mieux.

Petit film très sympa, nous suivons ici le périple d'un tueur à gages " exilé " à Taipei le temps que les choses se calment au Japon. Comme il n'est pas en vacances, il en profite pour travailler pour le Boss du coin. Malgré la nostalgie de son pays natal, Yuji s'acclimate apparemment pas trop mal à Taipei. Jusqu'à ce qu'une de ses ex ne lui refile le fruit (réel ?) de sa progéniture, muet. Yuji ne cherche pas tellement à assumer son rôle de père, laissant le jeune Cheng le suivre, partout, s'en se soucier de lui.

C'est clair qu'on ne peut s'empêcher de penser à L'été de Kikujiro, de Kitano. Mais avec un développement fort différent. Juste avant un contrat, Yuji rencontre une prostituée, passe quelques heures avec elle. Et à partir de là , les événements prennent une autre tournure. Lors de l'exécution du contrat, Yuji se laisse tenter par une grosse somme d'argent, la vole. Puis prend la fuite avec la prostituée et le gamin. S'ensuit un petit road-movie dans la campagne de Taipei. Yuji se sent enfin vivre une vie normale, avec une cellule familiale recrée de toute pièce. A la place du polar classique qui nous était proposé au début, nous assistons à ce en quoi le cinéma asiatique est devenu familier de nos jours, des scénettes de la vie de tous les jours, moments de vies, de bonheur, simples, remarquables.

Mais comme tout bonheur, celui-ci ne durera pas et nos héros se feront rattraper par les méchants. Et là on découvre un des traits particuliers de Miike, la non-concession aux canons du genre. Il n'hésite pas à faire tuer la prostituée et à mettre en péril la vie du gamin. Tout finira dans un bain de sang. Pour son final, Miike ne nous épargne aucunes grosses ficelles, le briquet stoppant la balle, le gamin sauvant la mise de son père en retrouvant la voie. L'irruption d'un troisième protagoniste, croisé au début du film et qu'on avait oublié. Mais ça passe. Les ficelles sont grosses mais Miike sait les dérouler de manière naturelle !

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Zeni : L''un des intérêts à aller voir un film de Takashi Miike est certainement le fait que l'on ne peut être que surpris tant ses films sont différents. Après le manga live (Fudoh), Miike s'attaque au polar mais d'une façon déconcertante. Un peu comme si Hou Hsiao Hsien faisait dans le gunfight !

Yuji est un yakusa qui a fui le japon et se retrouve à Taipei. Il y travail comme homme de main et vit dans un appartement miteux, totalement indifférent à ce qui l'entoure. Même lorsque qu'une ancienne maîtresse lui confie son fils présumé, Cheng, un jeune garçon muet. Suite à une guerre de gangs et à l'arrivée d'un tueur à gages japonais, les choses s'enveniment et Yuji va rencontrer une jeune prostituée.

Tourné entièrement à Taipei et en mandarin avec des acteurs locaux, Rainy Dogs est souvent très proche des films taïwanais sans pourtant en être une pâle copie. Un peu comme J.P. Limosin avait filmé avec un oeil étranger la ville de Tokyo, Miike se sert de son oeil japonais pour filmer Taipei, ville chinoise qu'il semble aimer véritablement à la manière du tueur à gages japonais déclarant en urinant son amour pour cette ville. On est cependant loin du reportage touristique et c'est plutôt l'envers du décor que nous montre Miike. Petites rues, maisons crasseuses, impasses dégueulasses, pluie incessante, foule indifférente, plage qui ressemble plus à une décharge, on est loin de l'image idylique !

En se servant d'un pretexte de guerre des gangs, Miike ne cherche pas réellement à raconter une histoire. Celle-ci d'ailleurs est évacuée en quelques plans à la fin et d'une manière classique, sans surprise. L'intérêt se situe au niveau de la peinture des petits truands et surtout de la ville même. C'est avec un indéniable talent et une sensibilité très taïwanaise que Miike filme la ballade muette de Yuji, Cheng et de la prostituée. Comme pour mieux déclarer son amour de façon éclatante, on retrouve certaines scènes chères aux cinéaste taïwanais : l'eau, la pluie omniprésente de Tsai Ming Liang ou la ballade en scooter de Hou Hsiao Hsien.

Mais Miike possède un talent qui lui permet de se détacher de ces références et on ne peut qu'admirer certaines scènes comme la poursuite à pied entre Yuji et le tueur à gages ou les scènes sous la pluie. Une beauté souvent contemplative qui fait ressortir le sort des personnages. Tous sont comme pris au piège d'une ville qui agit comme une toile d'araignée. Certains sont venus s'y faire prendre plus ou moins par hasard (Yuji, le tueur japonais), d'autres sont définitivement incapable de s'en échapper (Cheng, la prostituée malgré ses rêves). La prostituée qui rêve de quitter Taipei se crée une page internet personnelle, moyen qu'elle espère être sa porte de sortie mais qui sera sa perte et dont la virtualité n'a à envier que celle de ses ambitions. Un sentiment d'inexorabilité à la manière des bulletins météorologiques annonçant sans cesse des averses.

Magnifique de bout en bout, Rainy Dogs déçoit un peu lors du dénouement final par l'utilisation de ficelles un peu grosses et attendues. Miike a certainement voulu donner une histoire et surtout une conclusion claire à son film dont il aurait pu se dispenser à la manière du Goodbye Soouth, Goodbye de Hou Hsio Hsien. Mais l'ensemble est d'une beauté réaliste telle que l'on peut dire que Miike a réussi son pari : nous donner envie d'aller à Taipei !

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