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Rashômon

RASHÔMON

Akira Kurosawa, 1950, N&B

avecToshirô Mifune, Machiko Kyô, Masayuki Mori, Takashi Shimura, Minoru Chiaki, Kichijiro Ueda, Fumiko Honma, Daisuke Katô.

S'abritant de l'orage sous les ruines de la Porte des Démons (rashômon), un passant démuni rencontre un prêtre et un bûcheron qui viennent de témoigner dans une histoire de meurtre. Ces derniers lui racontent le procès puis le bûcheron lui dévoilera le fin mot de l'histoire

Le récit du procès donne lui même lieu à trois flashbacks puisque l'histoire est racontée par chacun des trois protagonistes selon son point de vue. Un samouraï (Masayuki Mori) accompagné de sa femme (Machiko Kyô, la future célèbre actrice de La Porte de l'Enfer ou de Contes de la Lune vague après la Pluie) a été tué, semble-t-il, par le célèbre brigand Tajomaru (Toshiro Mifune, qu'on ne présente plus !). C'est donc le brigand puis la femme et enfin la victime (par l'entremise d'une chaman) qui racontent chacun à leur tour leur version des faits.

Savoir qui est le coupable est d'ordre secondaire. Le plus intéressant est de voir la manière dont chacun, à son tour, se donne le beau rôle. Curieusement, ce beau rôle est celui du meurtrier ! Les trois personnages romancent la réalité et racontent plus une version relevant du fantasme que de la réalité.

Film sur le mensonge mais aussi sur les actes manqués, Rashômon est une vraie réussite. Passionant par sa forme (points de vue multiples, images magnifiques, acteurs formidables), il n'est pas en reste sur le fond. Le bûcheron ne dira pas la vérité au procès, préférant laisser au juge le soin de choisir parmi les trois différentes versions (on ne connaît d'ailleurs pas le verdict). Car ce qui le tarabuste, c'est de ne pas comprendre pourquoi les trois ont menti. Personnage témoin mais extérieur au drame, il n'ose finalement pas dire la vérité, comme de peur de s'immiscer dans une tragédie qui ne le concerne pas. Peut-être aussi par son incapacité à mentir, à sublimer la vérité car lui n'a rien à y gagner. Gain totalement immatériel pour les trois protagonistes. Ils n'agissent que dans un dessein romantique. Chacun se donnant le rôle du héros tragique, rôle qu'ils ont été incapables de tenir dans le réel et qu'ils concrétisent dans le fantasme.

Film d'une intelligence rare et truffé de symboles (je n'ose dire combien m'ont échappés !), Rashômon est un film à voir et revoir pour en saisir tout le riche contenu.