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Returner

RETURNER

Takashi Yamazaki, 2002

avec Takeshi Kaneshiro, Anne Suzuki, Kishitani Goro.

Voila exactement le type de film qui fera dire aux détracteurs du cinéma japonais que ce dernier n'est qu'une pâle copie du cinéma américain. Outre le fait que cette assertion est complètement fausse, un film comme Returner doit être regardé comme ce qu'il est vraiment. A savoir, non pas véritablement un objet cinématographique mais un pur bien de consommation courante qui vise exclusivement le marche asiatique, Japon et Hong-Kong en tête. Même le récent et lamentable Shurayukihime est, par comparaison, une réussite, c'est dire...

Après les plus de deux heures que dure Returner, le principal sujet de discussion des spectateurs à la sortie est de lister les films que Returner plagie. Et faire cette liste à de quoi les occuper un petit moment tant Returner n'est qu'un remix paresseux de blockbusters, avec une touche asiatique tellement caricaturale que l'on a l'impression que le réalisateur est américain et non japonais. Pèle-mêle, on citera tout d'abord les références les plus évidentes. Matrix et Terminatior. Ensuite, on pourra citer ET, The Killer, Mission Impossible 2, Men In Black, X-Files, Rencontre du Troisième Type, Transformers, Stargate, Pretty Woman, ... sans pourtant parvenir à une liste exhaustive.
Si ces films sont principalement occidentaux, il reste que Returner est définitivement un film asiatique - plus que japonais d'ailleurs. La violence y est plus graphique, le scénario comprend une histoire de Triade et de Yakusa, les effets de style priment sur le fond, qui n'a peur de rien, surtout pas du ridicule. Car il faut un sérieux à toute épreuve pour ne pas éclater de rire face à la débilité, il n'y a pas d'autre mot, de nombreuses scènes. Débilité ou naïveté, il est souvent difficile de faire la différence. Une chose est certaine, il ne s'agit visiblement pas de second degré.
Il existe pourtant un moyen d'apprécier quelque peu Returner. Ce moyen est donné par Kishitani Goro (fabuleux dans Shin Jingi no Hakaba de Takeshi Miike) qui surpasse sans mal les exécrables Takeshi Kaneshiro et Anne Suzuki. Mizoguchi, le personnage interprété par Kishitani Goro, n'est certes pas très original mais sa violence intrinsèque et sa folie en font un personnage définitivement à part, voire totalement décalé. Pour donner une idée, Mizoguchi semble être un yakusa psychopathe perdu au milieu de films de Spielberg. Le résultat oscille entre le détonnant et l'hilarant - notamment dans la façon dont Mizoguchi interagit avec un extra-terrestre.
Mizoguchi représente de plus le coeur asiatique du film. Il est le yakusa - composante indissociable du film de genre japonais, parlant le chinois et traitant avec les Triades. Le film est à ce propos truffé de références à la Chine, omniprésente par le personnage de Miyamoto notamment et de Sha, sa mère adoptive, dans un but évident de séduire le public de Hong-Kong. Le choix d'un réalisateur japonais semble principalement motivé par le simple fait que les capitaux sont japonais... Les références à la Chine et au Japon qui viennent se coller à un film profondément occidental, américain pour être plus précis, ne sont évidemment là que pour des raisons purement mercantiles. On est loin, très loin, de la fascination d'un Takashi Miike pour la Chine et Taïwan.
Si du point de vu du scénario Returner est d'un ridicule rarement atteint, même Tokyo Raider, le seul film auquel on oserait comparer Returner, faisant figure de chef d'oeuvre, il faut préciser que le sérieux de Returner joue largement en sa défaveur. Il n'est pas question ici du moindre second degré qui aurait pu être salutaire. Juste une suite de scènes recopiées presque à l'identique dont le seul point commun sont les acteurs.
Ces derniers sont d'ailleurs dramatiquement mauvais - à l'exception notable de Goro Kishitani, le scénario est lamentable, mais ce n'est pas tout. Les effets speciaux sont finalement assez moyens, disons qu'ils n'ont rien d'exceptionnel pour un réalisateur qui se targue d'être doué dans ce domaine (il a réalisé le puéril Juvenile), et surtout la réalisation est insupportable et la musique (Lenny Kravitz pour le tube) insipide. En plus de non seulement recopier des séquences entières d'autres films, Returner recopie à l'identique la manière de fimer. C'est ainsi que dans un flots d'effets numériques, on a le droit à des ralentis/acceleres en cascade, des balles au ralenti que l'on évite à la Matrix, une poursuite à moto reprise directement de MI2, et un nombre incalculable de scènes ridicules voire absurdes, principalement sur la fin du film qui semble alors se lancer dans une fuite en avant, ne sachant plus où s'arrêter avant de sombrer dans la crétinerie la plus complète. Cette frénésie vide de sens alterne avec un romantisme sirupeux - à coup de flashbacks larmoyants, très chinois et un sens du kawai (mignon) propre au Japon.

Entre insupportable, éprouvant, ennuyeux, idiot, surfait, on a du mal à choisir l'adjectif qui convient à Returner. Film mégalomane qui ne s'en donne pas les moyens si ce n'est financiers pour payer des cachets de star à Takeshi Kaneshiro et Lenny Kravitz, Returner bénéficiera certainement d'une édition DVD Édition Spéciale avec des tonnes de suppléments qui ne viendront que confirmer la vacuité incroyable de ce film.

images :http://www.returner.net/

© Septembre 2002