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Female Convict #701

FEMALE CONVICT #701 - SCORPION (Joshuu 701 Go - Sasori)

Shinya Ito, 1972

avec Maiko Keji.

Si les aventures de Nami - ou Sasori, ont été rendues populaires - bien que ce soit là un bien grand mot, en Occident grâce au film Female Convict Scorpion - Jailhouse 41, ce dernier était en fait le second d'une série de films. La même année, le réalisateur Shinya Ito avait réalisé le premier épisode de la série - il réalisera également le troisième, avec déjà Maiko Keji dans le rôle principal qui la rendit célèbre.

Trahie par son ami, Nami subit un viol collectif. Elle échoue dans sa tentative de vengeance et se retrouve emprisonnée.

Bien que relevant d'un genre très particulier - le film de prison, ce premier épisode de la série place la barre très haut et ne se réduit pas aux clichés habituels du genre. La scène du viol et de la trahison de Nami par son petit ami est un passage presque surréaliste où le travail sur la mise en scène et les éclairages n'ont rien à envier aux maîtres italiens du genre ou à l'esthétisme particulier de Suzuki.
Mais Female Convict #701 reste avant tout un film de prison - contrairement à sa suite qui se déroule presque entièrement hors de la prison, ce qui fait que l'on n'échappe pas aux scènes classiques de ce type de films : scènes sous la douche, révolte dans le réfectoire, emprisonnement en cellule d'isolement, catfights, travaux forcés, gardiens sadiques et prisonnières collaboratrices. Mais le film est loin de se réduire à ces scènes et fait preuve d'une originalité incroyable ainsi que de virulence à la fois contre le pouvoir de l'État et contre le patriarcat. On voit ainsi les prisonnières collaborant avec l'institution pénitentiaire se maquiller, preuve de leur soumission aux règles du patriarcat. Ou bien, les gardiens utilisent leur matraque comme un organe sexuel et sont apeurés lorsqu'ils se retrouvent en position d'être violés par des prisonnières en chaleur : leur situation de pouvoir n'est obtenue que par la force que leur confère le système et non par une quelconque supériorité naturelle à laquelle ils aiment croire.
Outre cette dimension politique et subversive que l'on retrouve de façon encore plus criante dans le second épisode, Female Convict #701 se distingue des films de prison classiques par sa réalisation souvent époustouflante - avec des scènes comme celle des femmes creusant et rebouchant des trous qui a des allures surréalistes ou celle de Nami affrontant une co-détenue dans une scène plus proche du film de fantôme qu'autre chose.
C'est également dans cet épisode que se construit, que naît même, le personnage de Sasori à partir de celui de femme trahie qu'est Nami. En dépit, et plutôt à cause, de sa colère, Nami est incapable de tuer l'homme responsable de son humiliation. Elle a souffert mais aime encore l'homme, et lui est encore, d'une certaine façon, soumise. Faisant toujours partie de la société patriarcale, elle ne peut aisément tuer l'homme dans un acte que l'on peut assimiler à un parricide - situation qui se retrouve dans la prison chez les prisonnières soumises au responsable de la prison. Le séjour en prison, où Nami devient donc Sasori et où elle souffre encore plus qu'elle n'a jamais souffert, est le passage obligé, bien que cruel, pour qu'elle puisse s'extraire du système qui l'écrasait pour mieux le combattre. La prison est une métaphore de la société dans laquelle elle vivait préalablement, dans ce qui était censée être une situation de liberté. En s'apercevant qu'elle peut s'opposer au système pénitencier, elle prend conscience de sa propre force - et en fait de celle de la gent féminine, pour enfin pouvoir accomplir sa vengeance et donner une forme d'universalité à son combat.
Le film de Shinya Ito tient donc autant du pamphlet féministe que du brûlot anarchiste. Magnifié par l'actrice Maiko Keji, le personnage de Sasori devient un porte-parole révolutionnaire et libertaire.

Dès le premier épisode de la série des Sasori, Shinya Ito pose les bases pour le plus aboutit épisode suivant - en ce sens qu'il y aura moins d'éléments typiques du film d'exploitation. Un film qui n'a cependant pas à rougir de son flamboyant successeur.

Pour les amateurs de ce genre de films, je conseille le livre "Pinky Violence, Toei's Bad Girl Films!" de J-Taro Sugisaku et Takeshi Uechi. C'est en japonais mais on y trouve de superbes photos et les titres des chapitres sont en anglais. Une mine pour trouver les titres japonais de ces films pas comme les autres.

© Février 2002