Cinema Asiatique

Three. Trois. Trois histoires d’horreur pour représenter trois pays d’Asie : la Corée, la Thaïlande et Hong Kong. Trois histoires très représentatives de l’état du cinéma dans chacun de ces pays.
Le Coréen Kim Ji-Woon (The Quiet Family) nous propose une histoire fort sympathique mais encore trop imprégnée de l’influence japonaise à l’image d’un cinéma coréen qui se cherche encore et, à quelques exceptions près, reste très influence par ses voisins japonais ou hongkongais, quand ce ne sont pas les Etats-Unis. Le Thaïlandais Nonzee Nimibutr (Nang-Nak) échoue lui totalement avec une histoire autant convenue que platement réalisée qui prouve que la Thaïlande a un long chemin à parcourir avant d’arriver à proposer des films pouvant rivaliser sur le plan international. Enfin, Peter Chan (Comrades, Almost A Love Story) est celui qui convainc le plus avec une très belle histoire d’amour et la caméra de Christopher Doyle (le cameraman attitré de Wong Kar-Wai). Un film qui montre l’indéniable talent des hongkongais, certains du moins, en dépit d’une situation actuelle déplorable du cinéma.

Kim Ji-Woon avec son film Memories explore de façon subtile le travail de mémoire et la frontière entre la vie et la mort. Par une construction astucieuse, le film réserve quelques surprises et parvient à donner quelques frayeurs au spectateur. Cependant, l’ensemble reste trop influencé par le cinéma d’horreur japonais, notamment Ringu dans l’apparence physique de la femme qui rappelle Sadako autant que par le très bon travail sur le son. Exploitant sans effets de manche une idée fort intéressante, la femme disparue est en fait une représentation physique de la mémoire du héros qui tente durant le film de se rappeler pourquoi sa femme a disparu, Memories est un film qui reste cependant trop souvent confus, comme du Lynch mal copié ou interprété.

Après un tout juste sympathique Nang-Nak, Nonzee Nimibutr semble avoir bien du mal à trouver l’inspiration. The Wheel est à nouveau une illustration d’une légende avec une histoire de poupées maudites. La pauvreté du scénario n’est jamais relevée par une quelconque originalité dans la réalisation. La Thaïlande apparaît comme le grand perdant de cette idée périlleuse de réunir ainsi trois réalisateurs.

Peter Chan est celui qui sans conteste sort le mieux son épingle du jeu. Son Going Home possède à la fois un scénario solide, le travail sur la photographie est superbe et enfin, les acteurs sont excellents. Ayant déjà collaboré avec Eric Tsang pour Comrades, Almost A Love Story, Peter Chan sait comment tirer parti de cet excellent acteur. Avec Leon Lai, les deux acteurs donnent une profondeur au film dont la texture est parfois irréelle, notamment du fait du travail de Christopher Doyle. Ce dernier donne au film un grain suranné et délicatement étrange similaire à celui d’une vieille photographie. L’ambiance résultante y est pour beaucoup dans la réussite du film qui manque cependant parfois de s’égarer un peu mais sait toujours revenir à son sujet central. Explorant lui aussi le thème de la vie et de la mort, comme les deux précédents réalisateurs, Peter Chan est néanmoins plus proche de Kim Ji-Woon par son approche plus originale. Il évoque de plus le paradoxe hongkongais, entre culture occidentale et chinoise, illustré ici par les conceptions très différentes de la médecine.

L’idée de réunir ainsi trois réalisateurs issus de pays asiatiques est à la fois aussi passionnante que périlleuse pour les réalisateurs. Nonzee Nimibutr est écrasé par le talent des deux autres réalisateurs alors que Peter Chan sait tirer profit de son expérience pour se hisser aisément en tête. Kim Ji-Woon montre qu’il possède un talent indéniable mais on aurait pu attendre quelque chose d’un peu plus original à l’image de son The Quiet Family.

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