Cinema Asiatique

TROIS SAMOURAÏS HORS-LA-LOI

Hideo Gosha, 1963, N&B

avec Tetsuro Tamba, Mikijiro Hira, Isamu Nagato

Je découvre petit à petit les films de samouraï des années 60-70, grande époque du genre. Et un film comme celui-ci me donne envie de pousser plus loin mon investigation.

Des paysans affamés désirent remettre une requête au seigneur mais le magistrat refuse de la transmettre. Ils enlèvent alors la fille du magistrat pour l'échanger contre la remise de la requête. Réfugiés dans un moulin, arrive alors un samouraï errant qui va les aider. Il va réussir à obtenir l'aide d'un deuxième samouraï puis d'un troisième. Tandis que les tractations dégénèrent en trahisons multiples, seuls trois samouraïs restent fidèles à leur parole.

Exploitant principalement le thème de l'honneur et de la fidélité en la parole donnée, le film n'est cependant pas un long plaidoyer sur ce thème. Bien au contraire même. C'est plus un constat d'échec d'un grand pessimisme sur l'habilité de l'homme à se révolter et à se prendre en main. Les paysans, trahis, seront tous assassinés, le samouraï Shiba qui a épousé leur cause sera torturé et emprisonné, sans que jamais le magistrat ne soit justement puni. Mais c'est une histoire d'hommes indépendants qui ne veulent rien sacrifier à leur liberté.

Car ce film est un hymne à la liberté voire carrément libertaire. Liberté sous toutes ses formes. Celle de celui qui refuse l'amour d'une femme pour rester libre, celle de celui pour qui la liberté est avant tout celle des autres et enfin celle d'un homme qui ne veut que s'en remettre qu'à lui. Chacun à en commun d'assumer ses actes, d'en prendre l'entière responsabilité.

Ode superbe, le film offre également quelques scènes de combat, réalistes et parfois assez violentes. Jamais Hideo Gosha ne s'embarque dans des passage de rhétorique soûlante. Les actes sont là pour prouver les idéaux, les valeurs qui guident les trois samouraïs. La fin, où nos trois héros s'en remettent au hasard pour choisir leur route est sans équivoque. Il n'y a rien de calculé dans les actes de ces hommes. A noter que Jarmush reprendra ce thème et surtout la scène finale dans son Down By Law.