Je me souviens avoir lu, dans un vieux HK magazine, une petite phrase parlant de ce film alors appelé La Fureur du Manchot. Mettant mis en tête de trouver ce fantasmagorique crossover, je m'étais fait une raison : ce film est introuvable. Mais voilà, les méandres du web sont infinis, et un jour des plus communs, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir l'existence de ce film, en DVD qui plus est.
La galette introduite dans le lecteur, le film commence. Et à la manière d'un comics américain, où les crossovers sont plus que fréquent, aucune présentation n'est faite. Forcément, on est censé les connaître. Le mythique masseur aveugle et le rageur manchot au sabre brisé dans un affrontement final des plus invraisemblables. Mais commençons par le début.

Wang Kong (Jimmy Wang Yu), sabreur manchot, est au Japon pour suivre un entraînement intensif avec un moine. Il doit alors se rendre au temple de ce dernier. En chemin, il fait la connaissance d'autres chinois dont un enfant. Par un fâcheux incident, la famille de l'enfant se fait massacrer par un clan de japonais. Wang Kong tuera une bonne partie d'entre eux mais l'enfant, échappé, se retrouvera dans les bras d'un vagabond, Zatoichi, qui le prendra sous son aile jusqu'au moment de sa rencontre avec Wang Kong. La communication a du mal à se faire à cause des différents languages. Et des malentendus sans importance ont lieu. Zatoichi décide alors de guider Wang Kong vers le temple du moine Kakuzen que Wang Kong doit rencontrer. Ils font la connaissance de Oyone, femme témoin du massacre qui les invite chez elle. Wang Kong part au temple aidé par Oyone tandis que Zatoichi décide d'aller en ville chercher du saké, et les plaisirs d'une femme de joie, la belle Osen. Mais à son retour Oyone voit Zatoichi s'en aller et en déduit un peu trop rapidement qu'il va dévoiler la cachette de Wang Kong dont la tête est mise à prix. Et comme la famille de Oyone se fait assassiner, celle-ci a tôt fait de rapporter ses soupçons au sabreur manchot. Furieux, Wang Kong jure la mort de Zatoichi...

Voilà donc la trame du film, une histoire de malentendus causés par des non-dits et par des incompréhensions dues à la langue. Wang Yu parle chinois, Katsu japonais. Ils ont énormément de mal à se comprendre l'un l'autre, et à cause de cela l'un des deux y laissera sa vie. Il est cependant intéressant de voir que le personnage de Wang Kong est traité comme un véritable héros de films chinois, c'est-à-dire qu'il est impulsif mais aussi loyal et fidèle à ses idées. De plus, sa manière de se battre n'a pas connu le problème du passage des frontières. Wang Yu fait des bons gigantesques, et tue tout le monde sans grande difficulté, même du bout des doigts comme dans son Chinese Boxer. Par contre, il a laissé sa haine du japonais chez lui, il tombera même amoureux d'une japonaise, et aura pour meilleur ami le moine Kakuzen. Nous n'aurions jamais eu l'occasion de voir ça dans un de ses films Golden Harvest ou Shaw Brothers.
Quant à Zatoichi, il reste égal à lui-même. Il aime toujours autant jouer de l'argent, boire du saké, s'amuser avec les femmes, et lâcher un pet bruyant sur le nez de quelques imprudents voyeurs. Bien sûr, il reste toujours le défenseur de l'opprimé. Combattant aisément face à des dizaines d'adversaires, tout comme le One-armed swordman, Zatoichi et Wang Kong se révèlant être du même niveau. Et l'affrontement qui aura lieu entre eux verra comme vainqueur l'homme le plus chanceux. Car un seul coup touchera sa cible, les deux le porteront en même temps. Et... devant les yeux de leurs bien-aimés, la jeune Oyone et la belle Osen, l'un des deux y laissera sa vie.

Mais voilà, Zatoichi ne peut pas mourir. Quant au sabreur manchot qu'est Wang Yu, il se verra remplacer par un nouveau prince vaillant, David Chiang dans le mythique The New One-armed Swordsman. Zatoichi, lui, verra bientôt ses derniers jours dans l'un des prochains Takashi Miike qui s'est mis en tête de clôturer la mythique série.

4/5

© Tom.D Mars 2002