4

Dans la foulée de The Untold Story et de son succès à la fois public et critique, Danny Lee qui était alors co-scénariste avec Herman Yau, le réalisateur, décide de réaliser lui même un film dans la même veine. Ce sera Dr. Lamb.

Tout d'abord, n'ayant vu ce film qu'en version originale, je suis dans l'incapacité totale de fournir les noms des personnages et j'ai pu ne pas comprendre certains éléments de l'histoire.

Simon Yam interprète un chauffeur de taxi qui humilié dans son enfance voue une haine toute particulière aux femmes et s'en prend à certaines clientes de son taxi. Il les tue, les viole ensuite puis collecte une partie de leur corps qu'il conserve en souvenir dans des bocaux de formol. Arrêté par la police, il ne passe que difficilement aux aveux et conservera à tout jamais sa part de mystère.

Après la scène d'ouverture montrant l'enfance du tueur puis l'arrestation rapide du tueur, on va découvrir ses méfaits par l'intermédiaire de flash-backs alors qu'il est interrogé par la police. Si la construction est assez différente de The Untold Story, on retrouve de nombreux points communs. D'abord au niveau du casting puisque c'est Danny Lee qui interprète l'inspecteur chargé de l'enquête dans un rôle quasiment identique à celui qu'il tenait dans The Untold Story, les prostituées en moins. Ensuite les tueurs, celui de The Untold Story était interprété par Anthony Wong, sont également proches notamment par leur mutisme vis à vis de la police. Ce mutisme donne l'occasion dans les deux films de montrer le fonctionnement interne de la police pour obtenir des aveux : torture, violence, forte pression sont semble-t-il des moyens courants. Enfin, il y a la présence d'un personnage féminin (encore Emily Kwan)parmi les policiers qui est l'occasion à des boutades machistes. Elle permet également une scène d'un grand comique (à la manière des policiers dévorant les bouchées farcies à la viande humaine dans The Untold Story) lorsque découvrant les bocaux de formol et suite à une maladresse, le sein tranchée d'une victime échoue sur le dos de la policière ! On le voit, Danny Lee est un grand cabotin plein de finesse.

Le ton du film est dans l'ensemble très proche de The Untold Story puisqu'on y retrouve une ambiance très malsaine traversée par un humour qui fait plutôt rire jaune qu'aux éclats. La présence heureuse de Simon Yam dans le rôle phare offre un tueur inquiétant et peu loquace, magnifiquement interprété. Le tueur ramène les victimes chez lui une fois qu'il les a tuées dans son taxi puis joue avec les corps, les prenant en photographie en leur faisant prendre différentes poses, se filme en train de copuler avec les corps ou joue aux marionnettes avec. Il satisfait ses instincts nécrophiles avant de découper une partie du corps donnant lieu à quelques passages assez gore : le tranchage au scalpel d'un sein notamment. Opération que le tueur réitère sur plusieurs victimes, échouant la première fois en dépit de l'aide d'un livre d'anatomie !

Nettement moins sanglant et dégénéré que The Untold Story, Dr. Lamb apparaît nettement plus inquiétant et réaliste au niveau de la description du tueur. En évitant des scènes trop excessives, Danny Lee se concentre plus sur le fonctionnement de l'esprit du tueur même si au final, celui-ci reste obscur (avec les sous-titres, j'y aurais peut-être vu un peu plus clair!). Sans ramener le tout à un traumatisme de l'enfance mais plus à une accumulation de frustration, le tueur n'en apparaît que plus convaincant. Bénéficiant d'un casting impressionnant (Danny Lee, Simon Yam bien sûr mais aussi Kent Sheng magnifique dans Run & Kill et dont on retrouve ici Billy Tang, le réalisateur, comme assistant réalisateur), et d'une très bonne réalisation, Dr. Lamb est un excellent film de tueur en série à ne manquer pour rien au monde.