HORRIBLE HIGH HEELS (Chan Wei On & Chow Cheung, 1996) avec Shing Fui On, Dick Wei, Billy Chow Bei-Lei, Suen Tung Tung, Chow Yuk Ling, Yue Hei Man. Tout est dans
le geste |
4,5 |
Rien qu'au titre, on sait que l'on va avoir à faire à un film pas tout à fait ordinaire (si on considère qu'un film de Catégorie III peut être qualifié d'"ordinaire"). Et force est de constater que l'on est pas déçu ! Tout y est : humour débile, scènes gores, sexe, vulgarité, violence gratuite et scénario totalement barré.
Depuis que Sherry utilise, sans le savoir, de la peau humaine pour confectionner des talons hauts, les ventes ne cessent de grimper. Mais les disparitions attirent l'attention de la police ainsi que celle de Tien, le fils de l'ancien responsable du magasin, mystérieusement disparu, mais dont on sait qu'il a été recyclé en chaussures pour femmes. De plus, Sherry qui est secrétement amoureuse de Tien, ne supporte pas de voir ce dernier avec une autre fille. Cependant, Wang, un ouvrier du magasin au comportement étrange, continue à espérer obtenir l'amour de Sherry.
Il est certain qu'avec un tel sujet, les scènes gores ne peuvent être
que nombreuses. Et, pour une fois, elles apparaissent à intervalle
régulier, évitant ainsi une des plaies du film de Catégorie
III, l'ennui. Car habituellement, on a tout juste le droit à une introduction
choc puis rien jusqu'au final en apothéose. Ici, les règles
sont respectées mais le rythme est bien plus enlevé et la violence
bien plus présente que d'accoutumée.
Outre la quantité, c'est sur la qualité que l'on est pas volé.
Les scènes de démembrements, découpage au taille-haie
électrique et autres scalps intégraux ne manquent pas et sont
très bien réussies, faisant ainsi de Horrible High Heels
un des films les plus sanglants de Hong Kong. Ajoutez à cela une photographie
qui rappelle la glorieuse période des années 80 et qui connote
le film d'une ambiance cradingue et glauque des plus plaisantes, avec un grain
d'image qui évoque, toutes proportions gardées, celui de Massacre
à la Tronçonneuse. Le lien avec le chef d'oeuvre de Tobe
Hooper ne s'arrête d'ailleurs pas là avec la scène
d'introduction filmée dans des abattoirs.
Ce qui caractérise le plus Horrible High Heels est certainement
la façon dont le scénario part dans tous les sens et fait du
film parfois plus un ensemble de séquences empruntant à tous
les genres du cinéma de Hong Kong qu'un film très cohérent.
On a ainsi, outre le gore, des scènes érotiques osées,
du kung fu bien dynamique (avec en prime et au final, deux femmes policiers,
dignes de la série Le Sens du Devoir), du policier classique
(le chef est le seul à être à peu près futé,
ce qui rappelle The Untold Story), un gunfight particulièrement
sanglant, de l'action basique, etc... Mais le plus surprenant est la vulgarité
et la violence inouïe de certaines séquences. Ainsi, lorsque Wan
est sur le point de violer Sherry, lui revient en mémoire un de ses
plaisirs solitaires. Ce dernier consistant à apposer la photo du visage
de Sherry sur le cul d'une oie puis de pratiquer une ouverture au niveau de
la bouche de la photo, avant de pénétrer l'oie puis de lui trancher
le coup en plein orgasme ! Avouons que ce type de scéne n'est guère
possible qu'à Hong Kong. Tout comme cette scène où le
tueur oblige une femme à se caresser à l'aide d'une main et
d'une tête tranchées !
Autre moment particulièrement violent, le gunfight final ne laisse
quasiment aucun survivant. Tout comme le film, extrêment noir.
L'autre caractéristique du film est son redoutable cynisme. Même lorsque les personnages apprennent qu'ils sont en train de vendre des chaussures à base de cuir humain, il préfère continuer leurs pratiques afin de gagner plus d'argent ! Argent qui semble être le seul but de tous, permettant de laisser les meurtres se dérouler et l'assassin continuer à fournir le magasin en matière première. Il faudra que la police piège Sherry pour enfin obtenir des informations sur les véritables coupables.
On regrettera que quelques scènes soient bâclées (comme ces grenades qui projettent une sorte de poussière jaune quand elles exposent) où quelque peu inutiles (à quoi bon ce chef de gang en fauteuil roulant ?). Mais le principal reste que même si le scénario peut paraître parfois friser le n'importe quoi, il est systématiquement prétexte à des passages violents (exécution d'un traitre par le chef du gang). Ce qui est finalement plutôt réjouissant. A l'image de Tien qui se tranforme en un Rambo en herbe (bandeau dans les cheveux et armes nombreuses à disposition), flinguant les ennemis en aveugle, en tirant en arrière sans même jeter un regard !
Bref, Horrible High Heels est à la hauteur de ce que laisser augurer son titre. Un véritable monument de la Catégorie III, à ne rater sous aucun prétexte !
© Avril 2001