Si la présence de Michael Wong n'est pas nécessairement très bon signe, celle de Kent Sheng l'est en revanche (rappelez-vous sa formidable prestation dans Run & Kill de Billy Tang). Mais mettons les choses au point tout de suite : Mad Stylist est un des tous meilleurs Catégorie III que l'on est vu depuis longtemps.

Comme son titre l'indique, un styliste (un coiffeur pour être plus exact) raté massacre les gens qui se mettent sur son chemin avec la complicité de son amie d'enfance et petite amie. Mais il se prend d'amitié pour une femme attardée mentale, témoin de leur activité illégale, et provoque la jalousie de sa petite amie. Pendant ce temps, deux policiers cherchent à mettre la main sur ce tueur en série qui découpe ses victimes et leur fait de superbes coiffures.

Film récent, Mad Stylist conserve un esprit qui a fait le succés et le charme des Catégorie III d'antant. A savoir un mélange de violence inouïe et graphique et d'humour forcément noir et totalement crétin. Mais Mad Stylist réussit à s'élever au-dessus de la mêlée en proposant quelques passages véritablement savoureux.

Outre les scènes gores (un découpage de bras à la scie à mourir de rire) c'est une multitude d'éléments entre le crétinisme et le surréalisme qui font de Mad Stylist un film à découvrir sans faute. Comment, en effet, résister à Michael Wong en profiler déguisé en Richard Virenque d'un bout à l'autre du film, à Kent Cheng suant dans son costume pour faire comme les agents du FBI vus à la télévision sur fond de musique pompée à Pulp Fiction ou encore au tueur maintenant la tête de ses victimes décédées par un manche à balais afin de les coiffer ? Impossible, c'est succulent. On a même le droit à M. Wong jouant du saxo et K. Sheng poussant la chansonnette ! On trouve également les excés gores de Peter Jackson ainsi que l'humour du néo-zéolandais (Bad Taste et Brain Dead) avec des scènes comme cette femme avec un peigne qui lui traverse les deux joues, le chien dans le micro-onde, .... Bref, rien de bien révolutionnaire dans tout ça mais du vrai plaisir.

Ajoutons à cela l'insert d'images hétéroclites provenant de manga (genre Ken le Survivant ou Urotsukidoji), d'émissions télévisées sportives (combat de catch) voire de documentaires animaliers (technique à la Ed Wood)! Comme si Stephan Yip avait voulu lier l'influence de la télévision et des films à la violence de ses personnages. Mais, restons calmes, Mad Stylist n'est pas un film de réflexion très poussée.

Contrairement à Billy Tang dans son fameux Red to Kill, Stephan Yip évite le graveleux et douteux sujet des violences (viols pour être plus précis) sur des attardés mentaux et parvient même à rendre crédible l'histoire d'amitié très forte (presque d'amour) qui se lie entre le tueur et la femme attardée mentale qu'il doit tuer. Un autre point positif qui s'ajoute au crédit de ce film.

Heureusement, il reste à Hong Kong quelques défenseurs des vrais valeurs de son cinéma. Stephan Yip est certes un inconnu, mais Mad Stylist gagne à être connu.

© Janvier 2001