(T. F. Mou S., 1994)

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Reconstitution

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J'avoue que j'ai un peu hésité à classer ce film dans Human Meat Buns plutôt que dans Asian CinE-Zine. En effet, même si certains passages de Black Sun restent très sanglants, l'optique est très différente de Camp 731, son précédent film. Une fois de plus, T.F. Mou s'intéresse aux exactions commises par les japonais en Chine juste avant et pendant la seconde guerre mondiale. Dans le premier, il s'agissait plus d'une succession horrible de scènes d'expérimentations sur des cobayes humains, ce qui avait fait la renommée de Mou. Cette fois, il s'intéresse au malheureusement fameux "Viol de Nanking" qui n'est toujours pas reconnu comme tel par les japonais. Il s'agit en fait d'une reconstitution entrecoupée d'images d'archives. L'horreur vient nettement plus des faits historiques et de l'ampleur du massacre que de scènes à tendance gore comme cela était le cas pour Camp 731. On se pose évidemment la question de savoir si la forme (reconstitution et scènes horribles) est adaptée au propos (entre dénonciation et devoir de mémoire, voire une tendance au racisme anti-japonais). Certainement les archives filmées sur cette période et plus particulièrement sur le massacre de Nanking sont extrêmement rares ce qui fournit un argument en faveur de la reconstitution. Là où il existent de nombreuses archives pour les camps de concentration nazis, des documentaires tels que Shoah ou Nacht und Nebel rendent vains toute reconstitution (souvenons-nous du calamiteux La Liste de Schindler). Mou n'est pas un historien ni même un documentariste mais un cinéaste et Black Sun est un film basé sur des faits réels mais avec des éléments de fiction. On pourra lui reprocher certaines scènes outrancières (l'éventrement d'une femme et l'extraction du foetus à la baïonnette) mais celles-ci sont rares et d'autres scènes sont particulièrement impressionnantes (Nanking à feu et à sang, l'immolation des corps le long du fleuve). Mou évitent les embûches du larmoyant avec visiblement une véritable volonté d'objectivité mais reste trop éloigné de ses personnages (qui meurent l'un après l'autre) et le caractère mécanique et froid de la dénonciation est le principal point faible du film. C'est d'autant plus dommage que les scènes finales qui se déroulent lors de la fête de Noël sont particulièrement réussies et émouvantes, sans effusion de sang. Black Sun apparaît donc comme un film relativement sérieux sur un thème méconnu bien que Mou ne se soit pas encore tout à fait détaché de sa tendance à choquer par le biais d'images gores.