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Il était temps que Wong Jing reprenne la barre notamment suite au massacre opéré par Aman Chan. Que l'on aime ou pas Wong Jing, force est de constater que cet homme possède un talent certain pour tout ce qui touche à la comédie débilo-érotico-policière de mauvais goût.

Wong Jing fait d'ailleurs comme si le troisième des Raped by An Angel n'avait jamais existé en reprenant le personnage de Po Wan (Athena chu, Raped by an Angel 2) et en faisant de Raped by an Angel 4, la suite chronologique du deuxième opus. De plus, il revient à la structure des deux premiers épisodes. A savoir un violeur (ici plusieurs) fait une fixation sur une femme mais incapable de la posséder, il viole une proche amie. La femme aidée par son petit ami plutôt abruti, sert alors d'appât pour piéger le violeur. La différence principale de ce quatrième volet est qu'il n'y a pas de séquence de procès.

Daniel (Ben Ng Ngai Cheung, déjà violeur dans Red to Kill) est un ancien agent de la C.I.A. au lourd passé qui vient de s'installer à Hong Kong. Il y exerce la profession d'architecte et fait une fixation sur sa voisine, l'écrivain Kuen Kwan (Suki ou Shooky Kwan, plus convaincante dans The Blood Rules) dont le petit ami est policier (donc abruti et incapable comme il se doit). Afin de réaliser son objectif de violer Kuen, il aide deux violeurs (The Rain Killer et The Tuen Mun Rapist) à s'échapper de prison pour l'aider à accomplir son plan diabolique. Parallèlement, le petit ami de Po Wan, Fai (Nick Cheung Ka Fai), tente d'arrêter les violeurs évadés avec sa collègue po Wan, déjà victime d'une tentative de viol dans le passé...

Certes, il ne faut pas chercher un trop grand réalisme dans ce film surtout quand on sait que c'est Wong Jing qui le dirige. C'est donc un pur film de divertissement à l'humour très douteux (blagues sur le SIDA), sexuel (Yuen King est une fois encore en train d'expliquer des techniques sexuelles et de se plaindre de sa petite poitrine) ou parodique (de Le Silence des Agneaux à Scream). Ce qui fait qu'en dépit de son mauvais goût on peut tout de même apprécier ce film justement pour sa profonde débilité.

Voir un agent de la C.I.A. utiliser des techniques hi-tech pour espionner sa voisine puis créer un trio de violeurs dont on ne voit pas l'utilité (tout le talent est là : introduire des éléments originaux mais sans aucun intérêt dans la progression du film) ou voir Anthony Wong jouer le "père" de tous les violeurs et communiquer avec un réseau internet de 31 violeurs, voilà qui mérite notre attention voire notre respect ! Je ne vous en dirai pas plus sur le personnage joué par Anthony Wong vous laissant la surprise. Sachez simplement que rien que pour ça, on est heureux d'avoir vu Raped by an Angel 4 !

Bien sûr, à côté de l'introduction de ces éléments originaux, on retrouve tous les classiques de la série : la petite amie jalouse, le policier abruti qui n'arrive pas vraiment à conclure, la scène du faux viol par le petit ami déguisé, les soirées "entre filles" où l'on ne parle que de sexe, le piège en utilisant un appât humain, j'en passe et des meilleurs. On évolue donc en terrain connu mais cela n'enlève rien au plaisir. Wong Jing fait même quelques clins d'oeil à l'actualité (outre de plagier une scène entière de Scream) comme cette scène où Anthony Wong vend des soutien-gorges dans la rue car le cinéma diffusant des Catégories III dans lequel il travaille est touché par la crise. On pourra simplement regretter que comme d'habitude, le film véhicule un certain nombre d'idées réactionnaires : sexisme et machisme ("Maintenant, tu rentres à la maison et tu cuisines" dit Fai à Kuen) en premier lieu.

Mais que cela ne gâche pas notre plaisir de mâle à regarder ce type de film. Raped By an Angel 4 est peut-être le meilleur, à ce stade, de la série. Plus rythmé et déjanté que le premier (dont on regrette la scène du procès un peu longuette), il est celui qui se prend également le moins au sérieux. Tentative d'insuffler un nouveau souffle dans la série que réussi Wong Jing là où Aman Chan avait échoué.

© Novembre 2000