THE RED PANTHER

(Kong Lung, 1983)

avec Yi Lui, Margaret Lee Din-Long, Lee Din Hing.

4,5

 

Red Panther constitue un film rare. Non pas tant du point de vue de sa qualité, plutôt médiocre, mais surtout pour ce qu'il a apporté à la Catégorie III. Bien avant la mise en place du système des catégories par l'administration britannique et l'âge d'or de la Catégorie III au début des années 90, Red Panther posait les bases de ce qui plus tard allait constituer l'"esprit" de la Cat. III. Un mélange douteux mais souvent jubilatoire, de sexe, de sang et d'humour scabreux, visant souvent sous la ceinture. Un film historique en quelque sorte, immanquable pour qui pense qu'il est possible d'appréhender la catégorie III comme un genre propre.

Un tueur anesthésie ses victimes avant de réaliser des opérations chirurgicales à la volée et sur place, laissant ses "patients" sur le carreau. L'inspecteur Lei est chargé de l'enquête. Mais une mère possessive, des problèmes d'hémorroïdes et une petite amie capricieuse ne vont pas lui faciliter la tâche. Surtout quand on a un sexe à la place du cerveau.

Mais qui est donc cet acteur qui pourrait bien constituer le modèle d'Anthony Wong ? Avec sa dégaine de perdant magnifique (chaussettes burlington remontées jusqu'au genou, bermuda, moustache), ces blagues vaseuses et une obsession, baiser, il est l'archétype du détective des films de cat. III. Une manière de jouer qui inspirera certainement Anthony Wong dans la plupart de ses rôles de policier, notamment pour son loufoque rôle d'inspecteur dans Daughter of Darkness. Mais au-delà d'être le premier film, à ma connaissance, à établir ce personnage qui deviendra habituel, Red Panther imprime un style et un rythme qui sont encore ceux des films de catégorie III contemporains.

D'une part, à part quelques images d'opération au début, il faut bien avouer qu'il ne se passe pas grand chose pendant plus d'une heure avant un final absolument excellent et complètement dingue (à la limite du surréalisme, on en vient même à se demander ce qui est vrai et ce qui est cauchemardé). Si ça ce n'est pas une habitude prise dans la construction des films de cat. III, je ne m'y connais pas ! En outre, le film cultive un goût pour la débilité la plus profonde notamment au niveau de l'humour. Il faut dire que coller des hémorroïdes au flic, n'aide pas à créer une ambiance très sérieuse, surtout quand sa petite amie est une infirmière. Au contraire. Enfin, l'enquête tend à patauger lamentablement (au point que Lei fera une dramatique erreur judiciaire) et on sait très bien dès le début que le tueur sera celui auquel on s'attend le moins. Le pire, c'est que c'est bien le cas !

L'influence au niveau du style et de la construction est énorme mais Red Panther inspirera également au niveau des thèmes, les plus grands fleurons de la Catégorie III, j'ai nommé The Untold Story et Dr. Lamb, entre autres. Dr. Lamb pour l'humour mais surtout pour le tueur conservant des organes dans des bocaux. The Untold Story puisque Red Panther fait ingérer à Lei de la viande humaine ! Une idée qui fera date.

1983. Une date a marquer d'une pierre blanche dans l'histoire de la Catégorie III. Et Red Panther, un film oublié qui mérite mieux que cela. Rendons à César ce qui lui appartient !

© Juin 2001