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Ne désespérons pas de la catégorie III ! Après une période de flottement et de nombreux navets, le cinéma de Hong Kong arrive encore à m'étonner grâce à ce sous-genre, la catégorie III. Je n'ai pas caché mon admiration devant un film comme A Chinese Torture Chamber Story (quintessence de ce que peut être un véritable film de catégorie III de Hong Kong) et voici que Wong Jing (qui d'autre ?). nous offre un film du même genre (époque identique, thèmes similaires) avec ce passionant Sex & the Emperor.

Little Li (Leung Si Ho) est un eunuque dont le père a sauvé la vie au castrateur ce qui fait que ce dernier lui en a épargné une partie, laissant à Li toutes ses capacités viriles. C'est Li qui est le personnage principal du film et le conteur de son histoire et de celle de son maître, l'empereur Tongzhi (Sung Boon), donnant un caractère de fausse réalité historique au film. Ce dernier, âgé de 17 ans n'est qu'un pion dans les mains de sa mère qui tire les ficelles en coulisse (on ne voit jamais son visage). Elle est une impératrice cruelle et sadique (à la mort de son mari l'empereur, elle a transformée la concubine préférée de ce dernier en femme-tronc avant de la mettre dans un récipient suspendu en l'air et dont seule la tête émerge !). Le jeune empereur a une liaison avec Guilian (Yvonne Yung), une domestique de la cité interdite. De son côté, Little Li en a une avec Dungking (Ching Gwan) une autre domestique qu'il met enceinte. Mais Tongzhi doit choisir une femme en accord avec son rang et Little On (Stuart Ong), le superviseur des eunuques, bras droit de l'impératrice-mère, s'arrange pour vendre Guilian à un bordel. Little On, homme haineux et cruel dont la particularité est de posséder une langue d'une longueur exceptionnelle lui servant, entre autre, à gober des mouches, va également s'en prendre à Li. Tongzhi va rechercher désespérément Guilian tandis que Li attend le moment opportun pour se venger de On.

Si la filiation thématique avec A Chinese Torture Chamber Story (ACTCS)est claire, il en est de même avec la distribution notamment du fait de la présence de Yvonne Yung, qui interprétait le rôle de Petit Chou dans le chef d'œuvre de Bosco Lam. S'il n'est pas question de procès, on retrouve dans le cadre très fermé de la Cité Interdite, avec ses complots, tortures et une ambiance foncièrement érotique. On a donc le droit à de nombreuses scènes érotiques avec l'initiation sexuelle de Tongzhi par sept femmes, les relations de couple et autres. Visiblement, être un obsédé sexuel ou une nymphomane était la norme dans la Chine de l'époque ! Ou bien on se faisait vraiment chier.

Outre les scènes érotiques, sont présents les deux autres ingrédients indispensables à un bon film de Catégorie III : le sang et la comédie. Le tout assaisonné d'une bonne dose de second (si ce n'est plus) degré. Côté gore, quelques scènes sont fort sympathiques comme ce combat où des hommes de mains massacrent des soldats en faisant ressortir leurs os à travers la chair ou un scalp de la peau du visage. Niveau comédie, c'est encore une fois à Julie Lee Wah que l'on doit une des scènes les plus mémorables du film. A la manière de la Flying Sex Woman de ACTCS, elle interpréte cette fois la responsable du bordel, Hongyi, dans lequel se trouve Guilian. Dans une démonstration de ses " talents ", on la voit disposer des feuilles à l'aide de son postérieur avant de s'introduire un pinceau dans le vagin afin d'écrire un texte sur les feuilles. Enfin, elle presse un tubercule par la seule force de son sexe pour en extraire un verre de jus évidemment bu par une tierce personne qui n'est pas au courant de l'origine ! Humour donc avec comme thèmes récurrents le scatologique et le sexe. Comme à ce moment où une prostituée (Yuen King, décidemment une spécialiste de la chose ! Voir Raped by an Angel et Eternal Evil of Asia) montre à Guilian comment préserver son corps tout en exerçant son nouveau métier grâce à la technique des "Eight Semi-Devils".

La différence notable avec son parent avoué (ACTCS) est la profonde noirceur de Sex & The Emperor. Si dans ACTCS, les véritables coupables étaient châtiés à la fin, ce n'est pas tout à fait le cas ici puisque la petite amie enceinte de Li meurt battue à mort, Guilian se suicide et L'empereur décède de la syphilis. Seul Li survit aux événements tragiques.

Tout amateur de catégorie III qui se respecte ne peut manquer ce film tout aussi fou que ACTCS. Il ne bénéficie cependant pas de l'originalité de ce dernier réalisé un an auparavant mais offre un divertissement de grande qualité (comme Wong Jing en est parfois capable) doublé d'un documentaire très instructif sur la réalité historique de l'époque.