Cuisine de chair humaine, massacre d'enfants.

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Je suis heureux de pouvoir enfin vous présenter ce must des films de Catégorie III (il n'y a qu'à jeter un oeil sur le casting!) que j'ai enfin vu dans sa version intégrale. Quatre ans avant le magnifique Ebola Syndrom, Herman Yau nous gratifiait déjà d'un film qui atteint des sommets dans l'immonde et l'abject. Plus que la plupart des films de Catégorie III, sauf peut-être Run & Kill, ce film est particulièrement représentatif de l'esprit de cette catégorie. Mélanger des scènes sanglantes et outrageusement violentes avec un humour digne des Charlots à la sauce non-sensique et sexiste cantonnaise, voilà qui ne manque pas de piquant! Puisqu'on est dans la métaphore culinaire, parlons de The Untold Story, finement sous-titré "Bouchées vapeur de viande humaine du restaurant des huit immortels" (Eight Immortal Restaurant Human-Meat Roast Pork Buns), plat fort populaire à HK mais rarement fourré de cette viande! Le nom du restaurant trouve sa justification dans le film.

Notre ami Anthony Wong (qui à eu le titre du meilleur acteur pour ce film, comme quoi à HK on sait reconnaître le talent là où il se trouve) joue donc le rôle de Wong Chi Wan, un meurtrier de HK (il a immolé un débiteur), ayant émigré à Macao pour fuir la police. On le retrouve propriétaire et cuisinier d'un restaurant à Macao dont on s'aperçoit très vite que l'acquisition s'est faite dans des conditions plus que douteuses. Suite à la découverte sur une plage de Macao d'un sac rempli de restes humains, la police va peu à peu remonter la piste jusqu'à notre héros. Sous la houlette de l'inspecteur Danny Lee (Danny Lee lui-même, visiblement H. Yau n'est pas doué pour les noms de fiction) qui n'apparaît jamais sans être accompagné d'une prostituée en tenue de travail et différente chaque jour, quatre policiers : Bo (Emily Kwan en policière garçonne amoureuse de l'inspecteur Lee), Robert (un macho qui drague toutes les prostituées accompagnant Lee), King-Kong (un grand bênet) et Bull (Parkman Wong) sont chargés de l'enquête. Ils sont tous plus incompétents les uns que les autres et particulièrement paresseux, et l'enquête n'avance que par bond à chaque intervention de l'inspecteur Lee. Se sentant menacé, Wong va trucider toutes les personnes susceptibles de représenter un danger pour lui, à commencer par les employés du restaurant dont la serveuse ( Julie Lee Wah, déjà entièrement vue dans Trilogy of Lust et A Chinese Torture Chamber Story). La scène du viol de cette dernière (principale coupe du film dans version censurée) est un grand moment de Cinéma par sa violence inouïe et dérangeante par sa crudité. Arrêté, Wong ne passera jamais aux aveux en dépit des maintes tortures et passages à tabac par les forces de polices ou par d'autres prisonniers (Le propre frère du restaurateur assassiné, Shing Fui-on). Il finira par échapper à sa punition en se suicidant!

Agrémenté de scènes de boucherie (au sens littéral!) particulièrement horribles (notamment le massacre d'une famille de huit personnes dont cinq enfants au couteau de boucher, le viol à l'aide de baguettes), le film est un sommet du genre. L'humour est constamment présent même si le niveau reste souvent plus bas que la ceinture (Bo a le droit à tous les sarcasmes machistes possibles, Wong se lave les mains pleines de sang en se pissant dessus). Est tout de même offert cette scène grandiose dans laquelle nos quatre policiers dévorent joyeusement des bouchées à la vapeur préparées par Wong... Herman Yau exploite (avec l'aide de Danny Lee) donc toutes les bonnes recettes pour faire un film de catégorie III (sang, violence, aucun tabou, humour au ras des pâquerettes, sexisme, machisme, humour noir, mauvais goût...) avec des personnages clefs (Anthony Wong, les flics imbéciles, Danny Lee). Mais il se montre très capable notamment avec toutes les scènes en prisons particulièrement bien réussies. Et, avouons le, la réussite de The Untold Story tient beaucoup dans le mélange d'un humour crétin et du gore. On aime ou on déteteste cette recette, personnellement j'adore! Il oublie le racisme mais ce sera pour mieux se rattraper dans Ebola Syndrom qui a, par ailleurs, de nombreux points communs avec The Untold Story (présence de A. Wong, cuisine de chair humaine, émigration de Hong Kong suite à un meurtre...). Pour plus de détails , reportez vous à la chronique de Ebola Syndrom.

The Untold Story est un chef d'oeuvre qui ravira les fans des Charlots et ceux de Camp 731.