Boredoms Super Roots

Le premier disque de la série Super Roots n'a plus rien à voir avec le harcore barré du début ni avec le psychédélisme de maintenant. Complétement délirant, on n'a pas encore trouver de genre pour cet album inclassable qui date de leur meilleure période.

Dans la première moitié des années 80, Yamatsuka Eye fonde Hanatarash. Au pire, on va au concert la peur au ventre ; au mieux on va voir Eye se mutiler de diverses manières tout en évitant les bouts de petits animaux qui volent alentour. Dans la seconde moitié des années synthé, Eye fonde les Boredoms. Le propos est plus musical -chaque participant a maintenant un instrument ; et tant pis s'il ne sait pas en jouer, n'en demandez pas trop d'un coup ! Certes le son était radical... Mais laissait envisager que l'individu était en voie de guérison. Malheureusement, Super Roots marque le début de la fin. Sept disques durant Super Roots 1 à 3 et 5 à 8 (pas de quatre, ça porte malheur au Japon !), Eye et sa bande sèmeront leur zone dans la musique en faisant exactement ce qui leur hurle. C'est à dire exactement l'inverse que ce que l'on attend d'eux. A peine étaient-ils devenus icônes du hardcore haut de gamme -deux morceaux repris par Brutal Truth et juste après avoir liquéfié sur place les fans de Pearl Jam à la grande foire Lollapalooza, voilà un EP qui s'ouvre avec la chanson des bisous (Pop kiss). La filiation la plus évidente semble alors mener à Jean Cohen-Solal, l'immortel compositeur de la musique des Shadocks et autres Captain Tarthopom. Des chansons molles, comme les montres du même nom, coulent sur les quatre plages de ce disque. Ce qui ne veut pas dire pour autant que les Boredoms se croient en vacances : le son reste pêchu, le hurlement bien senti (Yoshimi, je t'aime ! ! !), les trompettes sont faites à la bouche. Que demander de plus ? Berimbau en plastoc et aspirateur de table, clochettes et grognements idiots, guitare désaccordée et kazoo entrent en collision comme les fameuses machine à coudre et parapluie de Lautréamont.
Trop recherché pour être de la Junk Music, trop délirant pour être du rock ou du hardcore, trop punk et inculte pour être de la musique improvisée, les Boredoms sont un genre à eux tout seuls et signent là un disque aussi impensable qu'indispensable (mais pas plus que Chocolate Synthetizer, que Soul Discharge, que Vision Creation Newsun, que…).
Supa Lootss…Touloutou… Supa Lootss…Touloutou… Supa Lootss…Touloutou… Supa Lootss…Touloutou…

Pop Kiss (80 Ko)

CHOCOLATE *UT (extrait 1) (84 Ko)

CHOCOLATE *UT (extrait 2) (134 Ko)

CHOCOLATE *UT (extrait 3) (134 Ko)

Boredoms Super Roots. Warner Japan / Reprise 1993.

Florent, mai 2001