Great Jewish Music : Serge Gainsbourg

Deuxième volet de la trilogie (pour l'instant) consacrée à la musique juive populaire, avant Marc Bolan (T-Rex) et après Burt Bacharach, l'opus sur Serge Gainsbourg réunit des artistes venant aussi bien du rock, du jazz que de l'avant garde. Deux artistes japonais maltraitent ici des standards du patrimoine français…déroutants tous deux dans leur style.

Les sucettes, tout d'abord, par Jon. Obscure musicienne qui n'a pas, à ce que je sache vraiment franchi les frontières de son pays (de son quartier). Ce qui a fait son succès, c'est un savant mélange de costume de chien, de chansons sur son chien, uniquement à l'harmonium. Ajoutez à cela que Mlle Jon prend un malin plaisir, malgré ses quelques printemps à prendre une voix de petite fille (perverse bien sûr, on ne les aime que comme ça !). Si vous êtes curieux, il existe un disque chez Tzadik, une vidéo chez un éditeur japonais et un autre disque (en duo cette fois) chez un autre éditeur japonais. Que dire du morceau qui nous concerne ? Musicalement, on ne peut pas dire que ça souingue. Le morceau est joué de manière hésitante, approximative, ça sonne et ça chante souvent faux. Le couinement de la pompe de l'harmonium est par contre très harmonieux. Le vrai tour de force par contre est de rendre Les sucettes encore plus pervers que les morceaux originaux : la version France Gall l'était par le décalage entre la naïveté (imbécillité ?) de la chanteuse et les connotations sexuelles ; celle chantée par le maître l'était pour ses intonations de vieux pervers blasé. Ici c'est un subtil mélange de pédophilie et d'imagerie à la Mario Bava (Operazion Paura) qui enchantera les amateurs.

Plus accessibles ( ?), les Ruins donnent ensuite une version musclée de L'homme à la tête de chou. Champions du monde des reprises à la moulinette (du Progressive rock medley à Olivier Maessian), ils font ici des merveilles. Alternant couplets sub-gutturaux (si, si, ça existe, la preuve !), et breaks d'une précision incroyable, Tatsuya Yoshida est au mieux de sa forme, voire plus. Et fidèles à ses habitudes, après quelques phrases en français, il se laisse aller à son langage purement sonore (l'influence de Magma qui parfois gâche certains morceaux des Ruins) alors que tous les autres interprètes chantent Gainsbourg dans la langue de Molière. " Reuh chui Rhom atêt de chouhou…Mwâté Rhégum Mwâté Hec… (non là, ce sont les paroles en français…) Note : si vous pensiez que les japonais ne savais pas prononcer les RRR, détrompez-vous, on en rencontre chez les très méchants et très vulgaires yakuza des films et chez Tatsuya Yoshida.

Par contre, chez les japonaises expatriées et 100% made in NY de Cibo Matto, venez apprécier les r maladroits de Je t'aime, moi non plus… : " entle tes hreins…et je me…letiens… ". Bandes de petits cochons. A signaler la jolie et très birkinienne prestation de Kazu Makino, la chanteuse de Blonde Redhead dans la Chanson de Slogan et la reprise bubblegum de Tendre Lola (chanson également reprise dans Tokyo Eyes) par Ikue Mori, toutes deux aussi basées à New York. Le reste du disque, même s'il n'a rien d'asiatique mérite largement le détour, même si toutes les prestations ne se valent pas.

Les sucettes (240 Ko)

L'homme à la tête de chou (244 Ko)

Great Jewish Music : Serge Gainsbourg, 1997 Tzadik.

Florent, No vembre 2000