Musique Non Stop : A Tribute to Kraftwerk

En 1981, Kraftwerk sort une version en japonais du Pocket Calculator de Computer World. Nul doute que l'événement a marqué là-bas…Mais les japonais n'avaient pas attendu si longtemps pour être fou du groupe de Ralf et Florian : Yellow Magic Orchestra (qui a débuté à la fin des 70's) en est le descendant le plus direct. Toutefois, le trio de Ryuichi Sakamoto, aussi populaire fut-il, ne doit pas faire oublier que l'engouement pour Kraftwerk n'a pas été un épiphénomène. Dès 80, Hikashu sortait une cover de The Model. Groupe qualifié d'électropop à ses début, Hikashu a néanmoins su évoluer vers d'autres horizons. Mais l'admiration pour Kraftwerk est restée intacte : en 1998 Makigami Koichi se remet au travail à la tête d'Hikasu (un line-up différent de celui d'Hikashu) et enregistre une reprise phénoménale de Radioactivity. Et par la même occasion enfile la casquette de producteur pour Musique non Stop. A tribute to Kraftwerk.

Des artistes d'horizons complètement différentes vont répondre à l'appel. Pour certains, la filiation est évidente : Kimitaka Matsumae, qui déjà faisait de l'électronique au début des années 80, Hajime Fukuma, membre du trio P-Model (réincarnation technopop du groupe prog Mandrake) et bien sûr Hikas(h)u, avec une notable échappée solo de Makoto Inoue membre de la formation originelle. Le premier reprend étrangement deux titres du très morne et préhistorique Kraftwerk 2 et en fait un morceau délirant qui fuit de tous les côtés. Hikasu et Inoue n'hésitent pas, quant à eux, à trahir l'esprit des morceaux en utilisant presque exclusivement des sons d'origine acoustique (la guimbarde de Radioactivity !). C'est aussi la voie empruntée par Satoru Wono pour sa reprise de Dentaku où le thème principal est joué à la flûte à bec ! Ce sont peut-être eux qui réussissent les meilleurs titres : fidèles aux mélodies et pourtant totalement iconoclastes.
A l'inverse, Buffalo Daugther, le duo des sympathiques japonaises signé sur Grand Royal, nous livre par contre une copie conforme d'Autobahn (allégé tout de même de 15 min.) dont la pertinence est discutable. Et puis, il y a ceux qui n'en font qu'à leur tête…Melt Banana gerbe un Showroom Dummies à peine reconnaissable, bien que très jouissif -comme toujours; Takkyu Ishino nous rappelle ce que la techno doit à Kraftwerk, dans un morceau à l'intérêt toutefois limité. Mention spéciale à Zeni Geva qui, sans atteindre des sommets, réussit un bon compromis entre leur style et celui de Kraftwerk, apparament diamétralement opposés, en ajoutant des synthés, déjà discrètement présents dans Freedom Bondage : en résulte un Sex Object très différent du Model qu'ils avaient repris sur All Right You Little Bastards.

Musique Non Stop : A tribute to Kraftwerk. 1998 / 2000, Toshiba EMI, Japan.

Liste des titres (album) :

1. Hikashu : The Model (The Man Machine)
2. Teruo Nakano: Computer Love (Computer World)
3. Buffalo Daugther : Autobahn (Autobahn)
4. Yasushi Yamashita (de Hikashu) :Tanzmusik (Ralf und Florian)
5. Hikasu : Radioactivity (Radioactivity)
6. Melt Banana : Showroom Dummies (Trans Europe Express)
7. Kimitaka Matsumae : Atem / Harmonika (Kraftwerk 2)
8. Satoru Wono feat. Maywa Denki : Dentaku (Computer World)
9. Zeni Geva : Sex Object (Electric Café)
10. Takkyu Ishino : It's more fun to compute (Computer World)
11. Hajime Fukuma (P-Model) : Musique non Stop (Electric Café)
12. Makoto Inoue (de Hikashu) : Europe Endless including Franz Schubert & Neon lights (Trans Europe Express / The Man Machine)

Florent, Mars 2001