MSBR / K2 / MAGMAX : MR 25

A l'occasion d'un tournée en Amérique en 1999, MSBR a sorti sur son propre label ce disque sans pochette et sans note - le prix ayant ainsi été allégé. Une démarche à saluer.

Une fois encore, le disque est présenté comme un espace d'expression partagé entre les artistes. Chacun propose un ou deux morceaux sans que leurs différents efforts soient intégrés dans un projet ou un titre commun.

MSBR début avec un morceau live, Grappling Electronics assez ancien (1997). Etrangement apaisé. Un long son aigu s'amplifie lentement avant que quelques bip bips répétitifs, semblant être tirés d'un orgue, viennent ponctuer le tout. Le son évoluera parfois vers quelque chose de plus dur, mais toujours sans à-coup. Quand la distorsion s'en mêle, on croirait entendre un disque de Glen Branca tournant au ralenti. Les sonorités électrioniques feraient plutôt songer à un Klaus Schulze ayant délaissé son orgue pour une tondeuse à gazon. Trêve de plaisanterie : ce morceau est un merveille. Toutefois, les preuves sont accablantes : un musicien japonais sur deux est un frustré qui rêve en secret d'avoir fait partie d'un groupe de Krautrock dans les années 70.

Fin du trip avec les deux titres de K2. Un place de choix est ici laissée à ce vétéran (qui joue depuis 80!) puisqu'il totalise pas moins de 35 minutes. Le son en l'occurence est beaucoup plus harsh mais reste original. On entend bien les subtilités de ces morceaux aux sonorités si caractéristiques. En effet, K2 a la particularité d'utiliser le métal comme source sonore. Il se bricole divers engins et percussions et retravaille le résultat en studion. Mais il est bien supérieur dans sa démarche au canadien Knurl qui, du moins il y a quelques années, travaillait le métal pour arriver à un ennuyeux mur sonore. Le premier morceau, California Dry Socket, étonne par les sons et la complexité de son agencement, tandis que le deuxième, Soap For Wet Vagina 2, avec son rythme de début évolue dans un style proche de Merzbow, avant de bombarder par intermittence l'auditeur de grincements suraigus qui pourraient passer pour de la Onkyo Music.

Enfin, le dernier morceau -celui en fait qui a motivé mon achat évolue dans un registre légèrement différent. En effet, ici la voix sert d'épine dorsale au morceau. MSBR dans Denshi Zatsuon assimile ce type de musique au grind. Grind ou pas, ce morceau est assez terrifiant. Et Magmax s'impose comme un projet à suivre. Derrière ce projet se cache MSBR épaulé de deux hurleurs. Malheureusement, l'absence de notes nous interdit de trancher : est-ce ici RoboChanMan, dont c'est le registre habituel ou avons nous affaire à Kimmy Kusafuka (alias K2) qui prête parfois sa voix à Magmax tout comme il lui arrive de l'utiliser sur ses propres enregistrements (avec parcimonie certes). Dans son site, MSBR prétend utiliser un TB-303, clavier basse utilisé pour la techno. Certes, mais, ça ne s'entend pas vraiment...Il compare aussi Magmax à Suicide ce qui est finalement assez judicieux même si le son de eco eco MAGMA azarak fait surtout penser à Bastard Noise.

MR 25 : MSBR/K2/MAGMAX. MSBR records (http://www.msbr.com).

Florent, Mai 2001