Yuko Nexus6 Neko-San Kill! Kill!
Si vous voulez vous plonger dans le home taping pur jus, Yuko Nexus6 est un bon moyen de débuter. De la théorie à la pratique, le manuel de l'apprenti musicien.
A l'image de la pochette, vague collage hétéroclite où un pot de fleur est accolé à un clavier de synthétiseur, l'ensemble de l'album Neko-San Kill! Kill! et ses 27 titres ressemble un collage sonore, sorte de "cutting" appliqué à la musique à l'image de la technique chère aux écrivains de la Beat Generation.
L'exercice du home taping lorsque l'on ne maîtrise
pas ou peu un instrument reste un exercice extrêmement périlleux
et le résultat obtenu devient vite une sorte de bouillie sonore, recyclage
de sources aussi diverses qui finalement habituelles et vite lassantes. Bruits
de la vie quotidienne, échantillons musicaux radiophoniques et tapotages
sur un synthétiseur. Difficile d'intéresser l'auditeur avec des
sons qu'il s'estime capable de reproduire en quelques minutes.
Mais Yuko Nexus6 a pour elle une certaine fraîcheur caractérisée
par un humour mignon (Neko voulant dire Chat, le titre devient une référence
au film de Russ Meyer, Faster, Pussycat ! Kill! Kill!)
et une démarche théorique, qui témoigne d'un sens et d'une
réflexion par rapport à ses créations. Elle organise ainsi
un séminaire intitulé "Cyber Kitchen Music Work Shop"
ou a écrit un explicite "Tutorial about Computer Music".
A l'écoute de ses 27 titres donc, on oscille entre l'anecdotique avec
des morceaux-intermèdes très courts et des traits de génie
qui parfois semblent totalement fortuits. Mais, après tout, est-ce vraiment
si important. Seul le résultat compte, pas la démarche. Yuko Nexus6
semble explorer à sa manière, c'est-à-dire une manière
à la fois désintéressée et naturelle, la musicalité
de son quotidien. Et c'est ainsi que l'on retrouve une multitude de sons non
issus d'instruments mais de bruits du quotidien : radio, téléphone,
leçons d'anglais, gratouillage et son divers et variés créés
par les activités de tous les jours. Le titre What is the preset ?
qui est ce que l'on pourrait obtenir en parcourant la bande FM, est assez représentatif
à la fois de l'album dans son ensemble mais aussi du risque inhérent
à ce type d'enregistrement : tomber dans la facilité pure et simple.
Mais heureusement, le reste est d'un meilleur niveau et d'une spontanéité
toujours bienvenue.
Bourré d'humour comme ces "modern music"
que l'on entend sur un morceau presque mélodieux (NSKK),
le disque se termine comme par une mise au point. Yuko Nexus6 y met de sa jolie
voix pour une ritournelle adorable (Window
Side)qui vient comme dire, si je veux, moi aussi je peux chanter, faire
des mélodies.
Prétendre à la fausse facilité pour mieux dissimuler la
caractère simpliste de son travail ? Peut être. Disque agréable
et rafraîchissant, sans nul doute.
Shuffle (79 Ko)
N.S.K.K. (111 Ko)
Yuko Nexus6 Neko-San Kill ! Kill! Kaeru Cafe KACA0085, 1999. http://www02.so-net.ne.jp/~nexus6/index.html.
Egalement disponible : un entretien avec Yuko Nexus6.
zeni, juin 2001