Makoto Kawabata Private tapes #3
Sans atteindre des sommets, ce disque est un document
de premier
ordre pour capter l'énergie de Kawabata live et permet de découvrir
des formation d'un soir comme de retrouver des groupes phares.
Malgré
leur base souvent très rock, les divers morceaux de Private Tapes
#3, sont la plupart du temps des canevas pour improviser en live. C'est
la manière la plus directe d'entretenir le caractère apparament
incontrôlable du son cultivé par une certaine scène japonaise
psychédélique (High Rise, Mainliner...). Ici, la
musique se joue sans passer par la tête, sans trop de règles. Et
de fait, elle manque parfois de précision et de rigueur mais l'énergie
est toujours présente. Chaque morceau présenté témoigne
d'une certaine volonté de diversification, mais reste toujours brut de
décoffrage. A cette égard la production hyper pourrie est une
grande alliée.
Ces Private Tapes sont aussi l'occasion pour Kawabata de présenter
les différents qroupes dans lesquels il officie (même si beaucoup
manquent...). Aussi on reconnaîtra ici la rythmique puissante d'un morceau
de Seikazoku de l'album Out Takes 66~78, Gangadharayana,
placé cette fois en première ligne pour dégager le
terrain. Cette formation n'avait à l'époque pas tout à
fait concrétisé son essai, ou du moins le supergroupe Kawabata,
Atsushi Tsuyama et Tatsuya Yoshida n'était-il pas à
la hauteur de ses promesses. Ici toutefois, l'énergie live de la batterie
emmène Seikazoku plus haut que sur l'album. On retrouve ensuite Tatsuya
Yoshida pour un morceau de totale impro assez long où la batterie swingue
dans les larsens de guitare avant que classiquement des explosions de violence
ne rompent la quiétude. Toutefois, le morceau ne manque pas d'intérêt
puisqu'on a affaire à Yoshida dans ses délires d'homme orchestre,
jouant de la batterie, de la guitare et du clavier - parfois plusieurs à
la fois...Tous deux utilisent la voix d'une manière psalmodiée
qui peuvent faire penser aux monodies de La Novia.
Tsuyama quand à lui s'illustre en tout trois fois sur le disque. On le
retrouve ainsi avec Acid Mother Temple dans un morceau très apaisé
qui n'apporte peut-être rien à la discographie du groupe mais qui
du moins aère l'album : arpèges de guitare etc...Par contre, c'est
une bonne surprise de le retrouver avec Nishinihon -le troisème
membre du groupe étant Ichiraku Yoshimitsu (ISO, et maintenant
AMT). L'album pastichant (voire parodiant?) le hardrock des années 70
en avait fait fuir plus d'un à toute jambe. Ici, bien sûr, on n'évite
pas le mauvais goût mais la bonne triple dose de fuzz bien grasse est
un régal pour le motard qui sommeille en chacun de vous. Ca sonne comme
du Amon Düul II dans leur moment les plus heavy qui tendent vers
Black Sabbath. Je rougis en avouant que je me passe ce morceau en boucle.
Les deux autres morceaux proposent des rencontres moins attendues. Tout d'abord
avec l'assez rare et méconnu Kengo Iuchi. Son death folk hurlé
lui a valu la pesante étiquette "à la manière d'Haino
Keiji". C'est injuste mais un peu vrai. En tout cas, sa préstation
est meilleure que lors du disque en duo avec MSBR où ses hurlements
avaient peine à rivaliser avec ceux du maître. Le morceau est une
des grandes réussites du disque : Kengo Iuchi torture sa guitare sèche
pendant que Kawabata crée un mur de guitare noise. Ginestet Audrey
quand à elle(?) traîne depuis quelque temps avec Acid Mothers
mais son parcours reste un peu obscure. Toujours est-il que son duo basse /
guitare apporte au disque un final plus léger même si on peut regretter
que Kawabata se perde dans des effets un peu faciles (reverb etc...)
Ce disque faisant partie de le série Private recordings,
sa diffusion est ultra limitée. Peut-être en reste-t-il quelques
exemplaire chez Eclipse?
Dans le cas contraire, je ne peux que vous inviter à suivre cette série
de très près et d'attendre le pochain opus, qui pour peu que vous
soyez conquis par le son de Kawabata, sera un document précieux.
morceau entier / whole track :
Nishinihon (Kawabata :G ; Tsuyama : B ; Ichiraku:
Dr)
Super Station (MP3 / 3.86 Mo)
Kawabata Makoto Private tapes #3. AMT records 2000. http://www.geocities.com/acidmothers