Tokyo Flashback n°1, PSF psychedelic sampler

Pour tout fan de musique japonaise, le label PSF est mythique. Sorte de bunker de la musique différente, c'est lui qui a relancé les carrières de Kan Mikami et de Kazuki Tomokawa gloire des années 70 mais que le système discographique classique a lâché faute de rentabilité. Grand bien leur en a pris : PSF, sans rien exiger d'eux leur a laissé toute latitude et depuis 10 ans leur a permis de graver quelques uns de leurs meilleurs disques. Ce n'est pas sans raison que des artistes comme Haino Keiji ou Tatsuya Yoshida (Ruins) viennent souvent s'y ressourcer.

Fidèle à son projet de mécénat, PSF édite régulièrement des compilations où de jeunes formations croisent la route d'artistes maison et de personnalités plus confirmées. Mais à force de vouloir recueillir tous les agneaux égarés et les brebis galeuses, on se retrouve parfois dans des situations embarrassantes. Bien sûr, il y a des morceaux qui se démarquent, qui valent à eux seuls l'acquisition de l'album, comme l'inédit de Fushitsusha qui fait preuve d'une rare violence, emmené par le diable hurlant du Soleil Levant Haino Keiji. Lequel s'offre en fin d'album un deuxième titre en solo, véritable démonstration de sa technique vocale, terrifiante et très personnelle.

Mais à côté de ça surnagent les grumeaux de White Heaven, qui nous livre une sorte de sous Smashing Pumpkins qui tache (dans ma bouche, ces termes n'ont rien d'élogieux) ou encore le hard rock pathétique de Verzerk groupe qui n'a pas beaucoup d'autre intérêt que la frange de son guitariste (à part peut être le final furieux de leur Heavy, mais bon…). Les nécrophiles de Marble Sheep and The Run-down Suns Children qui s'amusent à ressusciter, en Frankenstein mal inspirés, le cadavre du rock psychédelique le plus gras. Nous y reviendrons sûrement mais le rock psychédelique et son avatar encore plus déplorable, le rock progressif véritables gangrène de la musique japonaise.

Restent deux titres à la limite interessants. High Rise, formation supersonique qui fait lointainement penser à Fushitsusha, nous offre un Mainliner plutôt interessant. Comme le groupe culte d'Haino Keiji, High Rise semble avoir été élévé au son de Blue Cheer et du power rock en général qui en son temps préfigurait le punk. Riffs bien basiques et répétitifs dressent un mur sonore assez robuste pour qu'une guitare en roue libre y prenne aisément appui. C'est peu être là le seul défaut :trop bavarde la guitare perd parfois de son énergie pour ressembler à un bête solo de hard rock. Heureusement la voie mixée très en retrait et les nombreux larsens et crissements évitent à ce morceau de High Rise d'être un étalage trop policé de technique guitaristique.

Ghost (improvised "Tama Yura"), ensuite, dans le lot le groupe le plus connu à l'étranger, depuis qu'il a signé chez Drag City. Fondé au milieu des années 80 par quelques jeunes tokyoïtes, Ghost privilégiait au départ les impros inspirées de la musique religieuse en général, asiatique essentiellement mais pas seulement. Cette recherche de la musique par la spiritualité (à moins que ce ne soit l'inverse…je n'ai jamais été très réceptif à ce genre d'expérience) n'est pas sans rappeler la musique hippie. Mais Ghost, malgré son ectoplasmique manque de substance, a du mal à décoller…c'est paradoxal. Peut-être est-ce parce qu'à l'instar des groupes de cette compilation (Haino Keiji mis à part), Ghost ne fait qu'agiter devant lui une enveloppe depuis longtemps vide de toute substance.

HIGH RISE >> Mainliner (475 Ko)

GHOST >> Tama Yura (312 Ko)

FUSHITSUSHA >> Kocchi Omae (262 Ko)

Tokyo Flashback n°1, PSF psychedelic sampler, 1991 PSF (PSFD-12)

Florent, Novembre 2000