Runzelstirn & Gurgelstock (Rudolf Eb.er)

Encore un grand moment d’anti-musique en perspective. Ce drôle d’objet au design soigné (signé Kouhei Matsunaga) renferme la plus formidable machine à faire vomir les oreilles jamais créée. R&G / Masonna Clitoris Projectile Pump Action. Après Arschlochonna, le matériel de la tournée R&G, Shlimpfluch Gruppe et Masonna est réutilisé, remodelé pour aboutir à un disque totalement différent. En effet, là non plus (à la différence de Tief Punk), les actions live ne sont pas laissées telles quelles mais sont totalement retravaillées. Tout le problème de Rudolphh Eb.er en effet est de négocier le virage entre live et disque, en sachant que R&G est à la base un projet aussi visuel que sonore. Pour preuve, il n’est pas garanti que Yakushinji Kaori crédité pour l’Acting-Activity soit présent au final sur le disque. A la limite, on peut miser sur une quelconque trace de Wataru Saga censé s’occuper de l’Audio-Transmission. En tout cas, Masonna (Action-cooperation) est bien présent, même si ses interventions vocales semblent avoir été évacuées. Restent toutefois les harshtronics qui servent de matériel de base à cette (dé)composition. On ne sait jamais qui fait quoi, ni d’où provient le matériel. L’esprit R&G est assez proche de celui d’Hanatarash en cela qu’il exploite toute les chutes, les déchets. Ici, les aimables éructations qui ponctuaient Arschlochonna sont mises en boucle pour aboutir à un simili rythme. Pourtant, la structure de Asshole is music est radicalement très différente. Après 5 min de silence, à peine troublées par quelques bruits furtifs, un morceau relativement long commence. Malgré les régurgitations et les sons de trombones qui se dégonflent, les sons ne sont pas liés. Tout est toujours sadiquement haché menu. Puis le silence d’ouverture qui faisait songer à une blague de potache, de réinstalle après un éclat suraigu. S’ensuivra alors une lutte permanente entre bruit et silence : l’un l’autre se questionnant en se remettant en cause. Le conflit sera tranché par le final totalement absurde où un quart d’heures de tic-tac d’horloge sont à peine perturbés dans leur obstination par quelques étranges jouissements féminins.

Runzelstirn & Gurgelstock (Rudolf Eb.er). http://www.tochnit-aleph.com/

Florent, mai 2001