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Christmas in August

CHRISTMAS IN AUGUST

Hur Jin-ho, 1999

avec Han Suk-kyu, Shim Eun-ha.

Va-t-on assister à une mode du film coréen comme le film japonais à une époque (non révolue par ailleurs) ? Est-ce parce que certains en ont décidé ainsi (voir la programmation de Cannes) ou du fait d'une réelle qualité du cinéma coréen (comme japonais)? J'opterai pour la deuxième solution puisque le peu de films coréens que j'ai pu voir étaient tous de bonne qualité. De plus, la faible quantité des films qui nous parviennent agit un peu comme un filtre ne nous laissant parvenir que les meilleurs.

Christmas in August n'a pas eu le droit à une sortie nationale, loin s'en faut, mais a très bien fonctionné en Corée du Sud et dans l'Asie en général, ce qui nous permet de le voir en VCD. Cependant, on est loin de Shiri ! Tout le contraire même. Le scénario est extrêmement minimaliste : un jeune homme, Jung Won (Han Suk-kyu), atteint d'une maladie incurable sait qu'il va mourir bientôt, il rencontre une jeune fille, Darim (Shim Eun-ha), et ils tombent amoureux l'un de l'autre. Difficile de faire plus simple. Et c'est là que Hur Jin-ho montre tout son talent. Jung Won, malgré le fait de savoir qu'il va mourir sous peu, continue son travail dans son petit magasin de photographie. C'est là qu'il y rencontre Darim. Celle-ci tombe amoureuse de Jung Won mais ce-dernier, sachant qu'il n'a rien à espérer et ne voulant pas donner de faux espoirs à Darim, garde le silence sur sa maladie.

Hur Jin-ho utilise avec subtilité et intelligence la photographie pour exprimer le thème du faux-semblant, la différence entre la paraître et la vérité. Jung Won se comporte dans la vie un peu comme une photographie de lui-même dans ses meilleurs jours, choisissant l'image qu'il veut donner. Il est souriant à l'excès et garde un silence total sur sa maladie. La seule fois où il en parlera à un ami, ce sera alors qu'il est complètement saoul. Peu de temps après, il prendra une photo de ses amis non pour les immortaliser mais plutôt pour immortaliser sa présence parmi eux. Ou encore, une vielle dame ayant été prise en photo, reviendra un peu plus tard pour faire faire un portrait comme elle le veut. La photo, et plus exactement le portrait, a une importance primordiale dans le film. L'ancienne petite amie de Jung Won lui demande de retirer son portrait de la devanture du magasin tandis que Darim aura le sien qu'elle viendra voir après la mort de Jung Won, ce dernier lui exprimant ce qu'elle a toujours attendu de lui de son vivant. On voit toute l'importance symbolique accordée aux portraits.

En outre, est exprimé le thème de la non-communication à la manière des relations entre Jung Won et son père. Essayant d'expliquer à son père le fonctionnement d'un magnétoscope, Jung Won finira, exaspéré par l'incompréhension de ce dernier, par lui écrire les instructions sur papier. Là encore, pour exprimer le thème de l'absence de communication ou des malentendus, Hur Jin-ho utilise une astuce : les vitres. On ne compte plus les scènes où les personnages s'observe à travers une vitre. Que ce soit la devanture du magasin, celle d'un café ou même les lunettes de Jung Won qu'il s'empresse de mettre dès qu'il est en présence de quelqu'un. Jung Won "touche" ainsi l'image lointaine de Darim à travers une vitre, lui la voit mais elle non. Darim, inquiète et en colère contre Jung Won suite à sa disparition sans traces (il est en fait à l'hôpital), viendra briser sa devanture comme si elle essayait de pénétrer la personnalité de Jung Won.

Par une mise en scène fine et maline, Hur jin-ho réalise un très beau film, très intelligent mais auquel on pourra reprocher un manque d'audace. On est parfois pas loin de la bleuette mais Hur Jin-ho s'en tire admirablement en détournant le thème attendu (l'histoire d'amour tragique) au profit d'autres thèmes : l'incommunicabilité et le faux-semblant en utilisant la simplicité et le naturel à l'encontre du drame et de la passion.