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Godzilla 2000 Millennium

GODZILLA 2000 MILLENNIUM

Takao Okawara, 1999

avec Murata Takehiro, Abe Hiroshi, Nishida Naomi, Sano Shiro.

Voici donc la très attendue réponse japonaise à la version américaine de Roland Emmerich du plus célèbre des Kaiju (monstre) : Godzilla. Les gens de bonne foi diront qu'il ne doit pas être bien difficile de faire un film meilleur que le calamiteux Godzilla du tâcheron cité précédemment. Ils n'auront pas tort. Reste à savoir si Godzilla 2000 réussi à se réapproprier le mythe saccagé par des américains toujours aussi fins quand il s'agit de faire de l'argent.

Godzilla est de retour ! Le CCI, agence gouvernementale dirigée par Kagagiri Mitsuo (Abe Hiroshi) et le GPN (Godzilla Prediction Network) dirigé par Shinoda Yuji (Takehiro Murata) le suivent à la trace. Le premier pour l'éliminer et le second pour des raisons scientifiques. Pendant ce temps, des scientifiques du CCI sous la houlette de Miyasaka Shiro (Sano Shiro) découvrent une étrange pierre de 6 000 000 d'années, de taille gigantesque, dans les hauts fonds marins. Remontée à la surface, la pierre s'avère être un vaisseau extraterrestre qui ne tarde pas à prendre vie...

Tout d'abord, il faut plutôt voir ce Godzilla 2000 comme une séquelle du tout premier de Honda (Gojira, 1954) que comme un 22ème ou 23ème Godzilla. D'autant plus que Godzilla mourrait dans le dernier en date (Godzilla vs Destroyer également réalisé par Takao Okawara en 1995)! Le voici pourtant bien vivant (sa mort est passée sous silence) et bien décidé à piétiner les agglomérations japonaises. On retrouve donc l'aspect et l'ambiance du Godzilla d'origine : piétinement de maquettes par un Godzilla de caoutchouc émergeant de la mer en pleine brume nocturne, crachage de feu par un Godzilla radioactif quasi identique au premier avec sa crête irrégulière et luminescente. Même la photographie a un air suranné. Sa motivation principale étant la destruction des sources d'énergie humaine et notamment des centrales nucléaires, on est pas loin du discours anti-nucléaire original. Les personnages sont également des classiques du genre : militaires totalement impuissant face au monstre, le scientifique "méchant" (sans éthique) et le "gentil" (avec éthique !). Les personnages féminins déjà peu présents en génèral sont ici encore plus effacés. La femme reporter et la fille surdouée du scientifique Shinoda sont les seules présences féminines. C'est certainement la présence d'un deuxième monstre qui renvoit également le plus aux sources. A la suite du premier, la plupart des films de la série voyait l'affrontement entre le roi des monstres (Godzilla) et d'autres monstres géants variés (Ghidorah, Hydra, Mothra, King Kong, ....).

Tout cela représente le coté assez rassurant de ce Godzilla, proche de ses origines. Quel est alors l'intérêt de cette version 2000 outre le fait d'être la réponse du berger à la bergère ?

Tout d'abord, c'est la façon dont est perçu Godzilla. Celui-ci est vu comme une catastrophe naturelle au même titre qu'un tremblement de terre ou un cyclone et dont on surveille l'éventuel réveil. Le début du film est d'ailleurs très révélateur puisqu'il est une quasi copie de Twister avec son véhicule bardé de projecteurs (ici, celui du GPN). Ce n'est pas le seul emprunt à des blockbusters américains puisque que l'on reconnaît du Abyss lors de la découverte de la météorite, du Alien dans l'aspect du monstre qui en sera issu, du Independance Day lors du survol de la ville par le vaisseau ou du Jurassic Park lorsque Godzilla approche son museau du véhicule du GPN.

Cet autre monstre, Orga, directement issu du vaisseau spatial a besoin du Organizer G1 présent dans les cellules de Godzilla pour pouvoir prendre forme. L'Organizer G1 est également donné comme l'explication scientifique à la résistance et la longévité de Godzilla. Mais Orga et le vaisseau me semblent être bien plus qu'un simple monstre de l'espace. Pour moi, il s'agit avant tout d'une métaphore à peine voilée de l'attitude américaine en génèral et plus particulièrement envers le Japon en même temps qu'un détournement (une fasification ?) de la réalité. En effet, le vaisseau spatial va littéralement aspirer les données informatiques des ordinateurs de Tokyo en se posant sur le toit d'une tour et en "hackant" les ordinateurs pour en tirer toute la connaissance humaine et plus particulièrement celle se rapportant à Godzilla. De plus, on verra plus tard Orga littéralement avaler en partie Godzilla pour s'approprier l'Organizer G1. On pense à la volonté hégèmonique américaine, son appropriation à son compte des éléments qui "fonctionnent" chez les autres. Mais en même temps, cette attitude de copie fut celle du Japon d'après-guerre pour se refaire une santé économique.

Du coté des effets spéciaux, le film oscille sans cesse entre des effets bricolés peu convaincants mais non sans un certain charme et des effets numériques visiblement assez mal maîtrisés. Cette constante hésitation nuit souvent au film en plus de la fadeur de l'ensemble des acteurs dont aucun ne tire son épingle du jeu mis à part peut-être Shino Sano. C'est certainement Orga et Godzilla qui font seuls la preuve d'un véritable charisme ! De ce point de vue, le duel final est très bien fait, dans les règles du genre avec cependant quelques longueurs regrettables. En outre, entre la première apparition de Godzilla et le duel final, Godzilla se fait voler la vedette par Orga et plus précisemment par le vaisseau ce qui est un peu dommage car on préférera toujours un bon vieux monstre en chair et en os à un vaisseau extraterrestre.

Que dire de Godzilla 2000 pour conclure ? Si on le compare à son homologue américains, il n'y a pas à discuter, c'est une véritable réussite pleine de charme qui ne trahit jamais l'original et offre un excellent divertissement. Par rapport à la grosse vingtaine de Godzilla, la version 2000 se hisse parmis les meilleures sans pour autant atteindre celles de Honda (Gojira et Godzilla contre Mothra, notamment). On a parfois l'impression que les créateurs se sont contentés de faire un remake du premier sans véritablement apporter quelque chose de neuf au mythe. Mais est-ce possible ? On le verra avec la version déjà annoncée de Godzilla 2001 !